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La résilience de l'industrie wallonne face à la pénurie de semi-conducteurs

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 265 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les semi-conducteurs sont à l'électronique ce que le pétrole est à l'industrie : un composant essentiel, mais souvent invisible, présent dans les ordinateurs, les smartphones, les téléviseurs, les voitures, les avions, les machines à laver, les panneaux solaires ...

    La demande pour les appareils électroniques a augmenté de façon spectaculaire depuis le début de la pandémie, entre l'essor du télétravail et les loisirs à la maison. Dans l'informatique d'entreprise, les dépenses dans les infrastructures cloud se sont envolées. Ce marché va, selon les estimations, doubler d'ici 2030, nécessitant d'autant plus d'unités de production. L'Europe et la Wallonie ont un rôle à jouer.

    Cette pénurie, bien qu'elle semble entrer dans sa phase descendante en 2022, ne sera pas résorbée avant 2023.

    La Wallonie est un terreau riche en entreprises du secteur technologique, à même d'utiliser des semi-conducteurs régulièrement et intensivement. Elles rencontrent, comme plusieurs secteurs comme le secteur automobile, des difficultés d'approvisionnement.

    Monsieur le Ministre a-t-il rencontré les secteurs touchés par la pénurie de semi-conducteurs ? A-t-il pu en dégager des pistes de solutions pour tenter de résorber cette pénurie graduellement au niveau wallon ?

    Le débat sur la souveraineté technologique de l'Union européenne a été remis sur le devant de la scène par cette pénurie mondiale.

    Quelle position envisage-t-il pour la Wallonie dans l'Europe technologique de demain ?

    Comment compte-t-il valoriser le terreau industriel et aussi de recherche wallon pour accroître le rayonnement de notre Région dans le domaine technologique, et spécifiquement des semi-conducteurs ?
  • Réponse du 22/02/2022
    • de BORSUS Willy
    Il est clair que le monde entier a été affecté par la pénurie de semiconducteurs depuis la reprise économique. En effet, la production des composants électroniques de base est effectuée dans un nombre particulièrement restreint d’entreprises du fait des coûts extrêmement élevés de mise en œuvre de ces usines spécialisées. Malgré ses compétences sur certains segments de l’électronique, l’Europe est fort démunie en termes de production de composants électroniques, en particulier pour ceux de plus petite taille. Elle est de ce fait fort dépendante de l’Asie. Encore récemment, la quasi-fermeture des sites de production de Samsung et Micron en Chine pour cause de Covid a eu des répercussions sur beaucoup de pays. C’est tout l’objet du Chip Act de la Commission européenne lancé courant 2021 que d’essayer de rééquilibrer les forces en regroupant les plus grands acteurs européens sur des sujets communs et d’attirer des acteurs étrangers qui peuvent produire ces semiconducteurs.

    Face à tout cela, des PME wallonnes sont très innovantes et compétentes sur des segments de niche. Elles sont notamment compétitives sur le segment de l’intégration de systèmes électroniques à destination du spatial et du médical. Cependant, l’écosystème wallon est de taille très modeste et ne compte pas d’entreprises d’envergure mondiale que ce soit en termes de production ou d’utilisation de puces électroniques. De ce fait, les volumes de commandes en composants électroniques de la Wallonie sont très faibles que ce soit auprès des producteurs ou auprès des brokers (des entreprises spécialisées dans l’achat de gros et la distribution des composants électroniques). Quand il y a des tensions sur la production nous passons donc bien après des clients tels que les top acheteurs mondiaux : Apple (11 %), Samsung (8 %), Huawei (4 %), Lenovo (4 %) ou Dell (3 %) (Gartner, 2020).

    Du côté de la production, nous devons, pour rester compétitifs, trouver des synergies entre la conception des composants électroniques, leur intégration dans les systèmes finaux et les processus liés tels que l’intelligence artificielle, la cybersécurité et l’internet des objets. En faisant cela, nous pouvons répondre au plus près aux besoins des entreprises de pointe de notre Région et des pays voisins dans des domaines exigeants en termes de qualité et de sécurité tels que le spatial et le médical que j’ai déjà évoqués. Ces collaborations permettent à nos entreprises de trouver des débouchés et de monter en gamme technologique.

    Pour ce qui est de l’approvisionnement, il n’est pas impossible que dans quelques années l’offre devienne excédentaire si :
    (a) Les grands acteurs, tels que Tesla, Samsung ou Bosch, développent leurs propres capacités de production pour devenir indépendants ;
    (b) Les initiatives d’acteurs clés européens pour amplifier la chaîne de production de semi-conducteurs en Europe, notamment via le programme européen IPCEI, se confirment ;
    (c) Les annonces de grands acteurs gérant des fonderies de semi-conducteurs, tels que Intel et TSMC, confirment leurs intentions d’installer ou d’augmenter leur production en Europe.

    Entretemps, nous encourageons les entreprises à travailler sur la résilience des chaines d’approvisionnement, de la conception des produits à la diversification des sources. Dès que possible, les services aux entreprises soutiennent des démarches d’identification de nouveaux fournisseurs ou partenaires, notamment au travers de l’AWEX qui peut aider les entreprises à élargir leur palette de partenaires à l’étranger pour mieux sécuriser leurs approvisionnements.