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La plantation de haies en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 304 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 31/01/2022
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Au travers du projet « Yes we plant », la volonté du Gouvernement est claire. Il faut densifier et améliorer notre trame verte par le biais de la plantation de haies vives, de taillis linéaires et d'alignements d'arbres. De très nombreux avantages écologiques (mais aussi économiques, voire sociaux) découlent de ce type d'initiative. Mais toutes les plantations sont-elles bénéfiques ? Non, bien sûr.

    Quels ne sont donc pas mon étonnement et ma surprise en apprenant la plantation de centaines de mètres de haies mono spécifiques de type thuya… Je n'ai logiquement pas trouvé cette espèce dans l'annexe 1 du vademecum de Madame la Ministre qui est relative à la liste les espèces indigènes éligibles pour la subvention à la plantation d'une haie vive, d'un taillis linéaire et pour l'entretien des arbres têtards. Cette plantation ne semble donc pas, et heureusement, être éligible à la subvention. Mais peut-elle s'intégrer dans l'objectif de 4 000 km de haies ? À son avis, doit-on encore recourir à de telles plantations ?

    Malgré la communication et la sensibilisation importantes ainsi que les publications réalisées, comment explique-t-elle que le message n'arrive parfois pas jusqu'à l'échelle locale ? A-t-elle connaissance d'autres initiatives similaires et peut-on chiffrer les plantations de haies non adaptées aux contextes locaux et à l'environnement au sens global ? Ne serait-il pas envisageable de passer à l'étape supérieure en régulant certaines essences d'un autre temps et qui n'ont absolument aucun impact positif, que ce soit environnemental, écologique ou paysager ?

    Fin 2021, la France a lancé le référentiel national des haies. Une initiative similaire est-elle à l'ordre du jour en Wallonie ? La couche cartographique « Arbres et haies remarquables (AHREM) » du géoportail wallon sera-t-elle mise à jour ?

    La distinction est ou sera-t-elle bien faite entre les essences bénéfiques pour la biodiversité et d'autres non pertinentes comme le ligustrum ou le thuya ?
  • Réponse du 07/03/2022
    • de TELLIER Céline
    Les plantations d’espèces exotiques telles que le thuya n’ont que peu d’intérêt pour notre biodiversité locale. L’objectif des 4 000 km de haies vise à promouvoir la biodiversité sur notre territoire, nous visons donc la plantation de haies indigènes et diversifiées. Dans ce cadre, l’arrêté du Gouvernement wallon relatif à l'octroi de subventions pour la plantation d'une haie vive, d'un taillis linéaire, d'un verger et d'alignement d'arbres ainsi que pour l'entretien des arbres têtards ne permet pas le subventionnement d’espèces exotiques. De plus, les haies monospécifiques, quelle que soit l’essence utilisée, ne sont pas non plus éligibles. Cette subvention a donc bien été réfléchie afin d’orienter les plantations vers une composition favorisant la biodiversité.

    Par ailleurs, le site Internet « Yes We Plant ! » reprend de nombreux conseils à la plantation, dont l’importance de planter des essences indigènes.

    La très grande majorité des plantations inscrites au compteur « Yes We Plant ! » ont été réalisées avec la participation de structures publiques ou semi-publiques (Natagriwal, GAL, parcs naturels, autres ASBL, communes, intercommunales, Provinces, SPW…) qui sont sensibilisées à la question du choix des essences, ou ont fait l’objet d’une subvention à la plantation ce qui assure leur diversité et l’indigénat de leurs essences.

    Malheureusement, malgré les opérations de sensibilisation, il apparait que le thuya reste une essence exotique plébiscitée pour son feuillage persistant. Elle est donc encore souvent implantée dans les jardins et il est difficile de lutter contre cette pratique. Au niveau du territoire wallon, il n’y a aucune décision visant à réglementer ce que les citoyens peuvent planter dans leurs jardins, excepté vis-à-vis de la vente des plantes exotiques envahissantes. Au niveau local par contre, certaines communes n’acceptent que les essences qui se trouvent dans l’annexe de l’arrêté de subvention à la plantation sur leurs territoires.

    Par rapport à la mention du Ligustrum, bien qu’il existe de nombreuses variétés exotiques, je voudrais préciser qu’il s’agit bien souvent de l’espèce indigène qui rend de nombreux services à la faune sauvage, surtout lorsqu’elle est taillée moins fréquemment. Elle peut alors porter des fleurs odorantes et de nombreux fruits.

    La cartographie des haies en Wallonie est réalisée périodiquement par le Service public de Wallonie au sein de la « Cartographie des éléments structurants du paysage ». Celle-ci est réalisée par photo-interprétation sur base d’une photographie aérienne de 2019. Une nouvelle version sera prochainement publiée sur WalOnMap. Les essences n’y sont cependant pas spécifiées.

    Pour compléter cette carte, il est prévu le développement d’un outil de cartographie partagé permettant de renseigner les haies récemment plantées qui ne peuvent se voir sur une cartographie aérienne. Cet outil de cartographie partagé sera testé prochainement.

    Pour terminer, la cartographie des arbres et haies remarquables spécifie explicitement les essences. Cette carte est mise à jour régulièrement, mais ne reprend que les haies listées comme remarquables et non toutes les haies remarquables au sens du Code wallon du Développement territorial.