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Le fonds de croissance EPIMEDE II

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 298 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 31/01/2022
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    EPIMEDE est un fonds de croissance technologique lancé en 2015 par l'initiative de cinq investisseurs – BNP ParibasFortis, SFPI, Noshaq, Ethias et Integrale, qui aujourd'hui arrive au terme de sa période d'investissement, pouvait-on lire ce jeudi 20 janvier 2022 dans le journal L'Écho. En quelques chiffres, EPIMEDE, c'est un engagement total de 50 millions qui a généré plus de 230 millions d'investissements étrangers en Région wallonne, contribué à la création de plus de 400 emplois très qualifiés et a permis le dépôt de plus de 200 brevets.

    Une fois, encore, s'il y a besoin de le démontrer, la Wallonie est une terre d'opportunités et de savoir-faire indéniables. Sans compter le potentiel en développement économique, comme l'indiquent les investisseurs avec un taux de rentabilité interne moyen brut des deux dernières réalisations qui approchent les 25 %.

    Par ailleurs, EPIMEDE a œuvré à la réalisation de deux exits. D'une part la société liégeoise Diagenode cédée en mars 2021 au Groupe US Hologic qui ambitionne d'en faire une centre de recherche et développement et de production en Europe, d'autre part la société carolingienne NCardia cédée au fonds d'investissement américain Kiniciti, spécialisée dans la recherche et le développement de thérapie cellulaire.

    Il semble, au regard des résultats, qu'un EPIMEDE II soit envisagé dans les mois à venir.

    Mes questions visent à savoir quel regard porte la Région wallonne sur EPIMEDE et EPIMEDE II. Des investissements notamment en recherche et développement sont-ils en cours et en collaboration avec les sociétés soutenues par le programme EPIMEDE ? Quels en sont, le cas échéant, les résultats et objectifs attendus ?

    Par ailleurs, si l'on peut se féliciter des investissements étrangers dans les sociétés comme Diagenode ou N-Cardia, nous devons aussi anticiper que ces investissements pourraient produire la fuite de savoir vers l'étranger. Dès lors, des mesures visant assurer la pérennité et le maintien de ces entreprises en Wallonie sont-elles aujourd'hui envisagées ?
  • Réponse du 23/02/2022
    • de BORSUS Willy
    EPIMEDE I est un fonds wallon ayant pour vocation un investissement dans le capital privé de PME technologiques à potentiel de croissance et non coté avec un double objectif de rentabilité et d’ancrage local.

    S’agissant d’un fonds de second tour, EPIMEDE I privilégie la sélection de sociétés early stage dont le potentiel de croissance est démontré ou qui sont en croissance effective, avec un besoin d’investissement de l’ordre de 3 à 5 millions d’euros. Il ne noue ainsi de partenariats que lorsqu’il est susceptible d’apporter une réelle valeur ajoutée en matière de soutien à la croissance.

    Ce fonds fermé, existant depuis 2015 et arrivant au terme de sa période d’investissement, a réalisé en l’espace de 5 années, 9 investissements, tous situés en Région wallonne, représentant 50 millions d’euros au sein d’entreprises spécialisées dans le secteur des sciences du vivant, qui ont par ailleurs permis la création de plus de 400 emplois.

    EPIMEDE I a effectivement permis la sortie de deux sociétés que sont DIAGENODE et N-CARDIA par la cession à deux entreprises américaines reconnues dans le domaine ; d’autres sont encore à venir.

    Au cours de ces dernières années et du fait de sa politique « hands on » dans ses différents investissements, EPIMEDE I a gagné en légitimité. Son réseau s’est vu considérablement développé et sa stratégie n’a cessé d’améliorer sa crédibilité.

    Le fonds de croissance wallon spécialisé en Life science reste unique en ce qu’il allie la recherche d’une plus-value financière à la mise en place d’une stratégie pérenne et d’un ancrage industriel en Belgique.

    La composition de l’actionnariat de EPIMEDE I, constitué à la fois d’acteurs privés (BNP Paribas Fortis, Integrale, Ethias) et publics (SFPI, Noshaq), a été mise au point dans le but d’assurer la réalisation de ce double objectif.

