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Les effets du bruit sur la santé

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 307 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 02/02/2022
    • de EVRARD Yves
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le bruit environnemental constitue un enjeu de santé publique majeur dont les effets chroniques sur notre santé ont été pendant longtemps sous-estimés. Celui-ci représente pourtant, en termes d'impacts sur la santé de la population, le deuxième facteur de risque environnemental au niveau européen. Le bruit environnemental se situe ainsi juste derrière la pollution de l'air et devant des facteurs de risque tels que l'ozone, le plomb ou encore la dioxine.

    Le bruit environnemental a de nombreuses répercussions à court et long terme sur notre santé qui vont de la simple gêne aux maladies cardiovasculaires (hypertension, maladies cardiaques ischémiques, AVC) et aux troubles cognitifs chez l'enfant.

    En 2015, une étude commanditée par l'Observatoire de la santé et du social de Bruxelles-Capitale a démontré qu'en Région Bruxelles-Capitale, plus de 228 000 personnes ont été fortement gênées par le bruit lié au transport routier. Si l'on additionne les impacts en termes de gêne liée au bruit et de perturbations du sommeil, le bruit environnemental lié au transport routier seul a causé la perte de plus de 10 103 années de vies perdues en bonne santé pour l'année 2015.

    Pour la Wallonie, on parle de 660 000 habitants exposés à plus de 55 décibels le long des axes routiers dont le trafic dépasse les 3 millions de véhicules par an, 18,7 % de la population. Le problème est sérieux.

    Le plan de 2021 visait à dégager 23 millions d'euros pour la mise en place d'écrans antibruit sur les axes les plus problématiques. Le Gouvernement prévoit également de mettre à jour les cartographies du bruit en juin 2022 dans le cadre du nouveau plan de 2023. Mais de nombreux Wallons ne sont pas épargnés par le bruit et les investissements à réaliser sont colossaux afin de préserver la santé de nombreux Wallonnes et Wallons.

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance de ces effets conséquents du bruit environnemental pour la santé ?

    En 2016, Bruxelles a estimé le coût sociétal à 500 millions d'euros, ne faudrait-il pas investir plus pour réduire cette pollution ?

    Au vu de l'étendue de ce phénomène et des investissements colossaux, a-t-elle d'autres solutions pour limiter le bruit environnemental lié au transport routier ?

    Étant donné l'importance des effets sur la santé, a-t-elle déjà eu des échanges avec sa collègue Christie Morreale sur le sujet ?
  • Réponse du 07/03/2022
    • de TELLIER Céline
    À partir de certains seuils, le bruit environnemental entraîne de la gêne, mais aussi des effets néfastes sur le sommeil, les fonctions cognitives, le système cardiovasculaire et les défenses immunitaires des personnes exposées à long terme. Les agglomérations constituent des zones sensibles en raison du cumul de diverses sources de bruit (transport, activités économiques…) et d'une densité d'habitants élevée.

    Dans la plupart des pays européens, le bruit est cité comme la nuisance environnementale numéro 2, juste après la pollution atmosphérique. Dans les grandes villes, il occupe souvent le haut du podium.

    Par ailleurs, le bruit frappe davantage les populations précarisées, plus souvent implantées à proximité des voies de communication ou d’industries bruyantes que la moyenne de la population.

    En conséquence d’une directive européenne "bruit" 2002/49/CE, la Wallonie a élaboré une cartographie du bruit. Celle-ci concerne, à ce stade, le bruit situé le long des axes routiers et ferroviaires fréquentés par un trafic à haut débit. Le but de ces cartographies consiste à identifier les points noirs et d’y développer des plans d’action.

    La mise à jour des cartes d'exposition au bruit est réalisée tous les 5 ans. La prochaine est prévue pour 2022. Elle intégrera les changements méthodologiques destinés à l'adoption de méthodes communes d’évaluation du bruit par les États membres de l'Union européenne (directive (UE) 2015/996).

    L’Agence européenne de l’environnement estime possible d'obtenir une diminution de 5 dB(A) dans la plupart des situations à problème en Europe en travaillant sur les points suivants : la révision des normes de bruit, le renforcement de l’inspection technique, l’amélioration de la qualité des pneus et des revêtements routiers (un enrobé drainant permet de réduire le bruit tout en améliorant la sécurité routière), l’amélioration de la gestion du trafic (limitations de vitesse, coordination des feux de signalisation…), le placement d’écrans anti-bruit, et cetera.

    Ainsi, le plan de 2021 visait à dégager 23 millions d'euros pour la mise en place d'écrans anti-bruit sur les axes les plus problématiques. Ces travaux sont financés et coordonnés par le SPW MI.

    La diminution globale du trafic devrait atteindre au moins 40 % pour que les niveaux de bruit baissent significativement. Or, entre 1990 et 2009, les déplacements de personnes en Wallonie ont augmenté de 40 %.

    En ce qui concerne le réseau ferroviaire, c’est le travail sur les trains de marchandises qui est prioritaire. En effet, ils présentent des convois plus longs, plus lourds et exigeants de plus longues distances de freinage que les trains de voyageurs. L’une des voies suivies consiste à remplacer les blocs de freins en fonte par des matériaux composites. Depuis la libéralisation du transport de marchandises par rail (2007), la plupart des mesures de ce genre sont toutefois soumises à des décisions européennes.

    En ce qui concerne les aéroports, la directive n’impose aucune cartographie à ce stade. À partir de 2004, les Plans d’exposition au bruit (PEB) en Région wallonne, révisés tous les 3 ans, ont permis d’offrir des mesures d’accompagnement facultatives aux riverains les plus incommodés : insonorisation ou procédure de rachat par la Wallonie. Des mesures d’encadrement (limitation du bruit à la source) sont également en vigueur : restrictions horaires, exclusion de certains appareils, contrôles des émissions sonores.

    En conclusion, les actions à mettre en œuvre pour limiter les conséquences du bruit sur la santé ne peuvent donc se faire qu’en concertation avec les autres ministres wallons et/ou fédéraux puisqu’il faut considérer les répercutions que peuvent avoir ces décisions sur les autres aspects de la vie économique et sociale.