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La prévention des chutes au sein des maisons de repos wallonnes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 261 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 02/02/2022
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    En maisons de repos, 70 % des résidents font au moins une chute par an selon les estimations. Si dans certains cas cela s'avère sans gravité, dans d'autres, les conséquences peuvent être plus importantes : fractures, hématomes, etc. Sans parler des séquelles psychologiques : perte d'autonomie, diminution de la confiance en soi…

    Alors que cela existe en Flandre depuis dix ans, une semaine de prévention des chutes a été organisée en Wallonie pour la première fois en avril dernier, cela dans le but de sensibiliser les professionnels de la santé. Cette initiative a été lancée par MinT, une startup qui a développé une solution de détection des chutes dans les résidences pour personnes âgées. Base sur un capteur 3D et une intelligence artificielle, ce système équipe des dizaines de lits dans des hôpitaux et MR et MRS du pays.

    Madame la Ministre était-elle au courant de cette initiative ?

    L'organisation de cette semaine de prévention des chutes a-t-elle reçu le soutien de la Région wallonne et/ou de l'AViQ ?
    Dans l'affirmative, de quelle manière ?

    Comment le personnel des MR/MRS est-il justement formé et sensibilisé à ces pratiques de prévention des chutes ?

    Des formations sont-elles organisées par l'AViQ ?

    Enfin, est-il envisageable selon elle, en concertation avec l'AViQ, de mettre en place des outils permettant de renforcer la prévention des chutes en MR et MRS, à l'instar de ce qui se fait en Flandre ?
  • Réponse du 09/03/2022
    • de MORREALE Christie
    Les chutes sont les accidents les plus fréquents chez les personnes de 75 ans et plus. Elles sont à la fois causes et conséquences de maladies, de blessures et de réduction de mobilité. Un risque de chute ou une chute survenue provoquent chez la personne âgée un sentiment d’insécurité et d’angoisse. Par la suite, la mobilité se réduit au minimum. Une mobilité réduite favorise à nouveau un risque de chute, il en résulte un cercle vicieux.

    Il est important de souligner que plus de 60 % des chutes se produisent au domicile (Education Santé, 2005). Nous savons aussi que plus de 30 % des personnes hospitalisées pour cause de chutes ne peuvent pas retourner à leur domicile. Une récente étude réalisée en 2017 par le Gouvernement fédéral révèle que 17 % des chutes ont lieu en maisons de repos et maisons de repos et de soins.

    Pour répondre à la question de l’honorable membre sur la mise en place d’outils visant à prévenir et limiter le nombre de chutes dans les établissements pour aînés, qu’elle sache que des formations continues, reconnues par l’AViQ, sont proposées aux professionnels du secteur.

    Enfin, dans la Règlementation wallonne, au chapitre XIII consacré aux « normes de qualité », il est spécifié que « la maison de repos ou la maison de repos et de soins tient un enregistrement du nombre de chutes » et « qu’une analyse du risque [de contention] est réalisée chez les résidents à risque notamment par les chutes à répétition ». C’est pourquoi, lors d’inspections réalisées par l’AViQ, la direction doit non seulement montrer qu’elle dispose d’un registre des chutes, mais aussi qu’elle met en place des actions visant à en réduire l’occurrence. À cet égard une étude réalisée en 2017 par l’AViQ révèle que 78 % des établissements ont mis en place une politique de prévention formalisée des chutes (rédaction d’une procédure pour éviter les chutes, mais aussi en cas de chutes), qu’elles font toujours l’objet d’un signalement écrit pour 96 % des MRS et que 69 % des établissements réalisent systématiquement une analyse des causes de la chute.

    Concernant son interpellation relative à la start-up bruxelloise « MintT » (« Medical Intelligent Technologies », un contact a bien été pris par mon Cabinet et l’AViQ. Cette société a développé un outil de haute technologie qui permet grâce à des capteurs de détecter les chutes des résidents et d’envoyer directement une alerte et des informations pertinentes à l’équipe de soins. Ce système est proposé, à titre exploratoire, à une dizaine d’hôpitaux et maisons de repos du pays. Selon la directrice de la maison de repos Saint-Joseph, située à Liège, qui utilise ce dispositif depuis l’année dernière, ce système permet de détecter les mouvements des résidents et d’intervenir directement en cas de chute. Une cellule « zéro contention » a d’ailleurs été créée dans l’établissement dans l’objectif d’analyser les circonstances des chutes et de trouver les moyens alternatifs pour sécuriser le résident.

    Ce système est toujours en cours de développement et nécessite des ajustements comme la clarification des conditions d’utilisation des images ou le coût supplémentaire à charge du résident.

    Pour ce qui est de la promotion de la santé, le WAPPS dédie son objectif 1.4 de l’axe 5 à la réduction de la prévalence des chutes chez les ainés. À cet effet, plusieurs actions sont proposées :
    1. implémenter des outils de dépistage de la fragilité et d’évaluation gériatrique globale ;
    2. appuyer les activités collectives qui favorisent le renforcement musculaire ;
    3. développer le dépistage des personnes à risque de chute par le médecin généraliste et le proposer aux personnes à partir de 60 ans ;
    4. développer et mettre en place un programme d’évaluation du risque de chute et d’intervention en maison de repos et de soins ;
    5. promouvoir et soutenir les initiatives pour apprendre aux personnes âgées à se relever seule lors d’une chute.

    C’est dans la dynamique du WAPPS qu’en 2020 et 2021, l’ASBL Educa Santé a proposé le programme « Vivre actif » ainsi que des ateliers « EquilibreS » en MR/MRS. L’ASBL a également rédigé une revue de la littérature sur la prévention des chutes chez les ainés. En outre, sur leur site web, une section « Maison de repos » verra le jour et accueillera notamment une boîte à outils qui aura pour objectif d’aider à l’implantation d’une culture de la sécurité et une politique de prévention des chutes au sein des établissements d’hébergement.

    En outre, plusieurs facteurs peuvent aboutir à une chute. Un des facteurs pointés par la littérature est la dénutrition. C’est pourquoi le Plan wallon nutrition santé et bien-être des aînés a notamment comme objectif de lutter contre les risques de dénutrition des personnes âgées en maison de repos.