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Le succès grandissant de la cigarette électronique jetable "Puff"

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 242 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de GALANT Jacqueline
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    En France et aux États-Unis, la Puff, cigarette électronique jetable qui dégage des arômes fruités et sucrés, séduit un bon nombre d'adolescents et de jeunes adultes depuis plusieurs mois. En Belgique, le succès est également grandissant.

    Sa petite taille, son goût de bonbon et son prix abordable lui permettent de faire des ravages auprès des jeunes, mais de nombreux experts de la santé tirent la sonnette d'alarme.

    Le problème, c'est que la plupart des cigarettes Puff contiennent de la nicotine. Il y a donc un vrai risque de dépendance, sans parler des dégâts que cause cette substance sur le développement du cerveau.

    Enfin, quand on jette de l'électronique, du plastique et du liquide, il y a là un impact écologique non négligeable.

    Madame la Ministre a-t-elle entendu parler de ce phénomène ? A-t-elle l'intention de lutter contre le succès grandissant de ces cigarettes électroniques auprès des plus jeunes ?

    Quels sont ses moyens d'action ? A-t-elle prévu une campagne de sensibilisation ?
  • Réponse du 24/02/2022
    • de MORREALE Christie
    Tout d’abord, rappelons que la Wallonie s’est engagée via l’Agence pour une Vie de Qualité en signant la charte pour une « Génération sans Tabac », parce qu’elle souhaite œuvrer pour protéger les enfants et les jeunes des risques liés au tabagisme et à la vape. Nous exprimons, de la sorte, le désir que chaque enfant, né à partir de 2019, puisse naître et grandir dans un environnement sans tabac. Dès lors, par le biais du Plan wallon sans tabac inscrit dans le WAPPS, la Wallonie plaide, non seulement en faveur de mesures qui protégeront les enfants de la fumée du tabac et de la tentation de commencer à fumer, mais également pour des mesures visant à aider les fumeurs à se libérer de leur addiction. Ne pas fumer, ne pas vapoter : telle doit être la norme pour les enfants et les jeunes. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de dénormaliser le tabagisme de manière à offrir aux enfants et aux jeunes la chance de pouvoir grandir dans un environnement sans tabac.

    La Puff, cigarette électronique jetable, avec ou sans nicotine, séduit les jeunes. Ce phénomène de mode semble principalement propulsé par les réseaux sociaux. D’un coût plutôt abordable, entre 8 et 12 euros, c’est un produit simple d’utilisation. Mais derrière ce produit fruité se cache de la nicotine, et le principal danger c’est l’addiction à la nicotine que ça va déclencher et qui va se développer très rapidement. On va pouvoir tirer très fort et très vite, cependant on ne connaît pas les effets sur le long terme de ce type de produit. Or, bien qu’interdit aux mineurs, il est facile de s’en fournir.

    L’essor rapide de la consommation de cigarettes électroniques, notamment auprès des jeunes, pose un nouveau problème environnemental. Les appareils, comportant batteries et plastiques, deviennent une nouvelle source massive de déchets non biodégradables. Produits en quantité, sans solution de recyclage, les cigarettes électroniques mettent en cause la responsabilité de leurs fabricants. Les produits du tabac vapotés font donc partie de la quantité de déchets qu’il faudra trier, traiter et recycler. Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas !

    Certes, la communauté scientifique semble s’accorder sur le fait que la cigarette électronique est moins nocive pour la santé que le tabac, car son utilisation n’entraîne pas de combustion de tabac, mais cela ne signifie pas pour autant que vapoter soit sans danger ; sans parler des risques liés au vapotage de cannabis.

    Nous savons cependant qu’à court terme, la cigarette électronique peut notamment provoquer des irritations des voies respiratoires et avoir d’éventuels effets toxiques liés à l’utilisation autorisée d’arômes et d’additifs dans les e-liquides (les substances vaporisées par les cigarettes électroniques). L’appareil en soi peut également présenter des risques (surchauffe, toxicité en cas d’usage inapproprié, émission de métaux lourds ...). Il existe de multiples manières d’inciter les enfants et les jeunes à fumer et à consommer de la nicotine. La cigarette électronique en est une. Nous ne pouvons par ailleurs pas exclure que la cigarette électronique soit pour les jeunes un tremplin vers le tabagisme classique.

