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Les conséquences pour la Région wallonne du relèvement des taux d'intérêt sur les marchés internationaux

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 15 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de ANTOINE André
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Pour les marchés financiers, l'épidémie de coronavirus est désormais terminée. C'est, symboliquement tout au moins, ce que dit le passage du négatif au positif du taux des obligations d'État allemandes, la référence pour toute la zone euro, pour la première fois ce mercredi depuis mai 2019.

    Mais si pour les marchés c'est la fin d'une histoire, c'est le début d'une autre pour les États surendettés. Les entreprises et les ménages, dont la dette est souvent à taux fixes, n'auront à souffrir de la remontée des taux que très progressivement et marginalement. En revanche, les États qui ont vu leur endettement s'alourdir massivement à cause de la crise vont désormais prendre la hausse des taux de plein fouet. Et la France en tout premier.

    Le Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a chiffré mardi soir l'impact d'une hausse d'un point de pourcentage des taux d'intérêt sur les finances publiques françaises : cela coûtera au contribuable la bagatelle de 39 milliards d'euros par an au bout de 10 ans.

    Même si notre dette régionale est largement structurée sur des taux fixes, il n'empêche que nos besoins de financement dans un proche avenir sont considérables, sans oublier les opérations financières venues à échéance qu'il faudra refinancer !

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation financière internationale et nationale ?

    D'ici la fin de la législature, à combien estime-t-il nos besoins de financement ?
    Si nous devions constater une remontée des taux de 1 %, sans parler d'une évaluation de notre propre spread, quelle serait la facture budgétaire pour notre région ?

    Quels types de mesures va-t-il prendre, le cas échéant, pour contenir cette augmentation des taux ?
  • Réponse du 14/04/2022
    • de DOLIMONT Adrien
    Depuis presque un an, l’inflation, poussée principalement par l’augmentation des prix de l’énergie, qui persiste dans la zone euro, aux États-Unis et dans d’autres pays du monde, a un impact sur les marchés financiers.

    Fin 2021, début 2022, pour faire face à cette inflation, plusieurs banques centrales ont annoncé qu’elles envisageaient de rehausser (ou qu’elles rehaussaient) leurs taux d’intérêt directeurs. Techniquement, une augmentation des taux directeurs a pour conséquence l’augmentation des taux d’intérêt sur les marchés, et par conséquent l’augmentation du coût du refinancement de la dette et du coût de la dette variable.

    Dans le cas de l’endettement wallon, 93,73 % de notre dette étant à taux fixe, la quasi-majorité du stock de dettes n’est pas influencé par les cycles macroéconomiques.

    De plus, depuis fin février, la guerre en Ukraine a également un impact sur l’inflation. En effet, on observe une augmentation des prix et une forte volatilité sur les marchés des matières premières, dont le pétrole, le gaz et le blé. Une bonne partie de la réaction volatile actuelle des matières premières reflète la hausse gigantesque de l’incertitude géopolitique due à la guerre.

    Comme pour les marchés des matières premières, le conflit russo-ukrainien vient impacter les marchés financiers, en augmentant les incertitudes des investisseurs, ce qui crée de la volatilité. Le conflit a donc fait bondir la volatilité des marchés d’actions et des marchés obligataires. En outre, les investisseurs se réfugient vers des actifs plus sûrs, ce qui a pour effet de faire augmenter les valeurs obligataires, et par effet mécanique de faire redescendre les taux d’intérêt long terme.

    Du côté de la zone euro, la BCE a reconnu début février que l’inflation était plus forte que ce qu’elle avait anticipé et n’écarte pas la possibilité de rehausser ses taux d’intérêt directeurs. En outre, la BCE a annoncé revoir (à la hausse) leurs prévisions concernant l’inflation pour mi-mars. Notons également que la BCE avait déjà annoncé l’interruption de ses achats nets d’actifs au titre du PEPP pour fin mars 2022.

    Bien que la BCE n’ait pas encore annoncé officiellement le rehaussement de ses taux d’intérêt directeurs, les investisseurs ont déjà anticipé que l’inflation sera jugée comme persistante par la BCE et que celle-ci changera sa politique monétaire. De cette façon, les marchés financiers ont déjà été impactés, au point que les taux d’intérêt long terme se sont réhaussés. En outre, la Région wallonne a déjà été affectée par ce rebond. En effet, les deux premières transactions, pour un montant total de 30 millions d’euros, se sont faites à un taux moyen de 1,04 % (contre un taux moyen de 0,6 % en 2021). Notons que pour le moment, nous n’avons pas encore noté une augmentation de spreads. Il cependant rester attentif à une possible augmentation des spreads, notamment à cause de la dégradation de Moody’s et du déficit de la Région.

    Actuellement, nous ne pouvons pas donner de projections précises concernant les besoins de financement. Si nous nous basons sur l’exécuté 2021 provisoire et à politique inchangée, nous estimons le besoin de financement (restant par emprunt) de 2023 et 2024 à, respectivement, 4,78 milliards et 4,27 milliards d’euros. De plus, pour l’année 2022, notre besoin de financement est de 2,46 milliards d’euros.

    Si nous devions constater une remontée des taux de 1 %, toutes choses égales par ailleurs, la facture budgétaire, c’est-à-dire l’augmentation des charges d’intérêt cumulées, serait 115,48 millions d’euros d’ici fin 2024. Sur cette hausse de 115,48 millions d’euros, 42,81 millions d’euros proviendraient de la hausse des charges d’intérêt de l’endettement pré-2022 et 72,67 millions d’euros proviendraient de l’augmentation des charges d’intérêt liées à l’endettement marginal.

    Les taux de l’OLO ne sont pas contrôlables par la Région wallonne. Par ailleurs, ceux-ci ont été historiquement bas ces dernières années.