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Le coup d'Etat au Burkina Faso et la situation dans la sous-région

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 74 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de RYCKMANS Hélène
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Déjà déstabilisé depuis des années par des attaques de groupes djihadistes attirés notamment par les ressources en minerais rares du pays, le Burkina Faso a fait l'objet d'un coup d'État ce 23 janvier.

    Des militaires du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration ont pris le pouvoir et annoncé la destitution et l'arrestation de Roch Kaboré, président depuis 2015. L'ONU a appelé à sa libération immédiate.

    Ce coup d'État a lieu au moment où la « task force » Takuba, qui se veut active dans la région des 3 frontières (Mali, Burkina Faso, Niger) et portée par la France fait l'objet de discussions à l'échelle européenne. Il intervient aussi à la veille des réquisitoires et plaidoiries dans le procès des assassins présumés de Sankara, qui devait commencer lundi et est dès lors reporté.

    Monsieur le Ministre-Président est-il tenu au courant de la situation sur place, en direct ou via la délégation de Dakar, pour les personnes et les intérêts wallons au Burkina Faso ?

    Peut-il nous préciser les mesures prises devant la situation sur place, notamment pour les projets portés par les acteurs de coopération indirecte ?

    Comment analyse-t-il la situation actuelle et quelles sont les actions entreprises pour ce qui concerne la préservation, dans le cadre international, de l'état de droit dans ce pays partenaire ?

    Des interventions ont-elles eu lieu de la part de la Wallonie dans le cadre diplomatique, à Genève par exemple ?
  • Réponse du 21/04/2022
    • de DI RUPO Elio
    Je reste particulièrement attentif à la situation au Burkina Faso.

    J’ai immédiatement condamné le coup d’État intervenu le 23 janvier dernier et demandé la libération immédiate de l’ancien Président Roch Marc Christian Kaboré.

    La situation politique sur le terrain a depuis lors rapidement évolué. En effet, le lieutenant-colonel Damiba a prêté serment le 16 février devant le Conseil constitutionnel et a été investi le mercredi 2 mars par les Assises nationales. Ces Assises nationales ont signé une « Charte constitutionnelle de la transition » qui prévoit l’organisation d’élections dans les 3 ans. Le 3 mars, un nouveau Premier ministre, Albert Ouédraogo a été nommé et les 25 membres du gouvernement de transition ont également été nommés dans la foulée.

    Les organes de la transition comprennent aussi une « Assemblée législative de transition » composée de 75 membres, selon la charte. Son Président, Aboubacar Toguyeni, professeur titulaire à l’Université Nazi Bony de Bobo-Dioulasso, a été élu le mardi 22 mars.

    La CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a suspendu le Burkina Faso de l’organisation le 28 janvier dernier. Un nouveau Sommet extraordinaire réunissant les Chefs d’État et de Gouvernement s’est tenu le 25 mars dernier à Accra (Ghana). Le Communiqué de presse a mis en évidence plusieurs éléments concernant la situation au Burkina Faso :
    - La libération inconditionnelle du Président Kaboré. Entretemps, ce dernier a regagné son domicile à Ouagadougou le 7 avril dernier, mais subit « des restrictions de liberté » selon son parti, le Mouvement du Peuple pour le Progrès ;
    - Le maintien de la suspension du Burkina Faso de toutes les institutions de la CEDEAO jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel ;
    - La finalisation d’un chronogramme acceptable de la transition au plus tard le 25 avril prochain. Passé ce délai, des sanctions économiques et financières entreront en vigueur.
    La CEDEAO considère que la durée de la période de transition fixée à 36 mois est trop longue. Le gouvernement burkinabé a rejeté ces délais, considérant que la durée de la transition a été adoptée de façon consensuelle durant les Assises nationales du 28 février dernier ;
    - Au niveau sécuritaire, il est demandé aux Autorités de transition de poursuivre les efforts pour la sécurisation du pays.

    En effet, la situation sur le plan sécuritaire reste problématique. Le nombre de déplacés à l’intérieur du pays a dépassé la barre des 2 millions, soit 10 % de la population. La menace terroriste ne faiblit pas et l’insécurité liée à cette menace ne fait qu’augmenter. Sur le mois de mars, plusieurs attaques djihadistes ont été perpétrées sur des civils, des soldats de l’armée ou encore des gendarmes. Le 11 avril dernier, l’état d’urgence a été réactivé sur toute l’étendue du territoire national afin de renforcer la lutte contre le terrorisme.

    Nos équipes sur le terrain ont repris le travail. En ce qui concerne la coopération indirecte, nous n’avons pas pris de mesures particulières autres que celles qui prévalaient déjà dans le contexte de prudence sécuritaire que nous connaissions avant le coup d’État du 23 janvier. Actuellement, 5 projets sont en cours dans le domaine de la sécurité alimentaire, du travail décent et du renforcement des institutions.

    L’année 2022 est une année d’évaluation finale de notre programme de travail en cours (2018-2022). Cette évaluation sera déterminante afin de poser les contours de notre future coopération avec le Burkina Faso, dans le contexte politique et sécuritaire que nous connaissons actuellement, ainsi que de ses évolutions.