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La détection de la détresse suicidaire

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 253 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 31/01/2022
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Grâce, notamment, au nouveau morceau de Stromae dont les textes traitent des pensées suicidaires, de nombreuses langues se délient quant à ce phénomène dramatique. En Wallonie, l'ASBL « Un pass dans l'impasse » parle effectivement d'un sujet tabou où les outils manquent pour appréhender la détresse suicidaire.

    Juste avant la crise sanitaire, l'ASBL en question avait lancé une initiative accessible à tous : devenir une sentinelle en prévention du suicide. Ainsi, tout citoyen volontaire, qu'il soit ou non issu des soins de santé, est formé à détecter la détresse suicidaire pour alors pouvoir alerter l'ASBL qui met en place une assistance psychologique.

    Plus de 200 citoyens ont déjà franchi le pas, parmi lesquels certaines personnalités qui en ont fait la promotion, comme l'animateur David Antoine. Après la réception de capsules vidéos ou une formation par visioconférence, ces volontaires sont mieux outillés pour détecter la détresse suicidaire, pour trouver les bons mots et pour aiguiller efficacement la personne en détresse.

    Je n'ignore pas les différentes initiatives qui sont prises, notamment en concertation avec les autres niveaux de pouvoir, mais je souhaiterais entendre Madame la Ministre quant à ce sujet précis. Si l'accès rapide à des soins médico-sociaux en matière de santé mentale fait partie des points repris dans la déclaration de politique régionale, la détection de la détresse suicidaire doit également faire l'objet d'une attention particulière.

    Qu'est-il mis concrètement en place pour prévenir et détecter la détresse suicidaire en Wallonie ?

    Quel est le regard de Madame la Ministre sur l'initiative de sentinelle ?

    La Région wallonne est-elle associée à celle-ci ?

    Comment informer les citoyens à détecter la détresse suicidaire ?
  • Réponse du 24/02/2022
    • de MORREALE Christie
    Comme l’honorable membre le sait maintenant, de nombreux facteurs de risque environnementaux, socio-économiques et de santé mentale (burnout, dépression) peuvent participer à la fluctuation du taux de suicide et ce n’est plus à démontrer, la situation sanitaire et plus récemment encore, les inondations qui ont touché notre pays jouent également un rôle vis-à-vis de l’anxiété de la population. Objectiver ces phénomènes n’est pas toujours aisé.
    Néanmoins, je n’ai évidemment pas attendu d’obtenir un recul objectif sur la situation avant d’intervenir et de proposer mon soutien à différentes initiatives.

    Je tiens tout d’abord à lui rappeler que le Gouvernement wallon est attentif à la santé mentale de nos citoyens. À ce jour, c’est plus de 20 millions d’euros supplémentaires qui ont été dégagés ces derniers mois afin de renforcer les services existants sur notre territoire.
    J’aimerais ainsi par exemple rappeler que depuis juin 2020, ce dernier n’a cessé de renforcer les services en place pour qu’ils puissent assurer leur mission de soutien et d’aide à la population dans les meilleures conditions possibles. Au total, près de 178 ETP ont pu être engagés pour soutenir la population, les professionnels et les personnes résidant notamment en institution que ce soit auprès des cellules mobiles d’intervention, des SPAD, des SSM, des MSP ou encore des CRF.

    Très sensible à la situation préoccupante que vivent l’ensemble de nos citoyens, le Centre de prévention et d’accompagnement du suicide « Un pass dans l’impasse » a lui aussi bénéficié de moyens supplémentaires pour le renforcement du centre d’accompagnement en prévention du suicide et le développement du projet « Sentinelles » qui a pour objectif notamment la mise en place d’un réseau de sentinelles en prévention du suicide pour les indépendants en détresse et de la population en général.
    Cette mesure initiée très rapidement après la première vague en Wallonie a été prise en exemple par le Gouvernement fédéral.

    En effet, cité en exemple, ce dispositif ‘Aide aux indépendants’ également assuré par l’ASBL « Un Pass dans l’Impasse », a traversé une période de renforcement durant 1 an par le Gouvernement fédéral afin de travailler à l’échelle du pays. Cette dimension fédérale a été soutenue par les Ministres Vandenbroucke et Clarinval et s’achèvera fin février 2022. Ce soutien permet d’offrir aux indépendants jusqu’à 8 séances de soins psychologiques chez un psychologue conventionné.

