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Le recyclage des gobelets en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 289 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 28/01/2022
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Selon les consignes de Fost Plus, les gobelets en carton usagés peuvent rejoindre la "poubelle papier/carton", s'ils sont vides et paraffinés uniquement à l'intérieur. S'ils présentent une pellicule de plastique de chaque côté, ils sont destinés à la poubelle résiduelle, faute de pouvoir être recyclés.

    Madame la Ministre a récemment déclaré que le remplacement progressif du plastique par du carton muni d'une couche de plastique pour en assurer l'étanchéité pourrait devenir problématique.

    Nous le savons, sa collègue fédéral, Zakia Khattabi, vient de signer un arrêté royal qui vise l'interdiction progressive de mise sur les marchés de produits en plastique jetables en exécution de deux directives européennes.

    Par ailleurs, l'analyse du cycle de vie du gobelet carton indique qu'il dispose indiscutablement de la plus faible empreinte carbone par rapport aux gobelets plastiques ou réutilisables, y compris par rapport aux tasses en céramique.
    Ces dernières ne représentent pas beaucoup de déchets, mais leur lavage a lui un impact climatique non négligeable ! En France, les autorités promeuvent désormais le gobelet carton disposant à l'intérieur d'une fine couche de film transparent en bioplastique, généralement constitué à partir de matières végétales comprenant souvent de l'amidon de maïs ou de la pulpe de canne à sucre, appelée « plastique vert ».

    Quelles initiatives va-t-elle prendre pour favoriser l'usage de ces gobelets verts ne présentant aucun danger pour les clients et totalement biodégradables ?

    Compte-t-elle saisir le Comité de concertation pour que notre pays et ses trois régions arrêtent au plus vite une règlementation nationale ?

    À défaut, comment compte-t-elle contenir l'usage du gobelet à film plastique non recyclable ?

    Pour faciliter le recyclage des gobelets, des initiatives politiques s'imposent et renvoient directement à ses responsabilités ministérielles !
  • Réponse du 02/03/2022
    • de TELLIER Céline
    À ce stade, il faut en effet distinguer les gobelets en carton qui présentent une couche paraffinée à l’intérieur et à l’extérieur du gobelet de ceux qui présentent une couche paraffinée uniquement du côté intérieur. Selon les consignes de tri et les technologies de recyclage actuelles, les premiers ne sont pas recyclables et ils doivent alors être éliminés avec les déchets résiduels, dans la poubelle tout-venant. Les seconds types de gobelets, quant à eux, peuvent rejoindre la collecte sélective des papiers/cartons, à condition toutefois de ne pas contenir de résidus de nourriture.

    À l’heure actuelle, les gobelets paraffinés du côté intérieur ne posent pas véritablement de problèmes lors du recyclage, en raison d’une présence infime de plastique dans le flux total des papiers/cartons usagés à recycler. Si les quantités de ce type de déchets venaient à augmenter fortement, le risque de perturber le processus de recyclage augmenterait aussi et des adaptations techniques deviendraient alors nécessaires (au niveau de la durée dans le pulpeur ou de la température par exemple). À ce sujet, les travaux de l’alliance « 4evergreen » en cours de réalisation au niveau européen visent justement à développer un protocole d’évaluation de la recyclabilité des matériaux pour les emballages à base de fibres. Grâce à cette initiative, il sera possible à courte échéance de préciser les types de matériau à base de fibres qui pourront réellement être recyclés, ainsi que les types de procédés industriels à mettre en œuvre.

    Les résultats de ces travaux seront notamment valorisés dans le cadre des travaux du groupe de travail « écomodulation » de la Commission interrégionale de l’emballage (IVCIE), qui comprend aussi les administrations régionales et fédérales concernées, Fost Plus, les fédérations représentatives des producteurs, distributeurs et entreprises privées de gestion des déchets, et les intercommunales de gestion des déchets. Le principe de l’écomodulation vise à adapter le montant de la cotisation des producteurs (le « point vert ») en fonction du caractère réutilisable et recyclable des emballages et de leur contenu en matières recyclées, tel qu’inscrit dans l’accord de coopération du 5 mars 2020 et l’agrément de Fost Plus.

    Il faut être extrêmement prudent avant de favoriser l’un ou l’autre type d’emballages ou de gobelets, sans disposer au préalable d’informations techniques robustes, en particulier sur leur propriété de recyclabilité ou de biodégradabilité, même si le produit est qualifié/vendu comme « emballage vert ». Ainsi, un gobelet en carton composé d’un film intérieur en bioplastique ne sera pas nécessairement recyclable ou compostable totalement. Ce film intérieur, quelle que soit sa nature, son origine ou sa composition est toujours composé de plastique, avec pour objectif premier d’assurer l’étanchéité du gobelet. Le fait que le film soit en bioplastique ne fera pas dissoudre le gobelet plus rapidement à l’échelle de la vitesse à laquelle fonctionne un pulpeur dans le processus actuel de recyclage. Dans ces conditions, la promotion de l’utilisation de ce type de gobelet est encore sujette à caution.

    En effet, la Commission européenne, dans son document d’orientation sur l’application des règles « Single Use Plastic », publié le 31 mai 2021, précisait que : « les plastiques biodégradables/biosourcés sont considérés comme des plastiques au sens de la directive sur les plastiques à usage unique. Actuellement, il n'existe pas de normes techniques communément admises permettant de certifier qu'un produit en plastique donné est correctement biodégradable dans le milieu marin dans un laps de temps court et sans causer de préjudice à l'environnement. »