    La réussite tangible d’EPIMEDE I conduit aujourd’hui ses actionnaires et parties prenantes à capitaliser sur l’expérience acquise et à envisager la constitution d’un fonds EPIMEDE II, en comptant sur l’implication des Invests Noshaq et Sambrinvest déjà très engagés dans le soutien au secteur des sciences du vivant.

    La future société anonyme EPIMEDE II (« société d’investissement sui generis ») aura pour objectif de lever et d’investir entre 90 et 140 millions d’euros au sein de PME en phase de croissance actives dans le domaine des « Life Sciences » en Belgique : biotech, pharma, med tech, diagnostic, e-health, services ou production, et cetera. Ce fonds pourrait notamment être constitué dès son démarrage par un apport de participations de Sambrinvest et de Noshaq.

    Sambrinvest et Noshaq, et plus généralement les Invests wallons, ont depuis leur création connu un développement constant leur permettant de se positionner comme des instruments financiers majeurs en Région wallonne. Acteurs de proximité, ils proposent des solutions de financement diversifiées, flexibles et adaptées aux besoins des PME, auxquelles ils apportent leur expertise technique et sectorielle dans le métier du financement d’entreprises.

    La Wallonie ayant fait des sciences du vivant l’un de ses axes majeurs de développement économique, l’écosystème wallon en « Life Science » n’a cessé de croitre depuis une dizaine d’années. C’est ainsi notamment grâce à l’action des Invests que des pôles dédiés importants se sont développés dans les bassins industriels historiques de Wallonie avec plusieurs infrastructures comme le CHU, le Légia Park, le Liège Science Park et Accessia du côté de Liège et avec BioPark du côté de Charleroi.

    Engagé depuis longtemps dans la conception et le développement d’un écosystème wallon des sciences du vivant en province liégeoise, l’implication de Noshaq a nécessairement eu un impact significatif en ce qui concerne l’évolution du fonds EPIMEDE I. L’Invest est devenu une référence sur le plan wallon dans le domaine du « Life science », qui compte aujourd’hui en Province de Liège 140 sociétés, dont une soixantaine participée par l’Invest liégeois. Cela représente près de 4 000 emplois directs en PME, avec un doublement de l’emploi sur 8 à 10 ans au rythme actuel de croissance.

    On peut ainsi souligner que les sciences du vivant continuent de représenter à l’heure actuelle plus de 30 millions d’euros de décisions d’investissement par Noshaq annuellement. Son ambition est par ailleurs de poursuivre le travail effectué et d’investir au cours des trois prochaines années encore davantage que ce qui a pu l’être jusqu’ici.

    Noshaq souhaite par conséquent renforcer et développer cet écosystème autour des 4 pôles/infrastructures majeurs, que sont le CHU, le Légia Park (CHC), le Liège Science Park et Accessia. Cette politique d’investissements significatifs veut pérenniser le succès de cet écosystème en y attirant de nouvelles entreprises, en comblant les maillons manquants dans la chaine de valeur ainsi qu’en renouvelant le flux de projets innovants.

    Cet écosystème biotech a par ailleurs démontré sa dynamique et son agilité pendant la crise Covid, sa capacité à se positionner dans des projets de développement pour viser un impact et des résultats à très court terme.

    De son côté, le site BioPark, installé à Gosselies, est également un exemple de réussite dans la création d’un écosystème sectoriel intégré, auquel Sambrinvest a largement contribué. Établi il y a bientôt 20 ans, le site était essentiellement consacré à la recherche académique. Aujourd’hui, un cinquième de la production européenne destinée aux thérapies géniques et cellulaires est produit au sein du BioPark. De plus, il accueille des acteurs majeurs du secteur comme la firme américaine Catalent, ayant racheté il y a peu la société Masthercell, une Spin-off de l’ULB créée en 2011. Le BioPark souhaite d’ailleurs doubler sa capacité d’accueil afin de multiplier les opportunités, de permettre aux entreprises présentes sur le site de continuer à croitre, mais aussi afin d’attirer les investisseurs étrangers.

