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L'impact des relations entre l'Union européenne et la Fédération de Russie sur les activités de Liege Airport

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 19 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de LEONARD Laurent
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    La situation géopolitique en Ukraine alerte bon nombre d'experts à travers le monde. Le Président américain, tout d'abord, s'est exprimé au sujet d'une possible riposte militaire si la Russie venait à envahir l'Ukraine. C'est ensuite le Vice-Amiral belge Michel Hofman qui déclare qu'une éventuelle intervention concertée sera considérée s'il devait y avoir intrusion russe sur le sol ukrainien. Les tensions sont donc vives, peut-être même à leur paroxysme entre l'Union européenne et la Russie.

    C'est dans un contexte tout aussi délétère que, suite à l'invasion de la Crimée en 2014, des sanctions économiques ont été imposées par l'Union européenne à la Russie, qui a riposté en en instituant aussi à l'égard de l'Europe. Effectives depuis 2014, ces sanctions ont d'ailleurs été prolongées l'année passée jusque juin 2022, ce qui témoigne de l'animosité toujours présente, voire croissante, ces derniers temps entre l'Union européenne et la Russie.

    Cependant, depuis 2014, le paysage économique wallon et plus particulièrement liégeois a considérablement évolué. En effet, entre temps, le géant russe du fret aérien, AirBridgeCargo, a investi l'aéroport de Liège et représente un important vecteur d'emploi.

    La situation géopolitique susmentionnée a-t-elle des impacts sur les secteurs aérien et logistique liégeois ?

    Selon Monsieur le Ministre, quelles répercussions auraient de nouvelles sanctions européennes sur les aéroports wallons ?

    Qui plus est, tout cela nous permet de nous poser la question de la dépendance de l'aéroport vis-à-vis des acteurs étrangers. En effet, outre la présence russe, on compte de plus en plus d'acteurs chinois, liés à leur État.

    Existe-t-il une volonté stratégique pour diversifier, sur le long terme, les différents acteurs présents sur le domaine aéroportuaire liégeois de telle sorte à réduire au possible une quelconque dépendance à un pays tiers ?
  • Réponse du 21/03/2022
    • de DOLIMONT Adrien
    La décision de fermer l’espace aérien aux compagnies russes a été prise par les autorités belges et confirmée au niveau européen le dimanche 27 février 2022 dans le contexte dramatique que nous connaissons. La mesure de fermeture est entrée en vigueur dès le 28 février 2022 à minuit.

    Le dernier aéronef d’une compagnie russe, à savoir Air Bridge Cargo, a décollé de Liege Airport le dimanche 27 février dans l’après-midi.

    À l’aéroport de Liège, la mise en œuvre de l’interdiction des avions russes n’a posé aucun problème.

    En 2021, l’activité des compagnies russes représentait 951 rotations sur l’aéroport de Liège et 94 000 tonnes de fret, soit 6,6 % du volume de cette même année.

    L’honorable membre comprendra que les conséquences de la fermeture de l’espace aérien ne sont pas encore pleinement mesurables à ce jour et je tiens dès lors à signaler que les chiffres que je vais évoquer doivent être pris avec prudence.

    Les premières estimations en termes d’impact direct pour Liege Airport font état d’une perte d’une marge nette de +- 11 000 euros par jour.

    Toutefois, ce chiffre est à relativiser, car d’autres compagnies aériennes basées à Liege Airport ou clientes de Liege Airport sont sur les rangs pour « remplacer » les compagnies russes en matière de fret à transporter.

    Il est ainsi encore trop tôt pour estimer l’ampleur de l’impact et il faut laisser le temps au marché de se réorganiser.

    La stratégie commerciale de l’aéroport est par ailleurs du ressort de la société de gestion.

    Au niveau de l’emploi, 12 personnes travaillent pour Air Bridge Cargo à Liege Airport.

    Par ailleurs, WFS, qui assure les services d’assistance en escale pour compte d’Air Bridge Cargo, compte 155 travailleurs sur le site dont une cinquantaine pourrait être mise au chômage technique.

    Il n’y aura en revanche pas d’impact pour le personnel de Liege Airport.

    Au niveau de l’aéroport de Charleroi, il existe différentes lignes qui desservent les destinations ukrainiennes suivantes :
    - Kiev Zhulyany : 2 vols opérés par Wizzair ;
    - Kiev Borispol : vols opérés par Ryanair ;
    - Donetsk : vols opérés par Ryanair et Wizzair ;
    - Et enfin Odessa : vols opérés par Ryanair.
    Au total, cela représente 12 vols par semaine et donc, environ 51 vols par mois.

    La suspension des vols sur l’Ukraine pourrait générer une perte de 116 000 passagers totaux et l’impact serait donc assez faible pour l’aéroport de Charleroi.

    L’interdiction de l’espace aérien européen à destination des avions russes est une décision européenne et une position tenue par la Belgique. Malgré les impacts économiques que je lui ai décrits pour nos aéroports, je ne remets nullement en cause cette interdiction qui parait nécessaire afin d’assurer l’effectivité des sanctions économiques décidées par l’Union européenne à destination de la Russie et je tiens aussi à témoigner mon plein soutien au peuple ukrainien.