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La lutte contre la corruption en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 73 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de GALANT Jacqueline
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Le cinquième rapport du GRECO (Groupe d'États contre la corruption), rendu public récemment pointe un regard sombre sur la lutte anticorruption au sein de l'exécutif et de la police belges. En effet, sur les 22 recommandations formulées à notre pays par cette émanation du Conseil de l'Europe, seules deux ont été pleinement mises en œuvre et deux autres partiellement.

    Le GRECO existe depuis 1999 et s'est donné pour mission d'accompagner ses membres dans l'amélioration de leurs structures de lutte anticorruption publique. Ses rapports n'ont rien de contraignant, mais sont parfois pris en compte par les gouvernants. Ainsi, nombre de recommandations émises par le GRECO à destination de la Belgique font partie de l'accord de gouvernement. Mais, par la faute de la pandémie, par la lenteur parlementaire ou tout simplement un manque de volonté, très peu ont été traduites dans la loi.

    Figurent dans ce rapport des recommandations en matière de transparence dans le travail des cabinets ministériels et concernant la transmission de documents entre cabinets au moment de la transmission du pouvoir.

    Monsieur le Ministre-Président prévoit-il d'adopter des mesures afin d'accentuer la transparence en Wallonie ?

    Travaille-t-il à transposer les recommandations du GRECO dans le droit wallon ?

    A-t-il pris des contacts avec ses homologues afin d'avancer sur ce dossier en concertation ? Le cas échéant, quelle position défend-il ?
  • Réponse du 22/02/2022
    • de DI RUPO Elio
    Ce rapport du GRECO évalue les mesures prises pour mettre en œuvre les recommandations formulées dans le rapport d’évaluation adopté en décembre 2019. Il se base sur le rapport de situation établi par l’État fédéral.

    La Région wallonne n’est pas en dialogue avec le Fédéral au sujet de ce rapport. Nous prenons acte du bilan dressé au niveau fédéral au sujet des 22 recommandations contenues dans le rapport d’évaluation.

    Au niveau régional, notre attention peut se centrer sur les 14 premières recommandations, les 8 autres relevant de la thématique de la police.

    Parmi ces recommandations :

    Une concerne le Gouvernement et le Parlement :
    - établir un mécanisme de consultation sur les projets de décret et publier les résultats ;

    Une concerne directement les ministres :
    - établir un code de déontologie avec mécanisme de supervision et sanction ;

    Certaines concernent les cabinets :
    - encadrer les conditions de recrutement ;
    - publier sur les sites internet les noms et fonctions des collaborateurs ;
    - établir un Cadre déontologique avec mécanisme de supervision et de sanction ;
    - soumettre à la loi relative à la publicité de l’administration et à la loi relative au lanceur d’alerte ;
    - conserver et mettre à disposition des successeurs les dossiers de la législature terminée.

    D’autres concernent les personnes occupant de hautes fonctions de l’exécutif :
    - établir une stratégie pour promouvoir leur intégrité ;
    - établir un mécanisme de sensibilisation à l’intégrité avec mise à disposition d’un conseil confidentiel ;
    - organiser des formations dès la prise de fonction et ensuite régulières ;
    - établir des règles relatives aux relations avec les lobbyistes ;
    - organiser un mécanisme de signalement en cas de conflit d’intérêts ;
    - établir des règles relatives aux cadeaux intégrant l’obligation de les déclarer ;
    - imposer d’informer de toute activité professionnelle et de contrôler de l’absence de conflit d’intérêts ;
    - inclure dans le régime de déclaration des informations sur le patrimoine, les activités accessoires et passées ainsi que sur la famille ;
    - accélérer la publication et rendre proactif le contrôle des déclarations.

    Comme l’honorable membre le sait, le Gouvernement et le Parlement wallons travaillent depuis de nombreuses années sur ces thématiques.

    Notre Déclaration de politique régionale comporte notamment plusieurs objectifs en matière de gouvernance publique.

    Sur ce point particulier, il existe l'article 129 du règlement du Parlement qui permet à toute personne ou organisme (associations, sociétés, institutions ...) intéressé de faire part au Parlement de leur opinion sur une proposition de décret, un projet de décret ou une proposition de résolution.

    Je me dois aussi de relever, en ce qui concerne les cabinets wallons, que :
    - les ministres sont bien soumis à l’article 32 de la Constitution et bénéficient des modalités établies par le décret du 30 mars 1995 relatif à la publicité de l’administration. Je la renvoie notamment à la jurisprudence établie par la CADA wallonne dont certaines décisions concernent concrètement les ministres wallons et leur cabinet ;
    - les débats et travaux en cours, sous la responsabilité de ma collègue Valérie De Bue, en matière de lanceur d’alerte n’excluent pas les cabinets de la réflexion ;
    - le site internet de chaque ministre présente les membres de cabinet ;
    - chaque cabinet travaille en étroite collaboration avec l’administration qui archive les dossiers et peut ainsi en début de législature dresser un bilan des dossiers en cours et à venir aux nouveaux membres du Gouvernement.

    En ce qui concerne les hautes fonctions de l’exécutif, je renvoie l’honorable membre au Code de la fonction publique et au régime des mandats concernant le SPW et les organismes publics soumis au Code.

    Pour ce qui concerne mes compétences, je la renvoie aux décrets dits de gouvernance qui comportent divers mécanismes relatifs aux déclarations de rémunération, aux cumuls de fonctions, aux conflits d’intérêts ... des mandataires publics.

    Pour rappel, la charte de l’administrateur public prévoit notamment que l’administrateur public doit :
    - informer le gouvernement s’il ne remplit plus une des conditions préalables à sa nomination, dont celle de ne pas être dans une situation de conflit d’intérêts ;
    - avertir l’organe de gestion de tout conflit d’intérêts le concernant.

    Au-delà de ces éléments déjà existants, la lutte contre la corruption reste une balise importante pour l’action du Gouvernement.

    Divers éléments de ce rapport pourront utilement alimenter des réflexions quant au régime des mandats de nos hauts fonctionnaires et du régime des mandataires publics et gestionnaires des organismes publics wallons.

    Mes services restent notamment attentifs aux réflexions menées au niveau fédéral notamment en ce qui concerne le code relatif au lobbying.