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L'augmentation des conducteurs sous l'emprise de drogues en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 183 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 10/02/2022
    • de BERNARD Alice
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Une étude publiée récemment par l'institut Vias indique que 19 % des jeunes conducteurs wallons (âgés de 18 à 34 ans) conduisent sous l'emprise de drogues. Ce sont principalement des hommes qui sont concernés vu que près d'un tiers des jeunes conducteurs masculins wallons prennent le volant sous influence, un chiffre qui a doublé en un an. On décèle notamment l'augmentation récente de la prise de gaz hilarant chez ces conducteurs.
    De plus, une grande majorité de ces jeunes conducteurs (64 %) combine cette consommation de drogues avec une consommation d'alcool.

    Le Ministre fédéral Gilkinet a indiqué vouloir mettre en place davantage de contrôles, mais il est clair que c'est surtout de prévention dont nous avons besoin pour lutter contre ce phénomène.

    Quelles mesures Madame la Ministre va-t-elle prendre afin de renforcer la prévention à destination de ces jeunes conducteurs ?
  • Réponse du 08/03/2022
    • de DE BUE Valérie
    La conduite sous l’influence de drogues constitue une problématique centrale en matière de sécurité routière depuis plusieurs années.

    Cette étude menée par Vias confirme la nécessité de poursuivre et intensifier les mesures de prévention et de sensibilisation à cet égard, particulièrement à destination des jeunes.

    Le cannabis est la drogue la plus couramment consommée en Wallonie. Il concerne surtout les 15-24 ans (12 %), mais s’observe également chez les 25-34 ans (7 %) ainsi que les 35-44 ans (5 %). L’usage est effectivement plus fréquent chez les hommes que chez les femmes.
    On constate également que la conduite sous influence de drogues et sous l’effet de gaz hilarant se rencontre davantage en ville qu’en milieu rural.

    Par ailleurs, l’étude de Vias montre, comme l’honorable membre le relève, ce constat particulièrement inquiétant en matière de sécurité routière : une proportion importante de conducteurs combine alcool et drogues. Or, ce mélange constitue un cocktail explosif qui surmultiplie le risque d’accident (entre X20 et X200).

    Dans ce contexte, la « sensibilisation » représente effectivement un enjeu important aux côtés du volet « contrôles/sanctions ».

    C’est pourquoi, l’AWSR mène, chaque année, des campagnes de sensibilisation spécifiques portant sur la conduite sous l’influence d’alcool et de drogues. La dernière en date a été menée en décembre 2021. Elle visait à motiver les Wallons à ne pas prendre le volant sous emprise de l’alcool ou de la drogue pendant les fêtes de fin d’année. La campagne comprenait notamment :
    - Un spot vidéo diffusé sur les réseaux sociaux ;
    - Des affiches le long des autoroutes et routes secondaires en Wallonie ainsi que de l’affichage à des endroits clés (hypermarchés, centres commerciaux … ;
    - La distribution d’(auto)éthylotests pour stimuler directement les conducteurs à réfléchir à leurs enjeux avant de prendre la route.

    La problématique de la conduite sous influence est également régulièrement abordée par l’AWSR à travers ses réseaux sociaux, son site internet et les émissions Contacts diffusées sur la RTBF. Notez que ces émissions sont systématiquement relayées sur le site de l’AWSR ainsi que sur sa page Facebook afin de toucher le plus grand nombre de personnes.

    En 2022, cette problématique sera à nouveau abordée dans les campagnes et actions spécifiques de l’AWSR, notamment au travers de campagnes de sensibilisation multimédias, menées lors de la période estivale et lors des fêtes de fin d’année.

    Il est en effet primordial de conscientiser les (jeunes) conducteurs sur ces effets secondaires et sur les conséquences pouvant être fatales tant par le conducteur consommateur que pour les éventuels passagers ainsi que tous les autres usagers qui vont croiser sa route.

    Depuis 2020, l’AWSR propose, par ailleurs, divers modules de formation, dont un spécifique sur le thème de la conduite sous influence au sens large (drogues, alcool et médicaments). Ce module, adapté en fonction du public cible, est notamment proposé aux jeunes pour lesquels l’accent est particulièrement mis sur l’alcool et la drogue au volant.

    Via ce nouveau département « formation », l’AWSR se positionne comme un partenaire clé des associations, institutions, entreprises, d’une part, et du secteur public, d’autre part, dans leur prise de conscience de leur rôle et de leur véritable contribution à une mobilité plus sûre.

    Une équipe pluridisciplinaire de 6 experts de terrain et de pédagogues, en accord avec leur temps, utilisent des méthodes et outils variés qui favorisent l’interaction et le vécu de l’expérience dans le souci de générer des comportements plus responsables sur les routes.

    Ces formations se veulent évolutives compte tenu du contexte et de la société. Aussi, dans la mesure où il est constaté que la consommation de gaz hilarant grandit, cette thématique y est incluse, principalement dans les messages à destination des jeunes. La combinaison alcool/drogue/gaz et ses répercussions graves sur la capacité de conduite se trouve également au centre des discussions.

    À travers l’ensemble des actions de prévention, formations et campagnes de sensibilisation à la conduite sous influence qu’elle mène, l’AWSR vise donc, en tout temps, à inciter les conducteurs, non seulement à ne pas prendre le volant sous l’effet d’alcool, drogue ou médicament, mais aussi à anticiper leur retour à la maison lors d’un évènement festif, de manière à ne pas être confronté aux risques liés à la conduite sous influence.

    Au-delà de ces actions, les contrôles policiers restent nécessaires pour diminuer les risques. L’objectif étant toujours de sensibiliser et informer des dangers de la drogue au volant.

    À cet effet, les travaux réalisés dans le cadre des États généraux wallons de la Sécurité routière ont mis en avant l’intérêt pour la police de s’équiper et de faire usage de collecteurs salivaires lors des contrôles. Ceux-ci rendent en effet immédiate tant la détection que la sanction, et donc la mise à l’écart, sur la route, de la personne sous influence.

    Face à la généralisation et à la banalisation de cette consommation, il me paraît opportun de systématiser le contrôle lors des interpellations policières, afin de mieux cerner l’ampleur du phénomène, pour mieux lutter contre celui-ci. Ce contrôle systématique ne relève néanmoins pas du cadre de mes compétences.

    Je poursuis, par ailleurs, mon travail sur les 10 mesures prioritaires développées à l’issue des États généraux de la Sécurité routière et notamment le renforcement de la prévention en matière de conduite sous influence de l’alcool.

    Cela passe avant tout par la promotion du zéro préventif et par le renforcement des actions concertées de sensibilisation Police et AWSR afin de produire un changement de mentalités. C’est en effet en combinant le renforcement du dispositif permettant de contrôler la conduite sous influence de drogue avec les sanctions et les actions de sensibilisation que les comportements évolueront et que des résultats en faveur de la sécurité routière seront obtenus.

    Les investigations sur l’opération pilote visant l’utilisation de bornes éthylotests se poursuivent également. J’ai tout récemment rencontré une jeune startup qui a conçu la première borne éthylotest connectée en Europe.

    En outre, le brevet que je souhaite proposer aux jeunes de l’enseignement secondaire autour de la notion du partage de la route, en cours de réflexion pour 2023, contiendra inévitablement une thématique liée à la conduite sous influence, en ce compris la consommation de drogues.

    Dans l’intervalle, soulignons que diverses associations proposent des actions en Éducation à la Mobilité et à la Sécurité routière, soutenues financièrement via un appel à projets lancé annuellement à destination des ASBL et communes, visant notamment à sensibiliser les jeunes à la conduite sous influence.