    À partir du 1er mars 2022, le dispositif de soutien psychologique pour indépendants en détresse continuera bien ses activités dans sa forme initiale. Dès lors, l’offre de soutien psychologique à destination des indépendants et de la population en général continuera sur le territoire wallon, grâce aux 2 ETP psychologues financés par la Région wallonne, mais aussi un budget récurrent octroyé en promotion de la santé.
    Le support psychologique préventif et proactif via la ligne téléphonique pour les indépendants en détresse comprendra à nouveau un numéro accessible gratuitement du lundi au vendredi de 8h30 à 17h00 : 0800.300.25.
    Ce service peut comprendre jusqu’à 4 séances en appel/visioconférence également gratuits, afin d’assurer un soutien psychologique continu et neutraliser une éventuelle crise suicidaire et si telle est la demande, une réorientation sera proposée vers une structure d’aide adaptée pour un suivi sur une plus longue durée.

    La mise en place d’un réseau de sentinelles en prévention du suicide vise aussi à renforcer la détection des personnes à risque suicidaire, à faciliter la demande d’aide professionnelle et à rendre ainsi l’offre de soins en santé mentale plus accessible en Région wallonne.
    Pour cette raison, ce dispositif unique et innovant consiste également à recruter des sentinelles en prévention du suicide auprès du grand public.

    En pratique, tout citoyen volontaire, quel que soit son profil peut être formé à détecter une personne en détresse suicidaire et à déclencher une alerte auprès d’ « Un pass dans l'impasse ». Cette alerte permet de diriger la personne en détresse vers une aide psychologique appropriée.
    La formation à suivre est simple, rapide, entièrement gratuite et à la portée de tous. Elle se donne en visioconférence par un psychologue de l'ASBL ou peut être suivie via de courtes vidéos consultables en ligne. Elle permet de découvrir les signes d'alerte pour détecter la détresse suicidaire, d'apprendre les mots à utiliser pour en discuter avec la personne en mal-être ou encore d'utiliser un formulaire qui permettra à tout moment de lancer une alerte auprès de l'ASBL.

    Le vendredi 4 février 2022 à midi, l’ASBL « Un pass dans l’impasse » a organisé un Facebook Live sur le dispositif Sentinelles pour répondre à toutes les questions que les personnes se posaient.
    Aujourd’hui, en termes de chiffres, le dispositif Sentinelles en prévention du suicide compte plus de 300 sentinelles actives au sein de la population et une centaine supplémentaire sont déjà inscrites aux sensibilisations prévues lors du premier semestre 2022. Aussi, l’équipe nous relate déjà 146 alertes déclenchées depuis la mise en place du dispositif en octobre 2020.
    Nous espérons évidemment que le phénomène va prendre de l’ampleur dans les prochaines semaines étant donné la campagne de communication en cours.
    En effet, comme l’honorable membre a pu le voir, des personnalités tels que David Antoine ou encore Gui-Home vous détend ont été sollicitées afin de faire connaître le projet.

    En plus d’ « Un pass dans l’impasse », la Région wallonne peut compter sur d’autres services comme les services de santé mentale, le numéro d’appel gratuit 107 des Centres téléaccueil, ou encore à des structures comme l’ASBL Agricall Wallonie qui viennent en soutien des agriculteurs en difficulté directement sur le terrain. Le secteur de la santé mentale peut compter sur ces forces vives et sur l’excellent travail que réalisent ces acteurs pour prévenir les risques suicidaires, accompagner les personnes en difficulté et soutenir les proches de personnes fragiles.

    Comme l’honorable membre, j’ai conscience que la lutte contre le suicide est essentielle dans notre région. Le suicide représente un problème majeur de santé publique et sa prévention, comme le souligne l’OMS, est devenue prioritaire et nous devons tout faire pour activer les leviers de prévention nécessaires. Tout comportement suicidaire ne peut être banalisé, mais doit, au contraire, être pris au sérieux et faire l’objet d’un suivi. Et ce, qu’importe la tranche d’âge concernée.