à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
Nos bâtiments religieux sont nombreux et de moins en moins utilisés. Leur entretien coûte cher et la tendance est à une désacralisation accrue.
Cette semaine, on apprend que la basilique de Cointe va être réhabilitée et elle devrait abriter la plus haute salle d'escalade d'Europe.
En 2014, l'ancienne Sint-Amelbergakerk de Bossuit fut transformée en œuvre d'art.
La chapelle Saint-Antoine à Casteau devrait abriter des salles de massage, des jacuzzis, une piscine. À Malonne, en 2015, une brasserie s'est installée dans une église.
Ce ne sont que quelques exemples des nombreuses réaffectations de notre patrimoine religieux.
Souvent, les citoyens, pratiquants ou non, sont attachés aux églises proches de chez eux et soucieux du devenir de ces monuments une fois désacralisés. Ces bâtiments ont effectivement une charge émotionnelle forte et font partie intégrante de notre patrimoine.
Quelle est la stratégie de Madame la Ministre en matière de valorisation de ce type de patrimoine ?
Quelles sont les balises qu'elle envisage pour encadrer ces réaffectations ?
Comment envisage-t-elle l'implication des acteurs de terrain comme, par exemple, les SAGEP (Service d'accompagnement à la gestion des paroisses)?
Que faire des églises qui ne trouvent pas d'acquéreur ou pour lesquels des projets de revalorisation s'avèrent trop difficiles à mettre sur pied, et qui, dès lors, continuent inexorablement à se dégrader ?
Enfin, il y a un an, elle évoquait, dans cette commission, les initiatives prises par l'intercommunale immobilière Ecetia à ce sujet.
A-t-elle un retour sur la réflexion qu'elle a menée sur l'avenir des biens religieux, classés ou non ?
Réponse du 18/02/2022
de DE BUE Valérie
En préambule, je tiens à rappeler qu’une telle question, assez large, est davantage destinée à mon collègue en charge des Pouvoirs locaux. Si une église est un lieu souvent chargé émotionnellement pour nos concitoyens, ainsi qu’un repère urbanistique, elle n’est pas nécessairement un bien patrimonial. Or, c’est à ceux-ci que mes compétences en tant que Ministre du Patrimoine sont circonscrites. Je répondrai donc en me limitant à ces dernières.
Les édifices religieux représentent une typologie particulière de biens qui, de par leur ampleur, représentent souvent une charge d’entretien assez lourde pour les fabriques et les communes. Pour ce qui est des édifices religieux classés comme monument, je rappelle que l’AWaP octroie des subventions pour l’entretien ou la restauration. Un quart du patrimoine classé wallon étant du patrimoine religieux, le budget y afférent est dès lors non négligeable.
Toutefois, la sauvegarde de ce patrimoine religieux, classé ou non, ne peut être assurée que par la mise en œuvre de plusieurs démarches de nature différente, dont un entretien régulier pour commencer. Il n’est en effet plus nécessaire de démontrer à quel point la prévention est essentielle pour éviter des dégradations souvent irrémédiables. C’est donc à ce niveau qu’il y a lieu de sensibiliser et responsabiliser les gestionnaires de biens patrimoniaux. Dans ce but, je soutiens au travers d’une subvention, le Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts (CIPAR), ASBL fondeìe par les eìvêcheìs francophones de Belgique dans le but de coordonner leurs efforts en matieÌre de protection, conservation et valorisation du patrimoine religieux. L’une des missions du CIPAR est d’accompagner les paroisses en matière de gestion du patrimoine immobilier. D’autres outils tels que le Fonds 4S facilitent également l’accès aux acteurs de terrain aux formations dispensées entre autres par l’AWaP. Les SAGEP font partie du public cible.
Alors que la pratique religieuse est en baisse, les églises sont de moins en moins fréquentées, conduisant certaines à être désaffectées du culte. La question de leur reconversion se pose de manière accrue. Je salue à ce propos les initiatives innovantes et les réaffectations intelligentes qui se font jour un peu partout. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire en commission, du point de vue du patrimoine, les limites en matière de réaffectation sont essentiellement d’ordre technique. Ce n’est pas à l’AWaP qu’il revient de se prononcer sur le changement de destination du lieu par un investisseur, pour autant que la reconversion envisagée ne compromette pas l’objet du classement. L’AWaP sera par contre présente pour l’accompagner dans ses procédures d’autorisation patrimoniale et de demande de subsides, au même titre que tout propriétaire de monument classé. Je tiens à souligner que, pour garantir la réussite d’un projet de réhabilitation ambitieux, l’idéal est de contacter l’AWaP le plus en amont possible. J’encourage ainsi les autorités religieuses et les pouvoirs locaux désireux de se dessaisir d’une ancienne église classée d’établir ce contact avant la mise en vente, afin que les balises patrimoniales puissent être communiquées aux candidats acquéreurs.
Pour faire face au défi de la reconversion des édifices religieux, de nouveaux interlocuteurs apparaissent, comme en effet l’intercommunale Ecetia qui souhaite se positionner comme un facilitateur pour les projets de pouvoirs locaux. J’ai rencontré des représentants d’Ecetia, dont je trouve la démarche intéressante. Je reste à l’écoute de leurs projets s’ils concernent le patrimoine classé.