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Les perspectives de développement de la biométhanisation en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 435 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/02/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    En Wallonie, des agriculteurs se tournent vers la biométhanisation pour accéder à l'autonomie énergétique. L'objectif est aussi de se raccorder au réseau de gaz pour y revendre leur biométhane. Trois exploitations belges le sont actuellement dont la dernière, la première wallonne, une exploitation semi-industrielle située à Frasnes-lez-Gosselies depuis août dernier.

    Est-ce une filière d'avenir ? Quelle est l'ambition de la Wallonie ? On évoque 25 % du réseau gaz d'ici 2030, est-ce réalisable ? Quel est le potentiel wallon, voire national ? Les lourdeurs administratives seraient un des freins importants. Comment dès lors permettre l'accélération du développement de la filière ?

    Aujourd'hui, la question de l'approvisionnement en gaz naturel inquiète ; la biométhanisation ne doit-elle pas devenir une des priorités régionales ?

    Monsieur le Ministre a-t-il eu de récents échanges avec le secteur ?

    Des mesures de soutien ont-elles été mises en place ?
  • Réponse du 17/03/2022
    • de HENRY Philippe
    Tout d’abord, il est tout à fait vrai que des agriculteurs wallons se tournent vers la biométhanisation afin d’y revendre leur biométhane sur le réseau de gaz. On compte cependant, à ce jour, trois de ces exploitations en Wallonie. Il y a, en effet, la biométhanisation du Bois d’Arnelle située à Frasnes-lez-Gosselies qui injecte environ 450 Nm3/h, mais aussi celles de Cinergie à Fleurus et de Vanheede à Quevy-le-grand qui fournissent respectivement environ 450 et 500 Nm3/h sur le réseau de gaz. Cela équivaut à 1400 Nm3/h de biométhane injecté au total pour le territoire Wallon.

    Concernant le potentiel wallon, je renvoie l’honorable membre vers l’étude confiée par Gas.be à Valbiom portant sur le potentiel du biométhane en Belgique. Selon cette étude, en tenant compte des limites agronomiques, économiques ou encore techniques, on peut envisager un potentiel réaliste de 15,6 TWhPCS (dont un peu plus de la moitié en Wallonie). Injecté dans les réseaux de gaz, cela équivaudrait à 9 % du gaz naturel consommé en Belgique en 2017.

    À sa question de savoir si la biométhanisation ne doit-elle pas devenir une des priorités régionales ?, la réponse est oui. Elle est prioritaire au même titre que toutes les filières renouvelables comme notamment l’éolien et le photovoltaïque pour atteindre nos objectifs en 2030. Cependant, concernant la biométhanisation, contrairement au vent et au soleil, la ressource nécessaire à son fonctionnement est, quant à elle, limitée.

    Le potentiel évoqué dans le cadre de l’étude menée par VALBIOM reste malgré tout relativement théorique et ne tient pas compte de contraintes spécifiques, comme la disponibilité du réseau de gaz naturel. Toutefois, il semble être difficile de supposer que 25 % de l’approvisionnement global pourra être, à terme, assuré. Pour atteindre un tel pourcentage, il faudrait capitaliser l’intégralité des ressources biométhanisables (exploitations agricoles, unités de valorisation de déchets ménagers et centre d’enfouissement technique) et diminuer significativement la consommation en gaz naturel.

    Dans tous les cas, mes services et moi-même avons des contacts avec le secteur afin de répondre au mieux aux enjeux, enjeux encore renforcés par le cadre législatif européen d’une part et la crise énergétique que nous connaissons actuellement d’autre part.

    Finalement, concernant les mesures de soutien mises en place, il en existe actuellement trois. La première, relative aux installations de biométhanisation aux fermes produisant moins de 10 kW et dont la production est auto-consommée, est une aide octroyée par le SPW ARNE (régime ADISA). La seconde, à propos des autres installations de biométhanisation, est une aide octroyée par le SPW EER via le régime des incitants destinés à favoriser la protection de l’environnement et l’utilisation durable de l’énergie. La troisième aide, est une aide aux producteurs grâce aux certificats verts, si l’utilisation du gaz injecter sur le réseau se fait avec des cogénérations. Ce soutien est géré par le SPW TLPE.

    Mais il semble acquis qu’il faudra renforcer les dispositifs de soutien afin de permettre à cette filière de participer pleinement à la transition énergétique et climatique.