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Le recours des enfants et adolescents aux soins de santé mentale

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 230 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 19/01/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    On le sait, la crise sanitaire a aussi mis la pression sur les soins de santé mentale. La mutualité chrétienne (MC) a récemment réalisé une analyse des soins en santé mentale pour les moins de 18 ans sur base des données de facturation disponibles. On parle des soins psychiatriques psychologiques ambulatoires, des admissions psychiatriques hospitalières et de l'aide psychiatrique urgente en milieu hospitalier. Il y a également une analyse des prescriptions de médicaments pour les troubles de santé mentale.

    Les constats sont les suivants :
    - à partir du début de 2021, beaucoup plus de jeunes souffrant de problèmes de santé mentale ont été hospitalisés (ce nombre atteignant même des niveaux record) ;
    - le besoin de soutien mental pendant cette crise sanitaire est élevé, en particulier chez les enfants et les jeunes ;
    - une augmentation de la prescription des antipsychotiques, traitements médicamenteux lourds dont les effets secondaires peuvent être importants. Et c'est pour les enfants de moins de 6 ans et les jeunes de 15 à 17 ans que le saut a été le plus grand en 2020. Sur les dernières trois années, le volume moyen a augmenté de presque 50 % pour le premier groupe et 30 % pour le deuxième ;
    - les conséquences de la pandémie semblent plus sévères pour les jeunes issus d'un milieu socio-économique défavorable. En 2020, les enfants et les jeunes ayant droit à une intervention majorée - un indicateur pour les familles à faibles revenus - représentaient 33 % des utilisateurs d'antipsychotiques, 29 % des patients hospitalisés et 25 % des patients à la recherche d'une aide d'urgence, alors que seulement 15 % des membres de la MC de moins de 18 ans sont bénéficiaires de l'intervention majorée. Cependant, ils ont moins recours aux soins ambulatoires avec un psychiatre - qui peut faire la différence à un stade précoce - par rapport à leurs pairs d'une meilleure classe socio-économique.

    Si les plus précarisés sont ceux qui ont le plus besoin de soins, on constate aussi qu'ils les utilisent moins, précise Elisabeth Degryse. Les obstacles à l'accès aux soins de santé mentale s'accumulent chez les publics économiquement précaires.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de cette étude et de ces constats ?

    Quelles mesures propose-t-elle concernant :
    - l'augmentation du recours au curatif pour des problèmes de santé mentale pour les jeunes ?
    - l'augmentation du recours aux antipsychotiques, traitements médicamenteux lourds dont les effets secondaires peuvent être importants ?
    - la surreprésentation des jeunes issus d'un milieu socio-économique plus modeste dans les prises en charge curatives les plus lourdes ?
  • Réponse du 23/02/2022
    • de MORREALE Christie
    L’étude des Mutualités chrétiennes se penche sur les soins de santé mentale dispensés à ses membres de moins de 18 ans. Tandis que les indicateurs sont à la hausse quant aux besoins des jeunes de trouver une aide et des soins de santé mentale depuis le début de la crise sanitaire, cette étude met en exergue la baisse de consommation de soins de santé mentale remboursés au deuxième trimestre de 2020 par les jeunes de moins de 18 ans.

    En revanche, dès le « déconfinement » à l’été 2020 et grâce à l’introduction des nouvelles prestations de santé mentale, le volume de prestations ambulatoires de santé mentale augmente de 8,7 % au troisième trimestre de 2020, de 5,8 % au quatrième et de même au premier trimestre de 2021 avec une augmentation totale de 17,9 %. Une courbe similaire est observée en 2020, au niveau du volume moyen d’antipsychotiques par patient qui augmente de 7 % chez les 0 à 17 ans. Ainsi, la sous-utilisation des soins de santé mentale remboursés, particulièrement marquée au deuxième trimestre de 2020, prouve que toute une série de patients n’a pas eu accès aux soins.

    En Wallonie, par le renfort du personnel dans les services de santé mentale, l’offre de soins de santé mentale a été augmentée pour les enfants et les adolescents. La mesure est d’ailleurs prolongée en 2022. Pour rappel, même si peu de Services de santé mentale sont agréés en tant qu’initiative spécifique dédiée aux enfants et aux adolescents, les 65 services de santé mentale sont des structures qui disposent d’équipes pluridisciplinaires et ont tous la capacité de prendre en charge les enfants et les adolescents.

    À l’initiative du Gouvernement fédéral et en partenariat avec les entités fédérées, un important renforcement des équipes mobiles de crise est également intervenu au niveau des réseaux en santé mentale enfants-adolescents, tout comme l’encadrement au niveau des services pédopsychiatriques qui a bénéficié d’une augmentation des effectifs pour assurer la liaison entre les dispositifs de soins généraux et spécialisés. Les différentes formes de soins doivent se conjuguer pour faire face à des besoins importants, qui n’ont jamais été aussi manifestes que ce que la crise actuelle a révélé.

    Par ailleurs, et pour en revenir à une préoccupation majeure (causes d’hospitalisation chez les jeunes) et à nos propres mesures visant les jeunes citoyens wallons, le renforcement du dispositif sentinelle du Centre de Prévention du suicide permet également de répondre à de nombreuses demandes notamment à destination des jeunes. Pour rappel, le but de ce projet est de former des professionnels ou des volontaires à la détection précoce de risque de suicide et de les outiller pour accompagner des personnes en souffrance à risque suicidaire. Le Centre vise actuellement à sensibiliser l’ensemble de la population.

    La commission « Revalidation » de l’AViQ a mis, au cours de ces deux dernières années, un focus sur la santé mentale des enfants et adolescents.

    De nouveaux centres de revalidation fonctionnelle ont été mis sur pied/et ou sont en cours de développement. Chacun d’entre eux bénéficie déjà d’un budget financé dans le cadre de mes compétences. Il s’agit notamment d’un centre de revalidation fonctionnelle pédopsychiatrique, qui se situera au sein de la Polyclinique de l’Enfant de l’hôpital Tivoli à La Louvière. Il a débuté ses activités au 1er janvier de cette année 2022.

    Enfin et à ma demande, une campagne de santé mentale a vu le jour. Celle-ci comporte un axe dédié à la jeunesse. Nous fondons beaucoup d’espoir de toucher ainsi les plus jeunes parmi nos citoyens, et de leur proposer des pistes de mieux-être dont ils puissent se saisir. La communication adressée aux jeunes est très spécifique, nous devons donc nous appliquer à la tâche, et tenir compte en outre de la fracture numérique par le choix des modalités de communication permettant de toucher également les jeunes moins favorisés socioéconomiquement.