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Le recul des investissements étrangers en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 274 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Selon l'AWEx, la Wallonie a connu un nouveau recul des investissements étrangers en 2021, de l'ordre de 15 % du nombre de dossiers conclus l'an passé en moins par rapport à 2020 : « Les succès engrangés au cours de cette année 2021 sont relativement modestes avec 72 dossiers réussis, soit un recul de 15 % par rapport à 2020 ».

    Sur le plan financier, ces 72 dossiers réussis représentent une promesse d'investissement de 989,9 millions d'euros (+46 % par rapport à 2020) de la part des entreprises et une création de 1 026 emplois (-43 %).

    « Les feux économiques restent au rouge bien que cette fin d'année 2021 nous ait apporté quelques investissements capitalistiques majeurs, portés par des entreprises établies en Wallonie de longue date, principalement dans le renouvellement de l'outil de production, l'augmentation des capacités ou encore l'ajout de nouvelles lignes de production », constate l'AWEx qui reconnaît n'avoir pas atteint les objectifs annuels inscrits dans son contrat de gestion.

    Les causes de la baisse du nombre de projets étrangers sont multiples avec des décalages dans la mise en œuvre des projets, des retards, les changements de stratégie d'entreprises suite au Covid-19 ou des essais cliniques non concluants. L'AWEx met aussi en exergue une série de freins wallons comme le manque de terrains rapidement disponibles, le coût de l'énergie, les pénuries de main-d'œuvre ou des problèmes liés à la puissance électrique.

    Quelles conclusions Monsieur le Ministre tire-t-il de cette situation ?

    Estime-t-il qu'il existe des « freins wallons » ?

    Fin 2021, je l’interrogeais sur le manque de terrains disponibles, estime-t-il en effet qu'il s'agisse d'un frein ?

    Comment peut-il aider les entreprises en la matière ?

    Qu'en est-il de la main-d'œuvre en pénurie, a-t-il pu avancer sur le dossier ?

    Par ailleurs, où en est-il sur le nouveau contrat de gestion de l'AWEx et quels objectifs lui fixera-t-il ?
  • Réponse du 22/02/2022
    • de BORSUS Willy
    Comme l’honorable membre le souligne, le bilan 2021 des investissements étrangers en Wallonie fait état de succès relativement modestes sous l’angle des dossiers conclus et des emplois créés. Les chiffres de l’AWEx révèlent que 72 dossiers d’investissements étrangers ont été réussis en 2021 (-15 % par rapport à 2020) représentant une création de 1 026 emplois (-43 % par rapport à 2020).

    Cela dit, malgré les résultats en demi-teinte obtenus en termes de dossiers réussis et d’emplois créés, il faut souligner que les 72 entreprises étrangères qui ont pris la décision d’investir en Wallonie représentent une injection de 989 millions d’euros dans notre économie, ce qui constitue une croissance substantielle de 46 % par rapport à 2020.

    En dépit de ce point positif lié aux montants investis en 2021, force est de constater que depuis le début de la crise sanitaire en 2020, les flux mondiaux d’investissements directs étrangers (IDE) ont fortement chuté. Au sein de l’UE, la pandémie a eu des répercussions encore plus graves par rapport à la moyenne mondiale et la Wallonie n’a pas échappé à cette tendance.

    Les signes d’un certain rebond de l’activité économique au premier semestre 2021 n’ont pas permis une reprise rapide des IDE et l’on constate un décalage dans la mise en œuvre des projets d’investissement, qui ont pris du retard, principalement dans les nouveaux projets industriels. La prolongation de la crise sanitaire, le rythme inégal de mise en œuvre des Plans de relance nationaux, tout comme les goulets d’étranglement au niveau de la main-d’œuvre et de la chaîne d’approvisionnement, les prix de l’énergie, restent d’importants facteurs d’incertitude pour les investisseurs étrangers.

    L’AWEx constate que, parmi les dossiers d’investissements étrangers qui n’ont pas abouti en 2020 et 2021, les raisons sont multiples, mais peuvent être catégorisées selon la typologie suivante :
    - concurrence forte des régions et pays limitrophes, en particulier la Flandre, les Pays-Bas et la France. En ce qui concerne les projets « labour intensive », la concurrence provient des pays d’Europe de l’Est ;
    - manque de grandes parcelles pour les candidats investisseurs exigeant une surface multimodale de 25 ha ;
    - la pénurie de certaines familles de profil de ressources humaines ;
    - le coût des ressources humaines ;
    - le besoin de puissance électrique et le coût de l’électricité ;
    - le manque de garanties en amont lié aux procédures de permis ;
    - les projets pour lesquels la Wallonie est utilisée comme benchmark au profit d’une région ou un pays déjà présélectionné par le candidat investisseur ;
    - l’abandon du dossier par le porteur de projet (évolution de la stratégie de l’entreprise, client se concentrant sur son marché d’origine à cause de la crise sanitaire, restructuration, manque de financement, faillite…).

