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Le soutien à l'e-commerce de proximité face à l'e-commerce de plateformes multinationales

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 330 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/02/2022
    • de CREMASCO Veronica
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Nous avons eu de nombreuses occasions déjà de débattre dans cette commission du soutien à l'e-commerce, notamment suite à la pandémie.

    Le Gouvernement wallon au point 14 de son Plan de relance intitulé « Soutien aux territoires locaux » développe un chapitre qui vise à « réduire la fracture numérique des commerçants en les formant à l'usage des outils numériques pour mettre en œuvre une véritable stratégie commerciale digitale et franchir le cap de l'e-commerce ». Par ailleurs, cet enjeu et son financement avaient déjà été repris dans « Get Up Wallonia ! ».

    Les récentes déclarations de M. Magnette questionnent ces objectifs wallons.

    Tout d'abord, Monsieur le Ministre peut-il préciser si la Wallonie fait la distinction dans une politique de soutien à l'e-commerce de proximité et l'e-commerce de grandes multi-nationales ?

    Quelles sont les actions qu’il a entreprises pour distinguer l'un (petits commerces locaux) de l'autre (plateformes multinationales) et différencier leur soutien ?

    Quels sont les poids respectifs du soutien financier aux uns et aux autres ?

    Selon lui, l'e-commerce des grandes plateformes type Amazon ou Alibaba ne menace-t-il pas le commerce de proximité et les efforts déployés pour revitaliser nos centres urbains et ruraux ?

    Quelle est son analyse de la situation ?

    Dans quelle direction va le Plan de relance pour la Wallonie et les actions qu’il pilote en matière d'e-commerce ?
  • Réponse du 10/03/2022
    • de BORSUS Willy
    En ce qui concerne l’e-commerce de proximité, il convient à l’évidence de le promouvoir.

    Par ailleurs, comme l’honorable membre le sait, la crise du Covid a mis en lumière, s’il le fallait encore, que les entreprises faisant usage du numérique sont plus agiles et résilientes face aux perturbations de l’économie. Or, le commerce de détail et plus particulièrement le commerce indépendant ne vend pas encore suffisamment en ligne. Ainsi, alors que les achats en ligne ne cessent de progresser (8 belges sur 10 ont acheté en ligne en 2020 selon le SPF Économie), le dernier baromètre de l’Agence du Numérique montre que 22 % seulement des entreprises du secteur vendent en ligne et que 53 % de ces entreprises sont dotées d’un site web. Cela reste, à mes yeux, nettement insuffisant.

    Il est ainsi évident que si nous freinions l’e-commerce, les consommateurs achèteraient en ligne ailleurs et notre tissu économique sera le grand perdant de cette équation, intégrant d’ailleurs les questions d’emploi. En effet, selon les chiffres du Comité d’innovation d’Ernst & Young, l’e-commerce représente 11.000 emplois directs en Belgique. Et si on compte l'ensemble des freelances qui gravitent autour du secteur, on est globalement à 15 000 personnes dont le travail dépend directement ou indirectement de l'e-commerce. BeCommerce, lui, estime le nombre d’e-commerçants à 46 000 en Belgique en 2021. L’implantation d’Alibaba en Wallonie, occasion pour laquelle j’ai à plusieurs reprises pu m’entretenir avec leurs dirigeants, a déjà permis la création de 30 emplois. Près de 200 sont attendus. Mon but est non pas de mettre des bâtons dans les roues de l’e-commerce, mais bien de soutenir tous nos commerçants et indépendants dans leur déploiement.

    Pour encourager le déploiement de l’e-commerce chez les plus petits commerçants, avec le soutien de fonds européens, nous avons lancé en ce début d’année le nouveau chèque entreprise « Relance par le numérique » (dont le taux de prise en charge des montants est de 90 %) qui permettra aux PME wallonnes d’augmenter leur digitalisation et d’amorcer ou d’amplifier leurs activités en ligne.

    Pour aider nos commerçants à tirer profit du numérique et de la vente en ligne, j’ai mis en œuvre plusieurs actions phares au sein de Digital Wallonia parmi lesquelles Digital Commerce et Smart Commerce.

    Digital Commerce est le programme de lutte contre la fracture numérique des commerçants de proximité. Il s’agit d’un accompagnement gratuit à la digitalisation qui a permis de faire monter à bord du train du numérique plus de 4 000 commerçants entre 2016 et 2021. L’édition 2021 a eu lieu sous forme de 15 webinaires. Le programme a totalisé quelque 4 000 inscriptions. Cela démontre l’implication de nos commerçants. Digital Commerce est prolongé jusqu’en 2024 avec une augmentation sensible de son budget. De plus, il est étendu à deux nouveaux publics cibles : l’HORECA et les TPE.

    Deuxièmement, pour que les efforts de visibilité en ligne des commerçants soient payants et qu’ils puissent bénéficier pleinement des progrès réalisés en matière de numérique, il y a lieu d’adapter leur cadre de fonctionnement. Des outils mutualisés sont nécessaires afin d’adapter le tissu commercial local aux nouveaux comportements du client. C’est là que Smart Commerce intervient pour aider les communes à créer un territoire « commerce friendly » où le client peut effectuer ses achats smartphone à la main. Concrètement, un outil et une méthodologie sont en cours de développement pour permettre aux villes et communes de faire le cadastre de leurs gisements de données et de voir dans quelle mesure ces derniers peuvent être améliorés et valorisés pour créer un parcours d’achats sans friction. Cette mission s’échelonnera jusqu’au 31 décembre 2022.

    En conclusion, je rappelle tout mon engagement et celui du Gouvernement wallon quant à l’appui à la digitalisation de nos acteurs économiques locaux.