    Lorsque la cigarette électronique contient de la nicotine, son usage (même pour essayer) engendre le risque de développer une addiction. Les jeunes y sont encore plus vulnérables que les adultes, car leur cerveau, se développant jusqu’à l’âge d’environ 25 ans, est beaucoup plus sensible aux effets de la nicotine, qui stimule le centre de la récompense. Par conséquent, les jeunes tombent plus vite dans la dépendance. De plus, des indices sérieux permettent de supposer que la nicotine induit des changements irréversibles dans les cerveaux non matures. La plus grande prudence s’impose.

    À l’heure actuelle, la législation belge ne fait aucune différence entre la cigarette électronique et la cigarette ordinaire. En d’autres termes, la législation relative au tabac s’applique également aux cigarettes électroniques. Certaines mesures s’appliquent spécifiquement à la cigarette électronique : composition, teneur maximale en nicotine, critères de qualité, sécurité, étiquetage... Il est important de veiller au contrôle et à l’application de ces mesures. En outre, afin de décourager l’usage du tabac et le vapotage, de mieux protéger les enfants, les jeunes et les non-fumeurs de la dépendance au tabac et à la nicotine, l’Alliance pour une Société sans tabac (dont font partie le Fonds des Affections respiratoires, la Fondation contre le Cancer, l’Observatoire de la Santé du Hainaut et le Sept en tant que membres du Plan wallon sans tabac), estime qu’un certain nombre de mesures supplémentaires s’avèrent nécessaires, à savoir :
    − lever les exceptions à l’interdiction de publicité. En d’autres termes, la publicité et la promotion de la cigarette électronique doivent être interdites sur les lieux de vente également ;
    − introduire des emballages neutres pour les cigarettes électroniques et ajouter, dans l’emballage, des informations objectives en matière de santé, sans ingérence possible de l’industrie. Dans le cas des emballages neutres de cigarettes et de tabac à rouler, ajout également des informations relatives au sevrage et à la réduction des risques dans un encart à l’intérieur des paquets - et ce, à nouveau, sans ingérence possible de l’industrie du tabac quant au contenu du message ;
    − une diminution draconienne du nombre d’arômes et d’additifs autorisés, ce qui permettra non seulement d’améliorer la garantie et le contrôle de qualité, mais aussi de simplifier les possibilités pour la recherche scientifique et de réduire l’attrait qu’exerce la cigarette électronique sur les jeunes grâce aux arômes adaptés pour ce public (bubble-gum, arômes fruités...). Il est en revanche important de maintenir un certain choix d’arômes pour les fumeurs ;
    − garanties de qualité suffisantes et contrôles associés des e-liquides et des appareils (composition chimique, sécurité électrique, et cetera) ;
    − l’entrée en vigueur immédiate d’un droit d’accise zéro euro sur les cigarettes électroniques et e-liquides afin d’avoir une vue claire sur le volume et la répartition des ventes. Dans une prochaine phase, on pourrait envisager de définir un taux de taxation suffisamment élevé pour décourager l’usage de la cigarette électronique chez les mineurs d’âge et les non-fumeurs, mais assez bas pour ne pas décourager les fumeurs adultes de passer du tabac à la cigarette électronique.

    Au préalable, il est recommandé de renforcer la capacité des personnes à prendre des décisions favorables à leur bien-être, en permettant à tout un chacun de questionner le tabagisme/le vapotage sans jugement ou parti pris. À ce titre, une campagne « Ensemble vers un nouveau souffle », coordonnée par le FARES, se déroulera du 11 avril au 12 juin 2022, à l’occasion de la Journée mondiale Sans Tabac initiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette campagne vise autant à questionner la consommation de tabac et de la vape en tant que produit du tabac qu’à permettre à chacune et à chacun, à chances égales, de disposer de toutes les ressources nécessaires afin de choisir en connaissance de cause, de s’émanciper du tabagisme et/ou de la vape (actif et passif), et dès lors de contribuer davantage à son propre bien-être ainsi qu’à celui des autres.