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La transition dans le secteur de l'audiovisuel

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 264 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de BIERIN Olivier
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les industries culturelles et créatives ont un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique.

    Le défi est énorme et des démarches menant à davantage de durabilité commencent à être entreprises par les différents secteurs, dont l'audiovisuel.

    Ainsi, on remarque par exemple que l'industrie du cinéma met en place des actions. Récemment la presse a mis en avant l'innovation d'une start-up bruxelloise, The GreenShot, qui a lancé une application web et mobile qui permet aux productions cinématographiques de calculer tous les coûts et l'empreinte carbone de chaque donnée encodée.

    Notre Région voisine de Bruxelles a également mis en place un calculateur carbone via « Screen.brussels », qui permet de mesurer les impacts CO2 les plus importants des tournages. Existe-t-il des initiatives similaires au niveau wallon ?

    Monsieur le Ministre a-t-il entrepris des actions afin de soutenir le développement de ce type d'application ou de calculateur, et ce type de démarche est-il activé dans les projets audiovisuels soutenus par la Région wallonne ?

    Par ailleurs, une CIM Culture s'est tenue le 29 novembre 2021. La Ministre de la Culture, Bénédicte Linard, a déclaré qu'elle s'était accordée avec ses homologues des autres niveaux, dont Monsieur le Ministre fait partie, pour qu’ils travaillent ensemble sur les enjeux liés à l'environnement et au cinéma.

    Peut-il nous en dire plus ?

    Quelles actions ont déjà été définies pour renforcer les actions concernant la durabilité de l'audiovisuel en Région wallonne ? Un calendrier d'implémentation des actions a-t-il déjà été établi ?

    Dans la mise en place de ce programme, une consultation du secteur a-t-elle été prévue ?
  • Réponse du 10/02/2022
    • de BORSUS Willy
    Wallimage (fonds économique de soutien aux secteurs audiovisuels et du gaming) travaille depuis plusieurs années à une diminution de l’impact environnemental des productions cinématographiques et, plus largement, des secteurs que le fonds soutient.

    Dès septembre 2019, Wallimage a nommé en interne un « green advisor » chargé de mettre en place une politique environnementale au sein du fonds et de ses activités.
    Dans le cadre de son soutien aux coproductions audiovisuelles, le fonds a mis en place un guide de soutien, en s’inspirant de ce qui se faisait déjà en Italie.

    Cette action s’est mise en place par étape, comme suit :

    − 02/2020 : Wallimage ratifie le Green Manifesto à l’occasion de la Berlinale 2020, marquant ainsi son engagement officiel dans la considération de la durabilité dans son processus de sélection des projets de coproduction ;
    − 03/2020 : 1re rencontre pro au Festival du Film de Mons – présentation du guide de soutien aux productions durables ;
    − 10/2020 : 2e rencontre avec la profession au Festival du Film de Namur à l’occasion du Colloque sur la durabilité avec les trois fonds régionaux, un représentant de la production et un de la société des auteurs ;
    − 01/2021 : Déploiement du guide d’accompagnement aux productions durables. L’accès aux financements et désormais conditionné à cette contrainte : les producteurs doivent s’engager sur un certain nombre de critères, référencés dans le guide de soutien et joindre un plan de développement durable.

    En parallèle, le fonds a également mis en place des formations de Green Manager (en 02/2021, 10/2021 et une troisième est planifiée en mars prochain).

    Un green manager est un référent environnemental sur les plateaux de tournage, chargé de s’assurer du bon suivi des dispositions mises en place dans la cadre de Green Film Wallonia. Ces formations sont mises en place conjointement avec le secteur privé et public (UCM) et financées exclusivement sur fonds propres.

    En septembre 2021, Wallimage a organisé un audit environnemental de plusieurs prestataires wallons via la cellule environnement de l’UWE.

    En octobre 2021, il a sensibilisé les producteurs de télévision, en organisant une rencontre avec leur association pour identifier comment intégrer la notion environnementale dans le développement des projets télévisuels, le rôle des uns et des autres (producteurs, diffuseurs, lignes de soutiens existantes…) …

    En décembre 2021, le fonds a lancé une nouvelle ligne de financement aux projets Gaming et les notions environnementales ont directement été intégrées (tout dépositaire doit compléter un questionnaire sur le sujet, l’objectif étant d’identifier comment les studios peuvent réduire leur impact).

    Le même mois, il a fait réaliser un audit environnemental de Wallimage elle-même (UWE) et elle travaille aujourd’hui à la mise en place d’une charte interne.

