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La sauvegarde des gares avec valeur patrimoniale

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 155 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 17/01/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Récemment, la SCNB a annoncé la fermeture de 44 guichets et gares et plusieurs de ces bâtiments ont été mis en vente notamment celui d'Esneux ou Lobbes.

    Dans le magazine « les chemins du rail », un dossier est consacré à ces gares en périls. On peut ainsi y lire : « Inutile sans doute de rappeler à quel point le bâtiment des voyageurs en plus de son rôle fonctionnel occupe une place marquant dans l'urbanisme de sa localité et dans son environnement immédiat. C'est autour de ce bâtiment que s'est le plus souvent créé un véritable « quartier de la gare » avec ses commerces, ses services. Ces bâtiments des voyageurs ont marqué l'histoire de nos chemins de fer. »
    Il semblerait que sur les 3 342 biens protégés en Wallonie, seuls 8 concernent le patrimoine ferroviaire, soit 0,2 %, dans les faits 4 gares et des parties de 2 gares, l'entrée d'un tunnel et une locomotive à vapeur.

    Nombreux sont les bâtiments qui ont déjà été vendus à des privés et n'ont pas forcément fait l'objet d'une attention patrimoniale excessive en l'absence de toute protection officielle.

    Même s'il existe de beaux exemples de transformation, cela reste uniquement lié au bon vouloir de l'acquéreur. Il n'y a aucune contrainte en la matière.

    Quelle analyse Madame la Ministre fait-elle de cette situation ?

    Quelles sont ses intentions en la matière afin d'assurer la sauvegarde des bâtiments ferroviaires qui mériteraient une sauvegarde ?

    Existe-t-il des contacts entre l'AWaP, ses services et la SNCB afin d'étudier la possibilité de conserver certains bâtiments ferroviaires qui présenteraient une valeur patrimoniale particulière ?
  • Réponse du 01/02/2022
    • de DE BUE Valérie
    Le bâti ferroviaire ne remonte pas au-delà du second tiers du 19e siècle. S’agissant d’un patrimoine plus récent, il est naturel que sa protection, sa conservation, mais aussi sa valorisation soit une préoccupation relativement neuve. Cependant, la Région n’est pas restée inactive puisque, à ce jour, 13 biens de ce type sont déjà classés au titre de monument ou de site, à savoir :
    - Saint-Ghislain : la gare ferroviaire et les dépendances (hangar aux marchandises et sanitaires) ;
    - Chaudfontaine : la totalité des deux orifices du tunnel ferroviaire sur la ligne SNCB n°6 entre les gares de Chaudfontaine et La Brouck. L’ensemble formé par ce tunnel et les terrains environnants est lui, classé en tant que site ;
    - Mons : le bâtiment des voyageurs. Il est entouré d’une zone de protection ;
    - Braine-le-Comte : la gare. La rangée d’arbres qui la borde est classée en tant que site ;
    - Binche : la gare et le square Eugène Derbaix sont classés en tant que site ;
    - Péruwelz : la gare S.N.C.B. ;
    - Pepinster : la verrière de la gare ;
    - Dinant : l’abri antiaérien de la seconde guerre mondiale de la gare d’Anseremme,
    - Yvoir : la gare de Godinne. L’ensemble formé par cet édifice et les terrains environnants sont classés en tant que site ;
    - Cerfontaine : la gare ainsi que le pont et les escaliers d’accès avec les rampes, y compris le mur de soutènement ;
    - Seneffe : le pont métallique tournant et la passerelle qui enjambe l’ancien canal de Charleroi-Bruxelles sont classés en tant que site :
    - Couvin : la remise à locomotives en forme de rotonde à Mariembourg. La remise à locomotives, la remise à bois, la remise à charbon, la grue à eau et le château d’eau sont classés en tant qu’ensemble architectural ;
    - Couvin : la locomotive à vapeur de type EX26.

    Par ailleurs une récente demande de classement est en cours d’analyse au sein de mon Cabinet ; elle concerne une partie de l’équipement technique de la gare de Sourbrodt, sur la commune de Waimes.

    En ce qui concerne l’inventaire régional du patrimoine, plus d’une centaine de gares y sont déjà reprises. Ce chiffre augmentera encore au fur et à mesure de la réactualisation de l’inventaire, commune par commune. Parmi la centaine de gares identifiées, plus de vingt d’entre elles sont épinglées d’une pastille. Pour rappel, l’apposition d’une pastille signifie que le bien mérite une attention plus particulière. L’inscription à l’inventaire régional constitue une première reconnaissance de la valeur patrimoniale d’un bien sans imposer aucun effet juridique, à l’exception des biens pastillés qui requièrent un avis simple de l’AWaP dans le cadre d’une demande de permis d’urbanisme.

    En matière de conservation et de valorisation, le Petit Patrimoine populaire wallon intègre une catégorie « transport » qui vise notamment les petits éléments du patrimoine ferroviaire et vicinal.

    Toujours dans l’optique d’encourager la conservation, la valorisation, mais aussi la sensibilisation de ce patrimoine spécifique, l’AWaP soutient depuis de nombreuses années avec l’ASBL Chemins du Rail. Cette ASBL, constituée de spécialistes et de passionnés, soutient et promeut le développement et l’usage du RAVeL, des voies vertes et des véloroutes. Elle défend la préservation des lignes ferroviaires désaffectées ou la mise en valeur du patrimoine ferroviaire. Pour l’année 2022, j’ai demandé à l’ASBL Chemins du rail de se concentrer, dans le cadre de la subvention octroyée, sur l’établissement d’un cadastre du petit patrimoine ferroviaire existant sur les anciennes lignes de chemins de fer, le repérage des gares transformées en autres lieux de vie (crèches, cafés, restaurant…) et d’en faire écho dans des publications. Je tiens en outre à souligner que l’ASBL prodigue également des conseils et collabore avec des associations locales pour la mise en valeur du patrimoine ferroviaire.

    La question de la réhabilitation des anciennes gares est au centre de la pérennisation de ce patrimoine. Les opportunités de reconversion sont multiples. Parmi les nouvelles affectations, on relève des cafés et/ou des restaurants, des commerces, des Maisons du Tourisme, des logements sociaux, des locaux pour la Croix-Rouge, des bureaux pour le CPAS, des maisons de l’Emploi, des petits musées, des coopératives d’économie sociale, des maisons de quartier, des ateliers vélos, des salles des fêtes, une bibliothèque, des espaces réservés aux artisans…

    Afin que son information soit complète, je tiens à ajouter que le patrimoine ferroviaire est également pris en considération dans le cadre du recensement du patrimoine industriel et du patrimoine du 20e siècle, qui, comme l’honorable membre le sait, constitue une de mes priorités.
    En ce qui concerne les contacts entre la SNCB et l’AWaP, mon administration m’informe que, s’il n’y a pas d’échanges au niveau global, les contacts sont réguliers à propos des dossiers spécifiques.

    Comme elle peut le constater, les actions concrètes portant sur la préservation du patrimoine ferroviaire sont nombreuses et nous y portons une attention permanente. L’un des objectifs de l’ensemble des actions menées est d’identifier, le plus objectivement possible, les éléments qui pourront bénéficier à l’avenir d’une protection au travers, notamment, de leur classement.