    La situation actuelle est, comme le souligne l’AWEx depuis bien longtemps déjà, préoccupante et handicapante. Je suis bien conscient de cette difficulté. En effet, il n’y a aucun terrain de grande taille immédiatement disponible et sans handicaps importants (telle que le passage d’une ligne à haute tension) dans les Provinces de Liège, du Brabant wallon et de Namur. Même dans le Hainaut et la Province de Luxembourg, les possibilités sont limitées. Il est incontestable que cela constitue un frein dans le cadre de l’attraction de projets d’investissements (étrangers, belges et wallons). Nous sommes régulièrement contactés par des entreprises, ayant un projet effectif de création de structure, porteur d’emplois et auquel il ne nous est pas possible de répondre favorablement, car la première condition n’est pas remplie – celle d’une disponibilité foncière.

    La disponibilité de terrains de grande superficie est évidemment un sujet particulièrement sensible et la pression pour ne pas libérer de terrains agricoles à des fins économiques est particulièrement forte.

    Le Gouvernement a pris différentes initiatives afin d’améliorer la situation et les perspectives sont encourageantes, grâce au développement de plusieurs sites d’envergure, essentiellement celui de Chertal à Liège, mais également sur Seraing, ainsi qu’entre autres celui de Carsid à Charleroi.

    J’ai chargé la SOGEPA d’études de faisabilité et, à terme, de mise sur le marché de ces différents sites. Ces différents sites présentent un potentiel considérable en raison de leur superficie et de leur proximité avec les infrastructures de communication (voie d'eau, rail, réseau routier/autoroutier, aéroport). Ils représentent au total plusieurs centaines d’hectares. Le site le plus vaste est celui de Chertal (Oupeye/Herstal) avec environ 180 hectares. Ces projets présentent la capacité de faire émerger des activités innovantes, d'accueillir de nouvelles activités industrielles, ainsi que de faire émerger des activités à haute valeur ajoutée autour des écosystèmes wallons. La déconstruction du site de Chertal devrait d’ailleurs commencer ce mois de février ou mars 2022.

    Une autre piste qui est suivie depuis plusieurs années est celle de la SPAQuE, entrée dans le giron de la SOGEPA. Ici aussi, de très importants efforts sont entrepris afin de libérer d’anciennes friches industrielles, de les assainir et de les mettre sur le marché. Les délais sont toutefois longs et les coûts importants.

    Les leviers et actions développés par l’AWEx pour répondre aux besoins de talents en Wallonie notamment dans les filières STEM (science, technology, engineering and mathematics) sont concrétisés au travers de l’amplification du programme Explort dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie (le projet Explort+).

    Depuis 15 ans, Explort est un programme de formations et de stages en commerce international, réalisés par des jeunes (étudiants ou demandeurs d’emploi) pour le compte d’entreprises wallonnes qui bénéficient d'une aide concrète pour aborder des marchés étrangers et se développer à l'international.

    Le projet Explort+ consiste à organiser un dispositif wallon inspiré de la formule V.I.E. française, en l’adaptant aux besoins des entreprises wallonnes et en ciblant les profils STEM. Il s’agit de missions de développement commercial de longue durée (entre 6 et 12 mois, reconductibles une fois, soit 24 mois maximum) pour que les entreprises wallonnes puissent capitaliser sur une représentation humaine à l’étranger pour se démarquer de leurs concurrents.

    L’international, l’autonomie et le défi sont des arguments qui favorisent le développement de compétences « business » de jeunes issus de filières STEM (scientifiques, techniques, technologiques, ingénieries). Cela favorise à terme l’arrivée de jeunes diplômés wallons auprès d’un public d’entreprises étrangères désirant s’installer chez nous et qui éprouvent parfois des difficultés à attirer et recruter ce public.

    Le processus d’évaluation du contrat de gestion de l’AWEx a été finalisé au dernier trimestre 2021. Cette évaluation a démontré de manière générale, au travers des actions et activités menées sur la période 2017-2021, que l’AWEx a globalement satisfait à ses obligations et rencontré ses objectifs et indicateurs fixés par le contrat de gestion pour l’ensemble des questions d’évaluation. L’évaluation indique aussi que l’Agence est reconnue pour ses métiers de base et jouit d’une image positive auprès des parties prenantes et des entreprises ayant fait appel à ses services.

    Sur la base de ces travaux d’évaluation, et conformément au décret du 12 février 2004 relatif au contrat de gestion et aux obligations d’information, une note déterminant les lignes directrices du futur contrat de gestion a été approuvée le 16 décembre 2021. Cette note d’orientation reprend les principales recommandations et éléments de réflexion à prendre en compte par l’AWEx et le Gouvernement dans l’élaboration du nouveau contrat de gestion. Les recommandations portent spécifiquement sur la lisibilité, ainsi que sur la cohérence structurelle et méthodologique du prochain contrat.

    Il convient désormais de procéder au renouvellement du contrat de gestion qui est en cours de préparation en concertation avec le management de l’AWEx et son nouveau conseil d’administration. Celui-ci doit tenir compte des recommandations déterminant les lignes directrices du futur contrat, notamment la révision du système d’indicateurs stratégiques et devra aboutir au maximum pour le 30 juin 2022.