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La zone de baignade en Meuse à Jambes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 325 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/02/2022
    • de HAZEE Stéphane
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En vue de répondre à l'objectif affiché dans la Déclaration de politique régionale concernant l'extension des zones de baignade en Wallonie, une campagne de prospection et d'analyse est intervenue durant la saison balnéaire 2021 sur 9 sites.

    En décembre dernier, Madame la Ministre m'informait des résultats de cette campagne, au travers d'une réponse à une question écrite. Nous apprenions ainsi que la Haute-Meuse à Jambes, face à l'île Vas-tî-Frotte a à ce stade obtenu la qualité « insuffisante ». Elle tempérait toutefois l'analyse en rappelant que nous avons connu, en 2021, un été particulier sur le plan météorologique, ce qui a eu des conséquences sur la qualité des eaux étudiées. Elle a ainsi souligné que « Ces pluies exceptionnelles, ces températures trop basses, ces débits élevés et le manque d'ensoleillement riche en UV sont des facteurs bien connus pour leur impact négatif sur la qualité des eaux de baignade, en particulier sur les zones situées en rivière. »

    Au vu de ces conditions particulières, elle concluait en indiquant que le suivi des différents sites prospectés devra être prolongé en 2022.

    À Jambes, le site de l'ancienne caserne face à l'île Vas-tî-Frotte présente un potentiel très important en matière de tourisme et de loisirs. Poursuivre les analyses en vue d'une reconnaissance future en tant que zone de baignade est à notre sens nécessaire et opportun.

    Madame la Ministre peut-elle confirmer qu'une nouvelle campagne d'analyse sera organisée en 2022 en Meuse à Jambes ?

    Peut-elle en détailler les modalités ?

    Quelles sont dès lors les perspectives pour ce site ?

    Ses services sont-ils en contact avec la Ville de Namur et avec le SPW MI ?
  • Réponse du 15/03/2022
    • de TELLIER Céline
    Le site prospecté sur la Haute-Meuse à Jambes, face à l'île Vas-t'y-frotte, est situé en rive droite, sur le bras de Meuse de 700 mètres de long qui est dorénavant réservé aux loisirs nautiques sans moteur (kayak, paddle, voile, etc.). Vu sa situation proche du centre de Namur, ce site a en effet un potentiel très important en matière de loisirs nautiques et de tourisme.

    * Monitoring du site

    Après deux années de prospection comme zone potentielle de baignade en 2020 et 2021, le site a obtenu sur la base de ces deux saisons la « qualité insuffisante » au sens de la directive européenne sur la qualité des eaux de baignade (2006/7/CE). Ceci est lié à des contaminations d’origine fécale venant de l’amont, notamment lors de fortes pluies : débordements d’égouts via les stations de pompage et les déversoirs d’orage, rejets d’habitations toujours non raccordées à l’égout en zone d’assainissement collectif, rejets d’habitations non équipées de systèmes d’épuration individuelle en zone d’assainissement autonome, absence de collecteur et de station d’épuration collective INASEP pour traiter les eaux usées du village de Dave, possibles rejets illégaux de gadoues de fosses septiques dans la Meuse, etc.
    Cependant, la prospection a eu lieu durant deux saisons de baignade successives qui n’étaient pas représentatives d’un été normal : l’été 2020 a été marqué par une très forte sécheresse alors que l’été 2021 a été le plus pluvieux jamais enregistré par l’IRM depuis 1833. Au vu de ces conditions météorologiques particulières, le suivi de ce site de Jambes sera prolongé durant la saison 2022.
    En 2021, il y a eu 10 échantillons prélevés toutes les 2 semaines durant la saison balnéaire, soit à une fréquence bimensuelle.
    Pour la saison 2022, il est envisageable de passer à une fréquence hebdomadaire afin de mieux surveiller les fluctuations de qualité et leurs causes. Il est également envisageable de prélever des échantillons en amont à différents « points d’enquête », notamment en amont et en aval de la confluence du ruisseau d’Amée, en vue de connaître l’impact du déversoir d’orage se rejetant dans ce ruisseau proche en cas de fortes pluies et envisager des solutions techniques probablement fort coûteuses sur le réseau d’égouttage en amont.

    * Perspectives du site

    Vu les normes bactériologiques très sévères de la directive européenne sur la qualité des eaux de baignade et l’assainissement des eaux usées encore défaillant en amont, la résolution des problèmes de qualité de l’eau de baignade nécessitera des investigations poussées et coûteuses, notamment par endoscopie du réseau d’égouttage de Jambes (notamment dans le quartier d’Amée) et des travaux afin de limiter les débordements d’égouts lors de fortes pluies (surverses d’orage provenant des stations de pompage et des déversoirs d’orage INASEP). Il faudra aussi des investissements importants à long terme pour traiter les eaux usées du village de Dave (rôle de l’INASEP et de la SPGE).

    Si après trois années de prospection, il se confirme qu’il sera impossible à court terme d’atteindre la qualité « suffisante » de l’eau, il faudra renoncer dans l’immédiat à une zone de baignade en eau libre et modifier le projet afin de garantir une bonne qualité de l’eau en tout temps durant la saison estivale.

    Étant donné le grand potentiel du site, la Ville de Namur a mandaté le BEP (Bureau économique de la Province de Namur) pour mettre sur pied un projet de baignade aménagée.

    Le BEP a d’abord examiné auprès de fournisseurs potentiels la possibilité de création d’une structure flottante démontable, délimitant par des boudins une zone de baignade en contact avec les eaux de la Meuse. Un système de filtration et de désinfection des eaux de la Meuse à l’aide d’UV a été étudié, mais il s’avère impossible de traiter l’eau correctement en raison des entrées multiples d’eau de Meuse dans le dispositif envisagé (voir exemple sur https://www.dockmarine-europe.com/fr/catalog/c37~baignade-flottante) et également en raison du débit important de la Meuse passant à travers cette structure.

    Donc ce projet doit malheureusement être écarté puisque la qualité de l’eau de Meuse est insuffisante pour la baignade à cet endroit.

    Le BEP s’oriente à présent vers un autre projet, à savoir une piscine flottante, mais étanche, sans contact avec les eaux de Meuse, par exemple une piscine aménagée dans une barge fluviale à fond plat transformée en « bateau de baignade », comme à Berlin (« Badeschiff ») ou à New York (« Floating Pool Lady » sur l’East River, au parc de Barretto Point dans le Bronx).

    Cette piscine devra être alimentée avec une eau de qualité équivalente à l’eau de distribution et désinfectée au moyen de systèmes traditionnels ou innovants, tout comme pour les piscines de plein air « classiques ».

    La construction et le fonctionnement d’une telle piscine sont soumis aux dispositions de « l’Arrêté du Gouvernement wallon du 13 juin 2013 déterminant les conditions sectorielles relatives aux bassins de natations couverts et ouverts utilisés à un titre autre que purement privatif dans le cadre du cercle familial, lorsque la surface est supérieure à 100 m² et la profondeur supérieure à 40 cm » (rubrique n°92.61.01.02). S’il se concrétise, ce projet devra donc obtenir un permis d’environnement de classe 2 auprès de mon administration et il ne s’agira plus d’une zone de baignade au sens du Code wallon de l’Eau.

    Enfin, l’agent responsable de la gestion des eaux de baignade au sein de mon Administration est bien en contact régulier avec la Ville de Namur, le BEP et la Direction des Voies hydrauliques de Namur, qui est le gestionnaire de la voie d’eau de la Haute-Meuse.