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Le méthane et le réchauffement climatique au cours des sept dernières années

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 341 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/01/2022
    • de HERMANT Antoine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le rapport de Copernicus montre que les sept dernières années sont les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde selon le programme d'européen d'observation de la terre par satellite.

    Mauro Facchini, responsable de l'observation de la Terre à la Direction générale de l'industrie de la défense et de l'espace de la Commission européenne, a rappelé l'urgence d'agir.

    D'autre part, nous voyons que les émissions de méthane sont en augmentation au niveau mondiale. Ce gaz à effet de serre a un effet de réchauffement 20 à 28 fois supérieur à celui du CO2. On sait qu'environ 60 % des émissions sont d'origine humaine et 40 % proviennent de la nature. Dans le premier cas, il s'agit (35 %) de sources liées aux énergies fossiles (mines de charbon, puits de pétrole et de gaz), de l'élevage de ruminants et de la riziculture (40 %), de la mise en décharge et de la gestion des déchets (20 %).

    La méconnaissance des sources naturelles est un argument de plus pour réduire les émissions humaines de méthane. Lors de la COP26, une centaine de pays se sont engagés à diminuer les émissions mondiales de méthane de 30 % en 2030 par rapport à 2020. Si rien n'est fait, les émissions continueront à augmenter, et on aura +15 % d'émission en 2030 par rapport à 2010. Selon les Nations Unies, « la courbe du méthane peut facilement être infléchie de plus de 50% en moins de 10ans ».

    Quel plan Monsieur le Ministre va-t-il mettre en place pour réduire les émissions de méthane en Wallonie ?

    Va-t-il mettre en place des objectifs de réduction de l'ensemble des gaz à effet de serre, dont le méthane, d'ici la fin de la législature ?
  • Réponse du 08/02/2022
    • de HENRY Philippe
    Il me semble important de préciser que le méthane a toujours fait partie de nos engagements de réduction, ceci depuis la première période du Protocole de Kyoto en 2008-2012.

    En effet, la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique, dont découlent l’Accord de Paris, couvre un panier de 6 gaz à effet de serre : CO2, méthane, protoxyde d’azote et 3 familles de gaz fluorés. Les gaz sont exprimés en équivalents-CO2 compte tenu de leur potentiel de réchauffement global à un horizon de 100 ans.

    Le méthane représente 7 % des émissions totales de gaz à effet de serre de la Région wallonne en 2019. Ce méthane provient à 77 % de l’agriculture, à 11 % du secteur des déchets et à 7 % des fuites sur les réseaux de gaz naturel, le solde provenant de l’ensemble des processus de combustion.

    La réduction des émissions totales de méthane de la Région wallonne entre 1990 et 2019 est de 43 %.

    La plus forte réduction d’émission de méthane a eu lieu au niveau des centres d’enfouissement technique dont les émissions ont diminué de 86% depuis 1990. Cela grâce à l’interdiction de mise en décharge des matières organiques et le développement de la récupération et valorisation du biogaz pour produire de la chaleur ou de l’électricité.

    Ce potentiel de réduction est globalement épuisé, dans la mesure où les CET qui pouvaient être équipés le sont déjà et que la production de biogaz se réduit via la fin de mise en décharge.

    Le potentiel de réduction des émissions de la combustion et les émissions fugitives des réseaux gaziers est relativement limité. C’est donc au niveau du secteur agricole, responsable de 77 % des émissions, que devrait se porter l’essentiel des efforts de réduction.

    Le Global Methane pledge signé lors de la COP26 prévoit une réduction de 30 % entre 2020 et 2030. Ce défi de réduction de 30 % en 10 ans est énorme, dans la mesure où la réduction observée au niveau agricole depuis 1990 est de 20 % et est principalement liée à une réduction du cheptel bovin.

    Les mesures actuelles s’appuient sur le plan stratégique de la PAC qui vient d’être adopté. Le Plan de Relance Wallon prévoit aussi un projet « Analyser la mise en place d’un système de rémunération des externalités positives des exploitations », qui vise à soutenir la transition agroécologique et à mettre en place un système de rémunération/compensation des agriculteurs pour les services environnementaux rendus et la réduction des gaz à effet de serre et des émissions d’ammoniac.

    Outre l’extensification, des mesures comme une modification de l’alimentation, voire la sélection de races moins émettrices seraient probablement intéressantes à envisager pour respecter cet engagement volontaire du « Global Methane Pledge », qui s’inscrit en parallèle des engagements de réduction globaux traduits par le paquet européen « Fit for 55 ».

    De plus, la directive européenne sur les émissions industrielles (IED), qui constitue la base de la législation sur les permis, va être révisée à partir de cette année 2022 et la Commission envisage, dans le domaine de l’agriculture, une extension du champ d’application aux émetteurs de méthane non encore inclus (cheptel bovin notamment). La proposition de nouvelle directive n’étant pas encore publiée, je ne peux être plus précis à ce stade.

    J’analyserai les possibilités de mesures complémentaires avec le Ministre de l’Agriculture, en vue d’adapter le PACE 2030.

    En outre, la Commission européenne a adopté, en octobre 2020, une Stratégie pour réduire les émissions de méthane des trois secteurs précités.

    Dans ce cadre, comme premier acte, la Commission vient de publier une proposition de règlement européen pour réduire les émissions de méthane en provenance du secteur de l’énergie, qui est soumise à la négociation des États membres et du Parlement européen. La Région wallonne va participer aux discussions de cette proposition de règlement, mais, la Belgique n’étant pas productrice de combustible fossile, notre potentiel de réduction se situe principalement dans la réduction des fuites de méthane, comme dit précédemment.

    Dans le cadre de cette Stratégie européenne de réduction du méthane, la Commission prévoit encore d’autres mesures telles que :
    - l’amélioration des notifications d’émissions de méthane par les entreprises énergétiques, chimiques et agricoles pour améliorer les inventaires de ce gaz ;
    - un observatoire international des émissions de méthane, en collaboration avec le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), chargé de collecter, comparer et publier des données mondiales sur le méthane, car les émissions augmentent dans les pays non européens, notamment en Asie ;
    - la proposition d’un outil numérique pour le bilan carbone des entreprises agricoles dont l’usage sera encouragé dans les exploitations ;
    - utiliser les contacts diplomatiques pour encourager les producteurs de combustibles fossiles à la réduction des émissions de méthane au niveau mondial ;
    - former, entre l’UE, la Chine, la Corée du Sud et le Japon, une coalition de pays acheteurs pour définir une norme internationale ambitieuse de surveillance et rapportage obligatoire pour renforcer la transparence sur les flux commerciaux internationaux de gaz. La même coopération est prévue avec les USA, Canada et Mexique.

    Ces mesures, tant européennes qu’internationales, semblent intéressantes, car la problématique des gaz à effet de serre est un problème mondial.