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Les filières de recyclage du lithium

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 302 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 31/01/2022
    • de MAROY Olivier
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Transition énergétique oblige, nos sociétés deviennent de plus en plus dépendantes de métaux rares comme le lithium. Cette substance est en effet essentielle au fonctionnement des batteries que l'on retrouve dans nos appareils électriques, notamment dans les nouvelles voitures. À terme, l'objectif est de remplacer les moteurs thermiques automobiles contribuant au réchauffement climatique par ces batteries électriques. On assiste donc à une augmentation constante de la demande globale de lithium.

    Le problème c'est que l'approvisionnement en lithium, ainsi que les autres métaux rares contenus dans les batteries, est loin d'être assuré. L'offre ne suit pas la demande et l'Europe est dépendante des principaux producteurs que sont l'Australie, l'Amérique du Sud et la Chine. Par ailleurs, l'extraction du lithium consomme beaucoup d'eau et pourrait engendrer des risques pour la biodiversité locale. Enfin, les composants d'une batterie au lithium peuvent se révéler nocifs pour l'environnement s'ils ne sont pas récupérés et correctement traités. Donner une seconde vie à ce lithium grâce à son recyclage est donc un enjeu majeur pour offrir une solution viable aux nouvelles technologies.

    Selon la Commission européenne, aujourd'hui, seulement 10 % du lithium contenu dans les batteries est recyclé.

    La Wallonie dispose-t-elle d'une filière de recyclage du lithium ? Des entreprises sont-elles actives dans ce secteur dans notre région ? Si oui, lesquelles ?
  • Réponse du 07/03/2022
    • de TELLIER Céline
    Avec le développement de la mobilité électrique, la mise sur le marché de batteries au lithium est en pleine croissance depuis quelques années. Par ailleurs, les demandes en capacité de recyclage ne cessent aussi d’augmenter et les filières de traitement existantes commencent à arriver à saturation.

    La Belgique ne compte actuellement qu’une seule installation pour le recyclage des batteries au lithium. Il s’agit de l’entreprise Umicore située à Hoboken en Flandre. D’autres entreprises sont également actives dans ce domaine en Europe, notamment en France et en Allemagne, mais les capacités de traitement disponibles deviennent insuffisantes pour absorber tout le gisement de batteries arrivées en fin de vie. Le développement de nouvelles installations de recyclage de ces batteries devient dès lors un véritable enjeu au niveau européen.

    Dans ce contexte, le cadre légal européen réglementant cette matière est en cours de révision. Actuellement, c’est la directive 2006/66 qui fixe les règles en matière de mise sur le marché et de recyclage des batteries. Son annexe III fixe les rendements de recyclage minimum à atteindre. Cependant, au moment de l’adoption de cette directive il y a plus de 15 ans, le marché des batteries au lithium était encore très peu développé. Dès lors, contrairement aux batteries au plomb ou au cadmium, la directive ne prévoit pas d’objectif de recyclage précis pour les batteries au lithium. Celles-ci sont inscrites dans la catégorie « autres piles et accumulateurs » pour lesquels un taux global de recyclage des batteries de 50 % est attendu. La directive ne fixe pas non plus d’objectif spécifique de recyclage pour l’élément lithium contenu dans les batteries.

    Cette directive est amenée à être remplacée prochainement par un règlement, lequel est actuellement en phase de négociation. Le projet de texte comporte plusieurs dispositions visant à réduire progressivement l’impact environnemental des batteries, dont celles au lithium. En matière de mise sur le marché, les batteries industrielles, automobiles et de véhicules électriques devront comporter une proportion minimale croissante de matériaux issus du recyclage, notamment pour le cobalt, le plomb, le lithium et le nickel. En matière de recyclage, le projet de règlement prévoit non seulement un taux de recyclage pour les batteries au lithium dans leur ensemble, mais il fixe également un second objectif de recyclage plus spécifique pour le contenu en lithium, afin que cet élément puisse être récupéré et utilisé comme matière première.

    Ce projet de règlement est donc un défi pour le secteur du recyclage, mais c’est aussi une opportunité que l’industrie wallonne est en train de saisir.

    En effet, les piles lithium-ion font l’objet d’une attention soutenue depuis quelques années, notamment parce que leur présence dans certains flux de déchets peut être cause d’incendie (smartphones qui prennent feu p.ex.). Quand elles ne sont pas triées et collectées sélectivement, on retrouve des batteries Li-ion principalement dans les déchets de ferraille issus des déchets d’équipements électriques et électroniques. Les piles peuvent également poser problème dans le flux des déchets de papier où elles peuvent être présentes par défaut de tri ou du fait de leur présence dans les cartes d’anniversaire musicales par exemple.

    À ce stade, il n’y a pas encore de solutions pérennes pour le recyclage des batteries au lithium en Région wallonne, mais les acteurs wallons de la R&D et de la gestion des déchets sont très actifs dans la recherche de solutions. En effet, plusieurs projets sont en cours de réalisation tel que le projet CROCODILE soutenu par l’Union européenne, dans lequel le groupe COMET cherche, avec 24 autres partenaires européens, à valoriser le cobalt contenu dans ces batteries. De son côté, le projet ECUME mené par l’Université de Liège, le Centre Terre et Pierre et COMET s’intéresse à l’extraction mécanique des cellules de batteries, leur pré-traitement physique et thermique et leur gestion par hydrométallurgie.

    En outre, parmi les projets déposés dans le cadre de l’appel à projets du plan de relance de la Wallonie « REVERSE METALLURGY + » et du développement de la chaîne de valeurs « métallurgie, métaux rares et batteries » de la récente stratégie Circular Wallonia, se retrouve un projet proposé par 11 partenaires wallons, qui vise également à apporter des solutions concrètes au recyclage de ces batteries, via la création d’une filière pourvoyeuse d’emploi et d’investissements. Ces projets seront prochainement examinés par un jury de sélection, avant d’être soumis à l’approbation du Gouvernement.

    Vu les ambitions affichées par la Région et le dynamisme des porteurs de projets, il apparait nécessaire que l’organisme de gestion des piles et batteries usagées BEBAT, qui est actif sur l’ensemble de la Belgique, s’intéresse davantage aux filières existantes ou en devenir au sud du Pays, en se mettant en rapport avec les acteurs concernés.