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Le potentiel des demandeurs d'emploi de très longue durée sur le marché du travail

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 211 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 14/01/2022
    • de LAFFUT Anne
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le nombre total de demandeurs d'emploi (toutes catégories confondues, bénéficiaires ou non d'une allocation de chômage) est en diminution de 3 % par rapport à 2019, pour atteindre le chiffre de 191 053.

    Le chômage est au plus bas en Wallonie et c'est une bonne nouvelle !

    Par contre, parmi ces demandeurs d'emploi, on compte 84 000 personnes au chômage depuis plus de 2 ans (soit 44 %).

    Et parmi ces 84 000 chômeurs de longue durée, 12 000, c'est-à-dire 14 %, sont demandeuses d'emploi depuis 10 ans et plus.

    Madame la Ministre considère-t-elle qu'après 10 ans et plus de recherche d'emploi sans succès, ces personnes aient toujours un potentiel réel à faire valoir sur le marché du travail ?
  • Réponse du 27/01/2022
    • de MORREALE Christie
    Il convient d’apporter quelques précisions au sujet des demandeurs d’emploi inoccupés qui ont plus de 10 ans de chômage et qui sont inscrits au FOREm. Au 31 décembre 2021, le FOREm en décomptait 11 223. 9,25 % de ceux-ci émargent au CPAS, 8,8 % sont exclus du chômage ou sanctionnés et 4,4 % sont des demandeurs d’emploi inscrits librement.

    Sur le total, les trois-quarts ont 50 ans et plus et 43 % ont même 60 ans et plus. Ces demandeurs d’emploi plus âgés relèvent donc de la disponibilité adaptée ; cela signifie qu’ils ne bénéficient d’un accompagnement que s’ils le souhaitent.

    Il est important de préciser que 30 % d’entre eux ont des problèmes identifiés (le plus souvent des problèmes médicaux) qui ne leur permettent pas d’exercer le métier pour lequel ils avaient les qualifications. Pour certains, les restrictions médicales par rapport à l’exercice de leur métier sont telles qu’il est difficile d’envisager une insertion professionnelle, même adaptée. Malgré ce constat, ces personnes ne sont pas dans les conditions pour une prise en charge par l’assurance maladie invalidité.

    Pour rappel, en Belgique, le compteur statistique de la durée d’inoccupation d’une personne n’est remis à « zéro » que si elle sort de la demande d’emploi pour une période minimale de 3 mois consécutifs. Le marché de l’emploi étant de plus en plus flexible, il est ainsi tout à fait possible d’être considéré comme chômeur de longue durée, tout en connaissant des allers-retours de courtes durées entre l’emploi et la demande d’emploi.

    Les demandeurs d'emploi ayant une longue durée d'inoccupation sont donc ceux qui n'ont pas trouvé durablement de travail. Plusieurs causes sont avancées à cette situation :

    en partie liées à leurs caractéristiques socio-démographiques initiales : âge, niveau de qualification, origine socio-économique, origine culturelle, etc. Les demandeurs d’emploi inoccupés depuis 10 ans et plus sont majoritairement âgés et ont tout au plus le CESS. Ce public apparaît donc particulièrement fragilisé sur le marché de l’emploi ;

    en partie par l'allongement de l'inoccupation elle-même : une longue durée d’inoccupation peut être perçue par l’employeur comme traduisant un manque de motivation, de compétences, une forme de désocialisation. Cela peut également engendrer chez le demandeur d’emploi une atrophie des compétences, une dégradation du capital humain ainsi que la perte de liens sociaux ;

    enfin, en partie liées à des éléments non-structurels : mauvaise stratégie de recherche d'emploi, problèmes de santé, financiers, judiciaires, relationnels, de logement, de garde d'enfants, défaut d'estime de soi, de motivation, de compétences sociales, de mobilité…

    Le nouveau cadre de l’accompagnement va conduire le FOREm à offrir ses services à davantage d’entre eux, et la réflexion au sujet de la reprise en charge de ceux qui n’étaient plus accompagnés y est activement menée actuellement.

    La prise en charge des publics éloignés (en général) va par ailleurs être confiée à des équipes spécifiques composées d’assistants sociaux, de conseillers et de psychologues, qui travailleront de manière collégiale, et seront soutenues par des opérateurs à qui ils pourront adresser ces publics en vue de lever des problématiques de type psycho-médicosocial (accompagnement socio-professionnel).

    Ce type d’accompagnement va nécessiter des efforts autant du FOREm que des partenaires avec lesquels il travaille.
    Reste qu’il est possible de proposer des opportunités de mobilisation et d’insertion pour ces demandeurs d’emploi : le travail en ALE, le travail dans des structures non marchandes ou dans l’économie sociale par exemple.

    Le projet Territoire Zéro Chômeurs s’inscrit aussi dans la lutte contre le chômage de longue durée.