    L’objectif pour 2022 est notamment de mettre en place un système dédié aux entreprises prestataires, afin de leur permettre de financer des installations vertes (travail en cours : audit, analyses des besoins, analyses des solutions disponibles, mise en place de mécanismes financiers win-win…).

    Pour l’année à venir, le fonds concentrera ses travaux sur le développement d’un système d’appréciation des prestataires du secteur (loueurs de matériels, studios de tournages, entreprises de post production) ; le travail d’audit environnemental a été entamé, avec l’aide de la cellule environnement de l’UWE. Il s’agit de la première étape indispensable permettant de définir la situation environnementale des entreprises du secteur et de définir les contours d’une stratégie plus globale. Wallimage a également fait auditer sa propre entreprise afin d’avoir un positionnement cohérent et en adéquation avec ce qu’elle prône auprès des entreprises qu’elle soutient.

    Le travail entamé avec les prestataires a pour objectif de les inciter à avoir une réflexion sur la durabilité de leur entreprise et de leurs activités, sur les moyens à mettre en œuvre pour tendre vers un impact minimum. Wallimage tente de faire en sorte qu’à moyen terme, l’industrie audiovisuelle soit la plus durable possible. Son objectif est de conditionner toutes les aides octroyées par le fonds à des normes durables.

    Le fonds suit également de près les travaux de Excykl, une société d’économie circulaire qui se chargera de récolter les éléments de décors et autres accessoires de plateaux en vues de les revaloriser permettant ainsi de répondre à un des critères greenfilm (D matériaux) et de répondre à la volonté de la région de développer une économie circulaire à travers le programme Circular Wallonia. Il reste toutefois un travail colossal à effectuer avec le fédéral et le mécanisme de financement Tax Shelter, qui impose actuellement la destruction des décors pour que la dépense soit considérée comme éligible. Il s’agit là d’un vrai frein qui nuit au déploiement d’entreprises d’économie circulaire dans le secteur.

    Pour parvenir à mettre en place des actions cohérentes, l’équipe effectue une veille réglementaire et technologique lui permettant d’identifier les nouvelles règlementations régionales et européennes et d’identifier les outils existants afin de les proposer en complément à son guide de soutien : un calculateur carbone entre autres (EURECA) et aussi les technologies « industrielles » disponibles ou en cours de développement dédiées au secteur (générateur H2, électrique, éclairages LED, approvisionnement en ressources sur les plateaux,et cetera).

    Le fonds est en contact avec ses homologues de manière régulière (réunions de networking interrégional, partage d’expériences et informations utiles, mise en place de projets communs, notamment d’annuaire de prestataires durables, réflexion sur l’homogénéisation des actions).

    Les homologues flamands de Wallimage développent un calculateur carbone (qui sera intégré dans « The Greenshot ») dans le cadre d’un projet INTERREG. La volonté de Wallimage est d’ajouter ce calculateur à l’utilisation de son guide de soutien, permettant la collecte de données régionales, qui elles même permettront d’affiner les objectifs (identifier les postes les plus énergivores, proposer des solutions pour les rendre plus durables, mettre place un programme de compensation à partir d’un certain seuil par exemple, etc.).

    Pour répondre plus précisément à la question relative à The Greenshot, cet outil a en effet été développé par une structure bruxelloise et il n’existe pas, à notre connaissance, d’initiative comparable au niveau wallon. Il existe au moins un outil similaire, mais plus généraliste : Carbolean. L’avantage de The Greenshot est qu’il a été développé prioritairement pour le secteur audiovisuel et offre beaucoup plus de possibilités qu’uniquement « un calculateur carbone ».

    Wallimage pousse les producteurs à l’usage de The Greenshot, l’application ayant d’ailleurs implémenté la grille de critères du guide de soutien aux productions durables de Wallimage.
    Deux membres de l’équipe de développement de l’application collaborent au programme de formation de Green Manager de Wallimage.

    Concernant la CIM du 29 novembre, Wallimage a en effet discuté en amont de celle-ci avec le cabinet de la Ministre Bénédicte Linard, pour identifier les éléments clés.

    Au niveau environnemental, une volonté de développer des actions concrètes transversales et de mutualisations possibles (récupération et circularité des décors et des costumes, gestion des transports, de l’énergie, du matériel) a été soulevée. La mise en place d’un groupe de travail a été évoquée.

    Nous n’avons pas reçu d’information quant à un calendrier d’implémentation.