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L'âgisme envers les aînés

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 240 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Selon un sondage Amnesty réalisé IPSOS, une personne sur quatre de plus de 55 ans est victime de maltraitance et sept sur dix sont victimes de préjugés en raison de leur âge en Belgique francophone. La crise sanitaire a particulièrement fait ressortir cette discrimination consacrée à l'âge. En effet, durant ces derniers mois, nos aînés ont été stigmatisés et isolés. De plus, après 55 ans, l'étude Amnesty pointe une difficulté à trouver un emploi, ce qui est en contradiction avec la demande importante des employeurs pour des personnes expérimentées.

    Selon l'OMS, cette discrimination par rapport à l'âge « a des conséquences graves et profondes sur la santé et le bien-être des gens. Chez les personnes âgées, il est associé à une moins bonne santé physique et mentale, à un plus grand isolement social et à une solitude accrue, à plus d'insécurité financière, à une baisse de la qualité de vie et à un décès prématuré ».

    Il est à noter que cette discrimination est beaucoup plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Selon le directeur de la section belge francophone d'Amnesty International, « les femmes de plus de 55 ans se sentent plus mises à l'écart, sont plus particulièrement touchées par certains stéréotypes et préjugés, et sont plus victimes de dévalorisation, d'infantilisation, de dénigrement et d'humiliation ».

    Quel regard Madame la Ministre porte-t-elle sur cette réalité ?

    Quelle est son action afin de diminuer drastiquement cette discrimination liée à l'âge ?
  • Réponse du 10/03/2022
    • de MORREALE Christie
    J’ai pris connaissance de ce sondage réalisé par l’institut IPSOS à la demande d’Amnesty International au sujet de l’âgisme qui est une forme de discrimination largement répandue dans notre société et qui risque de s’accroître compte tenu du vieillissement rapide de la population.

    En 2020, l’Agence wallonne de lutte contre la maltraitance, Respect Seniors, a reçu 846 fiches de maltraitance dont 33% concernaient des situations de maltraitance en institution alors que 62 % ont eu lieu à domicile. Selon les statistiques de l’Agence, l’auteur désigné est dans 51 % des cas un membre de la famille (le plus souvent le conjoint) et dans 22 % des cas, un professionnel d’institution. Comme le révèlent les résultats IPSOS, les chiffres de l’Agence montrent que la majorité des aînés « victimes » sont de sexe féminin.

    Ces constats montrent que les aînés sont régulièrement sujets à des attitudes négatives, voire à des comportements vécus comme maltraitants. Respect Seniors explique qu’avec l’avancée en âge, certaines personnes perdent une partie de leur autonomie entraînant potentiellement une dépendance vis-à-vis des autres et des regards dévalorisants. Ces atteintes à leur dignité peuvent les rendre plus à risque à la négligence, aux abus et au non-respect de leurs droits. Toute atteinte à la dignité humaine est inacceptable et ses conséquences peuvent être dramatiques en entraînant des séquelles physiques et psychologiques à long terme. Les études scientifiques montrent que la durée de vie des aînés est diminuée en moyenne de 7,5 années lorsque ceux-ci ont intériorisé des stéréotypes négatifs liés au vieillissement.

    Comme l’honorable membre le mentionne dans sa question, la pandémie de Covid-19 a renforcé la problématique de l’âgisme. Depuis le début de la crise, la vulnérabilité des aînés a été mise à l’avant-plan des débats et des images diffusées par les médias. Même s’il est vrai que le virus a engendré plus de décès chez les personnes de plus de 70 ans, cela est davantage causé par la présence d’affections médicales plutôt que par leur âge chronologique. Un article publié sur le site de l’observatoire français de l’âgisme montre que si l’on tient compte de ces facteurs, les aînés de plus de 70 ans qui ne souffrent pas de maladies ou d’autres affections médicales, ne sont pas plus vulnérables que les autres.

    Depuis plusieurs années, le Gouvernement wallon est engagé dans la lutte contre toutes les formes de discrimination telle que celle liée à l’âge. Depuis 2007, l’AViQ coordonne avec l’UCLouvain le projet WADA (Wallonie Amie des Aînés) dont l’objectif est d’encourager les communes à s’inscrire dans une démarche participative qui place les aînés au centre des préoccupations en favorisant l’inclusion sociale, la communication, les liens sociaux et les activités citoyennes.

    Un projet proposé par la Direction des aînés de l’AVIQ dans le cadre de la programmation des Fonds social européen a pour ambition de renforcer les connaissances et les compétences des professionnels des structures d’hébergement et d’accueil des aînés afin de les sensibiliser à la question des stéréotypes autour des personnes âgées, à l’âgisme et à ses conséquences sur les attitudes et comportements des soignants au quotidien. Pour cela, le projet prévoit de réaliser des expériences pilotes encadrées par des psychologues et puis d’en évaluer les retombées positives.

    Au-delà de ces projets, et au vu des enseignements tirés de cette crise, j’ai également décidé de mettre en place des groupes de travail avec l’ensemble des acteurs concernés par la question du vieillissement. L’objectif de ces groupes est d’envisager des actions en faveur de la qualité de vie des aînés en Wallonie. Parmi ces groupes, l’un d’entre eux est spécifiquement consacré à la question de la « Bientraitance ».

    Je suis très attentive et sensible au développement de projets qui ont l’ambition de lutter contre cette discrimination à l’égard de nos aînés. Il appert toutefois important de garder à l’esprit que cet engagement de lutte contre l’âgisme est l’affaire de tous. Nous devons travailler ensemble pour que plus que jamais les aînés puissent bénéficier de tous leurs droits et pour que les institutions de vie et de soins soient à la hauteur des enjeux d’une société qui se veut respectueuse de tous ses membres, quels que soient leur âge ou leur situation sociale.