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Le suivi du dossier du développement du Light Fidelity (Li-Fi) en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 253 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/01/2022
    • de MATHIEUX Françoise
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le Li-Fi (Light Fidelity) est une technologie qualifiée par beaucoup de prometteuse et exploite la lumière d'éclairage des locaux afin de transmettre les informations numériques à une très haute fréquence, mais sans créer d'autres ondes électromagnétiques parfois décriées par certains.

    Le Grand Curtius à Liège utilise cette technologie depuis 2016 ainsi que Marche-en-Famenne dans le cadre de son parcours touristique depuis 2019.

    En mars 2016, le Ministre Jean-Claude Marcourt annonçait que cette technologie devait encore faire ses preuves et n'était pas encore utilisée à grande échelle.

    Depuis lors, différentes entreprises auraient commercialisé une lampe de bureau fonctionnant par Li-Fi.

    Où en est-on dans le cadre du développement de cette nouvelle technologie ?

    D'autres développements sont-ils en cours ou observés par l'administration de Monsieur le Ministre et seraient nécessaires pour l'avancement numérique et technologique de la Région wallonne ?

    Le Li-Fi entre-t-il en concurrence avec la 5G ?
  • Réponse du 10/02/2022
    • de BORSUS Willy
    Les développements de toutes les technologies en lien avec la connectivité, dont le LiFi, et ses potentiels cas d’usages par exemple dans l’éclairage public, les Smart cities ou l’IoT, restent encore, à ce stade, à l’échelle de tests et de démonstrateurs, sans vrai développement commercial, en tout cas dans notre pays.

    Depuis le premier Smartphone équipé en LiFi, présenté au CES à Las Vegas par la société française SunPartner en janvier 2014, l’enjeu industriel le plus important reste celui de convaincre les fabricants de devices (smartphone, tablettes, objets connectés …) d’équiper de base en LiFi leurs produits. Selon les informations recueillies par l’AdN, les premiers smartphones embarquant le LiFi pourraient arriver sur le marché seulement à partir de 2023. Une première tablette Android avec LiFi nativement intégré, la LiFiMAXTab, a été présentée au CES à Las Vegas cette année 2022. Selon le cabinet Market Research Future, le marché du LiFi pourrait peser pas moins de 51 milliards de dollars d’ici à 2023.

    Sans l’effet de taille critique du parc de terminaux doté d’interfaces compatibles avec le LiFi, cette technologie pourrait rester cantonnée à des univers très industriels professionnels ou des « niches » de marché très ciblées comme c’est le cas pour CPL (Courant Porteur en Ligne) qui au début des années 2000 était positionné comme concurrent de l’ADSL pour l’accès internet à domicile.

    Ce qui a fait le succès du WiFi, c’est avant tout son adoption par les industriels des devices du monde entier et la production de composants intégrant le WiFi à un coût dérisoire. C’est certainement le défi majeur de cette nouvelle technologie sans fil.

    Si le LiFi offre en effet certains avantages, parmi lesquels un niveau de sécurité original et supérieur au WiFi, le LiFi constitue une technologie des « derniers mètres » : Il nécessite de déployer un réseau de collecte derrière les « lampes LED », ce qui représente une énorme infrastructure de collecte à déployer. Plusieurs pistes pourraient coupler CPL et LiFi dans les réseaux d’éclairage public. Mais une autre limitation se présente : le LiFi ne fonctionne que si la lumière est allumée, même faiblement … ce qui limite l’usage dans des espaces et pour l’éclairage publics.

    Son caractère mono-directionnel constitue une autre limitation au LiFi : on ne peut en effet que recevoir et non pas émettre vers le capteur LiFi. L’interactivité est donc impossible sauf en le couplant avec une autre technologie (telles que CPL, WiFi … ou 5G) ce qui limite son développement. Il interdit donc toutes applications transactionnelles ou qui nécessitent d’envoyer des flux vers les réseaux (envoi d’email, connexion type VOIP, messagerie instantanée, connexion à un domaine professionnel ou personnel …).

    Le LiFi nécessite aussi de changer le parc des lampes existantes par des LED compatibles LiFi. Vu le nombre d’ampoules concernées, par exemple dans l’éclairage public, l’investissement est de taille. Il faut ouvrir la réflexion dès la conception d’un éclairage d’un bâtiment, d’un quartier, d’un moyen de transport ou d’un espace public afin de garantir la pérennité des investissements infrastructurels. Dans un premier temps, le LiFi pourrait cibler des applications industrielles ou des espaces spécialisés tels que gare, train, tunnel, aéroport, avion, hôpitaux, usines, musées, centres de congrès ou d’expositions, voire des établissements scolaires.

    Cette réflexion sera inscrite dans les projets des plans de relance liés à la transformation des bâtiments. Reste à voir si les coûts de déploiement de ces solutions seront acceptables et permettront de respecter les budgets impartis.

    Enfin, en réponse à la question de l’honorable membre sur les liens potentiels du LiFi et de la 5G, il n’y a pas de concurrence entre ces deux technologies, mais au contraire, des complémentarités potentielles. Au même titre que le WiFi et la 5G peuvent permettre des développements impliquant ces deux technologies, le LiFi peut se coupler à la 5G pour des usages très divers.

    Vodafone et Signify (anciennement Philips Lighting) ont par exemple annoncé dès octobre 2019 unir leurs forces pour associer la puissance de communication de la 5G et de la technologie LiFi, offrant ainsi à leurs clients plus de rapidité et une meilleure connectivité haut débit mobile avec une communication sans fil bidirectionnelle sécurisée et fiable à des vitesses bien supérieures aux technologies sans fil traditionnelles telles que le WiFi et le Bluetooth.
    Avec l’apparition prochaine de la première standardisation mondiale sur cette technologie, attendue pour mai 2022, nous pouvons nous attendre à une baisse des coûts d’accès à cette technologie, et à une accélération de la structuration d’un marché global.

    Avec l’Agence du Numérique, nous ne manquerons pas de suivre cette évolution dans les mois à venir.