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Les technologies de captage et d'enfouissement de CO2

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 312 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/02/2022
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'Islande, pionnière en la matière, héberge sur son sol la plus grande usine de captage de CO2 dans l'air ainsi que de son stockage. Si cette technologie ne fait pas l'unanimité, elle pourrait s'imposer peu à peu comme un des outils nécessaires pour contribuer à limiter le réchauffement climatique.

    En Islande, le captage du CO2 se fait tant dans l'air, qu'au point d'émission (à la sortie des usines). Une fois capté, le CO2 est réintroduit dans les roches basaltiques et stocké dans le sol. Le CO2 se transformerait ainsi en pierre en deux ans, alors que ce processus de minéralisation nécessite normalement des milliers d'années à l'état naturel.

    Madame la Ministre peut-elle nous informer sur l'opportunité et les possibilités de voir se développer en Wallonie, en dehors des procédés de valorisation industrielle du CO2, des technologies de captage et de stockage de CO2 semblables à celle de l'Islande ?

    Le sous-sol wallon, ou certaines de ses zones particulières, se prêtent-ils à cette technologie ?

    Si le captage et le stockage de CO2 ne sont probablement pas envisageables partout sur le territoire wallon, sont-ils possibles sur une partie de celui-ci ?

    Des projets sont-ils envisagés ou envisageables à ce sujet en Wallonie ? À l'instar de ce qui se fait en Islande, c'est-à-dire utiliser des anciens puits et galeries d'exploitations d'extractions, peut-on envisager de revaloriser les infrastructures déjà existantes, témoins de notre passé minier ?
  • Réponse du 07/03/2022
    • de TELLIER Céline
    Le pacte vert pour l’Europe prévoit une réduction d’au moins 55 % des gaz à effet de serre en 2030 et a l’ambition d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Les technologies de captage du CO2 et de son transport à des fins de stockage géologique ou de réutilisation auront un rôle certain à jouer pour atteindre ces objectifs. Toutefois, je tiens à insister que les enjeux prioritaires sont d’abord de réduire les émissions de CO2 « à la source » et d’ensuite de développer les technologies de stockage du CO2.

    Le procédé de stockage mis en œuvre en Islande l’est au sein de séries basaltiques très épaisses, présentant des zones microporeuses. Ces basaltes sont des roches issues du manteau terrestre, sous forme volcanique. On les retrouve principalement au niveau des planchers océaniques en extension. L’Islande est un point haut, émergé, du plancher océanique atlantique, de part et d’autre de la ligne d’émission de ces basaltes.

    Le procédé peut y être mis en œuvre dans certaines couches microporeuses, à des températures et pressions élevées. Ces conditions favorisent la diffusion du CO2 dans la roche ainsi que la réaction d’apparition de minéraux nouveaux intégrant ce CO2 dans leur composition.

    Il n’existe aucun contexte géologique semblable en Wallonie ou en Belgique, même à grande profondeur.

    Les seuls sites de stockage potentiellement intéressants connus en Wallonie sont :
    - les aquifères profonds, sachant que ceux-ci sont aussi la cible potentielle pour la récupération d’énergie géothermique de moyenne et haute températures ;
    - les couches de houille inexploitées, où l’injection et la séquestration du CO2 sur le charbon viendraient en complément d’opérations de captage de gaz naturel, pour en augmenter le rendement. Il s’agirait toutefois de tonnages peu importants au regard de la production de CO2.

    De plus, en pratique, les possibilités de séquestrer du CO2 dans les anciens volumes miniers exploités pour le charbon sont inexistantes. En effet, les volumes de vides sont insuffisants et présentent un risque important de connexion avec la surface et les aquifères superficiels du fait de la fracturation des terrains dans la zone d’influence des travaux miniers. Les fuites seraient inévitables, et ce, dans un sillon houiller wallon aujourd’hui densément peuplé.

    Aucun projet de stockage n’a été présenté en Wallonie depuis l’adoption du décret du 10 juillet 2013 relatif au stockage géologique du dioxyde de carbone. Seul le cimentier Holcim avait, en 2010, acquis la concession de mines de houille de Saint-Denis, Obourg, Havré, au droit de la cimenterie, en vue d’y faire des tests d’exploitation de gaz et de séquestration de CO2. Toutefois, aucune demande n’a encore été introduite par Holcim en ce sens.

    Le potentiel de stockage in situ sur le territoire wallon est donc faible et pourrait, s’il est mal étudié, présenter des risques de fuites. Il est nécessaire également de préserver l’exploitation potentielle d’autres ressources naturelles comme la géothermie. Néanmoins, il existe des solutions de stockage de CO2 ailleurs, notamment dans d’anciens champs gaziers en mer du Nord, en Norvège ou dans d’autres régions d’Europe.