    La participation conjointe attendue de Noshaq et Sambrinvest au sein du fonds EPIMEDE II démontre encore l’intention conjointe des deux Invests de concrétiser, avec l’aide de leurs partenaires, un rapprochement entre l’écosystème de Liège et celui de Gosselies afin d’assurer une prospection commune proactive qui amènera plus de sociétés sur chacun des pôles, mais aussi de maximiser l’importance des retombées économiques potentielles pour les deux sites.

    Nous devons nous réjouir que les sociétés wallonnes spécialisées en sciences du vivant attirent l’attention de grandes entreprises internationales ; il est incontestable que l’arrivée d’investisseurs étrangers démontre réellement l’attractivité de la Région dans ce secteur. Cela n’affecte pas pour autant l’ambition d’ancrage régional. En effet, les deux exits réalisés que sont Diagenode et N-Cardia continueront de grandir à Liège et à Gosselies. À titre d’exemple, le groupe Hologic, ayant racheté Diagenode, a annoncé son intention de multiplier la recherche de Diagenode en Belgique par quatre et la production par 50 et cela pourrait par ailleurs leur faire gagner 5 ans dans leur développement.

    De plus, certains freins objectifs de nature réglementaire et économique à la fuite des entreprises vers l’étranger existent. En effet, le système européen de réglementation des médications, de même que les règles imposées par la FDA, constituent des obstacles réglementaires à toute délocalisation des sociétés des sciences du vivant qui développent des produits innovants dits « non conventionnels » et les industrialisent en Wallonie. Pour ce type de produits, que nombre d’entreprises wallonnes développent, une délocalisation potentielle de l’unité de production qui a permis l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché du médicament nécessite en effet, sur le plan réglementaire, de conduire de nouvelles études cliniques extrêmement coûteuses.

    Cela permet d’assurer un ancrage local, dans la lignée de la politique d’investissement régionale déployée depuis de nombreuses années en matière de « Life Science ». À titre d’exemple, la société Uteron Pharma SA, basée à Liège, qui a mis au point et industrialisé un stérilet très innovant a été cédée en 2011 à la multinationale américaine Allergan. Pour les raisons précitées, 10 ans plus tard, son site de production du sterilet innovant Levosert est toujours basé à Liège et emploie près de 80 personnes. Les activités d’EPIMEDE I et d’EPIMEDE II s’inscrivent très exactement dans ce processus de création d’un nouvel écosystème intégré et attractif à l’échelle de la Région.

    Il est encore utile de rappeler que l’intervention d’EPIMEDE au sein des différentes sociétés se veut temporaire, à un moment clé du développement de l’entreprise ; le partenariat qui se développe crée de la valeur, pas uniquement sur le plan financier, et permet justement d’éviter un rachat prématuré de l’entreprise et la délocalisation de sa technologie. Aider l’entreprise à développer sa stratégie à ces moments décisifs permet justement d’assurer son ancrage pérenne en Région wallonne et son rayonnement au-delà de nos frontières.

    Un des objectifs du fonds EPIMEDE II sera également de poursuivre certains investissements de suivi dans des projets n’ayant pas encore atteint leur pleine maturité, pouvant être amené par l’équipe d’EPIMEDE un pas plus loin. C’est par exemple le cas d’IMCYSE : il s’agit d’une société créée en 2010 qui développe actuellement son étude clinique de phase 2 concernant un traitement d'immunothérapie contre le diabète de type 1. Il y a un peu plus d’un an, IMCYSE parvenait à conclure, lors d’un tour de financement d’extension, une levée de fonds de 21,3 millions d’euros et accueillait également PFIZER dans son capital. Les actionnaires existants d’IMCYSE avaient également participé à cette augmentation de capital, et notamment la SRIW, la SFPI, Noshaq, le fonds d'investissement néerlandais Life Sciences Partners, EPIMEDE ainsi que Biogenosis et la KU Leuven.

    Ainsi, l’arrivée d’investisseurs étrangers n’implique pas un retrait des acteurs wallons du financement. Au contraire, les entreprises wallonnes porteuses continuent à être soutenues par les outils financiers wallons dans la poursuite de la politique d’investissement régionale, et ce même après l’exit d’un fonds tel qu’EPIMEDE.