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Le manque d'incitants financiers régionaux au secteur du jeu vidéo

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 325 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/02/2022
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En 2020, il y avait en Belgique 84 studios, éditeurs, fournisseurs de services et incubateurs dans le secteur des jeux vidéo contre 95 un an auparavant.

    Malgré le fait qu'il y ait moins d'acteurs, le chiffre d'affaires a progressé de 17 % à 82 millions d'euros. Cette hausse est attribuable en grande partie au plus grand acteur du secteur, Larian Studios à Gand.

    Beaucoup d'entreprises ont connu une belle croissance. Néanmoins, la plus grande part des entreprises de jeux vidéo en Belgique se situent en Flandre (71 %).

    Ce retard peut notamment s'expliquer par un manque d'accès au financement et de structuration du secteur puisque des formations de qualité existent, avec des centres de formations qualifiantes tels que Technobel, Technocité ou Technifutur, ainsi que la Haute École Albert Jacquard à Namur qui forment les développeurs de jeu vidéo.

    Mais, une fois que ces jeunes sont diplômés, ils partent bien souvent aux États-Unis, au Canada ou en France au sein de grandes entreprises du secteur à la recherche permanente de créatifs qualifiés.

    En 2021, Monsieur le Ministre avait déclaré soutenir le développement du secteur du jeu vidéo et de l'E-Sport en particulier par l'intermédiaire de Walga et développer un budget de 4 millions d'euros pour des appels à projets à destination du secteur du Gaming. Quelle est la situation de cet appel à projets ?

    Qu'en est-il de la consommation de cette enveloppe ? Prévoit-il de la réalimenter pour 2022 ?

    Ne faudrait-il pas dédicacer une structure au sein de nos outils économiques avec des moyens conséquents pour soutenir la création et la croissance de start-up ou de jeunes sociétés actives dans le gaming ?

    Par ailleurs, le « green gaming » a été abordé lors de la COP26. Quelles initiatives prévoit-il pour inciter nos entreprises du secteur à développer ce concept en Région wallonne ?
  • Réponse du 09/03/2022
    • de BORSUS Willy
    L’essor du jeu vidéo en Belgique est indéniable. D’après nos chiffres, le nombre de studios de développement de jeux vidéo est passé de 65 en 2014 à 84 en 2020, mais la présence est moindre en Wallonie avec 17 studios, contre 7 à Bruxelles et 60 en Flandre.

    Les emplois ont progressé sur la même période de 400 à 825 ETP et le chiffre d’affaires de 44 à 82 millions d’euros. Relevons que le studio Appeal à Charleroi, créé en 2018 avec le soutien de Wallimage et Sambrinvest, est devenu en 2021 le premier employeur du secteur en Belgique avec plus de 70 ETP.

    Comme l’honorable membre le mentionne, ce retard s'explique en effet par un manque d'accès au financement et un retard dans la structuration du secteur, malgré des formations de qualité (dont le revers est le phénomène de Brain drain observé, faute d’un écosystème local capable d’absorber les nouveaux talents).

    Ce retard est cependant en train de se résorber ! En effet, depuis 2019, le Gouvernement soutient financièrement la Wallonia Game Association (Walga) pour une mission de structuration de l’écosystème gaming wallon et, depuis 2018, travaille avec Wallimage à la mise en place de programmes de financement dédiés au jeu vidéo.

    La mission confiée à Walga, qui a été renouvelée en 2021, et élargie à l’e-Sport, et qui va être renforcée pour la période 2022-2023, consiste à favoriser tant le développement des studios existants que la création de nouveaux studios. Dans les deux cas, l’accès au financement est la clé. Walga travaille activement (et de longue date) à l’élargissement du mécanisme Tax Shelter au jeu vidéo et a contribué, en collaboration avec Wallimage, à la mise en place d’un programme de financement de projets en phase « prototypage » et en phase de production (fiche 138 du Plan de relance). Ce programme a été mis en place en décembre dernier et est piloté par Wallimage, qui, rappelons-le, a déjà ouvert son fonds de financement aux studios de gaming depuis quelques années.

    Ce programme devrait favoriser la professionnalisation des porteurs de projet et booster la création de nouveaux studios. Le premier appel à projets, dédié à la phase de préproduction, a été clôturé le 3 février et Wallimage a reçu 10 dossiers. Un second appel est ouvert aux projets en préproduction et en production et se clôture le 4 mai prochain. Cette ligne est dotée d’un budget de 2 millions pour cette année et nous souhaitons débloquer un montant identique pour 2023.

    Nous estimons en effet qu’il est nécessaire de dédier une structure de financement spécifique à ce secteur prometteur et nous avons décidé de confier cette mission à Wallimage, qui agit sur le secteur audiovisuel depuis 20 ans et a pu mener une action déterminante pour cette industrie audiovisuelle dans notre région. Nous souhaitons ainsi dupliquer le modèle pour le secteur du gaming au regard des interconnections de plus en plus importantes entre ces deux industries. Wallimage est donc l’outil wallon dédié aux secteurs audiovisuels et du gaming (modèles comparables, de nombreux outils technologiques communs, exploitation potentielle des mêmes IP, et cetera). Le rapprochement entre ces deux industries s’est accéléré ces dernières années et il est important que la région aborde ces deux secteurs d’une manière cohérente.
    Pour mener à bien cet objectif, pérenniser sur le long terme le budget annuel, dans un premier temps à raison de 2 millions d’euros, est essentiel. Pour rappel, le département coproductions de Wallimage a débuté avec un budget annuel de 2,5 millions, contre 6,5 millions/an aujourd’hui.

    En complément de cet outil financier, la stratégie développée par Walga est particulièrement bien adaptée à la réalité wallonne. En effet, plutôt que de créer un incubateur supplémentaire, elle stimule et coordonne la création de pôles locaux décentralisés qui allient un lieu physique, un incubateur, un écosystème de studios et au moins un partenaire formation. Le premier pôle a vu le jour à Mons (GameMax) et d’autres pôles sont en préparation à Liège, Charleroi et peut-être Namur, voire dans le Brabant wallon… Walga apporte dès lors aux incubateurs existants l’expertise gaming spécifique qui leur fait généralement défaut.

    Concernant le Green gaming, Walga est en contact avec le Belgian Institute for Sustainable IT pour intégrer les préoccupations environnementales dans ses missions. Les contacts internationaux de Walga lui permettent d’accéder à des études réalisées sur cet enjeu notamment par UKie l’homologue anglais et l’EGDF, la fédération européenne des développeurs de jeux vidéo indépendants, dont Walga est membre et de les partager avec les studios wallons.