Le développement des filières de matériaux de construction et d'isolation en Wallonie
- Session : 2021-2022
- Année : 2022
- N° : 331 (2021-2022) 1
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Question écrite du 11/02/2022
- de DESQUESNES François
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
Ainsi, alors que le secteur pensait que la fin de l'année 2021 marquerait la fin de la période la plus grave d'augmentation des prix, force est de constater que les prix ne cessent d'augmenter encore à l'heure actuelle. Les matériaux isolants sont particulièrement impactés par cette augmentation alors même que le renforcement de la salubrité et l'amélioration énergétique des logements (comprenant les travaux d'isolation des bâtiments) est au centre du plan de rénovation des logements.
Six entreprises de construction sur dix (58 %) relèvent des hausses de 15 % depuis novembre 2020. Pire : une sur quatre (24 %) déplore des augmentations de 25 % ou plus. Résultat, les liquidités des sociétés souffrent de plus en plus : 8 % des entreprises ont dû faire face, en janvier 2022, à d'importants problèmes de liquidités, contre 5 % en novembre 2021.
Les prévisions en matière de délais de livraison sont également mauvaises : 56 % des firmes ont vu des matériaux livrés avec un retard de plus de deux semaines, et 32 % avec un retard de plus de quatre semaines. La prolongation des délais de livraison touche surtout les produits liés aux installations, aux finitions et aux matières synthétiques.
À quand le développement de filières matériaux de construction et isolation en Wallonie qui puissent répondre aux problèmes des entreprises de construction ?
Que pense Monsieur le Ministre d'une pareille initiative ?
A-t-il déjà imaginé un financement structuré ? Si oui, comment ?
Quels incitants mettre en place afin de garantir leur concurrence sur le plan international, tout en respectant les règles de concurrence européennes ?
Réponse du 09/03/2022
- de BORSUS Willy
À ce sujet, le Gouvernement wallon porte une attention particulière au développement et à la consolidation de filières locales et circulaires dans le secteur de la construction, notamment à travers la Stratégie régionale de déploiement de l’économie circulaire, Circular Wallonia. Au vu du haut potentiel du secteur de créer de la valeur ajoutée et de l’emploi, mais également à cause de sa forte utilisation de matières premières et de sa production de déchets, le secteur de la construction a été identifié par le Gouvernement wallon comme chaîne de valeur prioritaire dans le cadre de l’économie circulaire. Ainsi, le renforcement de la circularité des matériaux de la construction sera au cœur des actions de la « task force » Construction au sein de Circular Wallonia, coordonnée par le pôle de compétitivité Greenwin.
L’économie circulaire appliquée à la construction se traduit par une valorisation des éléments présents dans des bâtiments existants ou futurs selon leur potentiel de déconstruction, réemploi, refabrication ou de recyclage en transformant la notion de déchet de construction en ressource. Cette approche permet d’envisager une déconstruction sélective, la création de nouvelles filières de réemploi et recyclage, mais aussi de faire appel à l’écoconception lors de la conception de nouveaux bâtiments.
Effectivement, la structuration de filières circulaires représente une priorité de la « task force » coordonnée par Greenwin qui se focalisera principalement sur des filières de réemploi, des filières de revalorisation/recyclage du béton et des filières de matériaux biosourcés locaux pour l’éco-construction. De plus, la « task force » se concentrera avec la même intensité sur la conception circulaire des bâtiments et leur déconstruction sélective en vue du réemploi (via des outils spécifiques, la mise en place de dispositifs d’accompagnement de construction/rénovation destinés aux acteurs publics/privés, soutien des acteurs du terrain via des financements spécifiques…).
Concernant le développement de filières de matériaux de construction et isolation, des actions liées à l’évaluation des perspectives de déploiement des filières de production de matériaux biosourcés en construction et la mise en œuvre opérationnelle de mesures spécifiques seront traitées au sein de Circular Wallonia.
La Wallonie dispose d’un gisement important de matières premières biosourcées et géosourcées : bois, paille, herbe, chanvre, laine, argile. Certaines filières sont déjà existantes, mais peuvent être optimisées dans l’optique d’un développement de l’éco-construction. D’autres encore inexistantes ou insuffisamment inexploitées doivent être créées ou relancées (laine, chanvre, herbe). Les pouvoirs publics doivent prendre l’initiative afin de renforcer ce potentiel économique, cet « or vert », et sécuriser nos sources d’approvisionnement en matériaux de construction durables et abordables.
Afin de faciliter le développement de nouvelles filières de réemploi ou de matériaux biobasés, un travail visant à inclure des critères circulaires dans les marchés publics sera également entamé dans le cadre de Circular Wallonia.
Parallèlement à Circular Wallonia, la nouvelle Stratégie de Spécialisation Intelligente wallonne (S3) porte une attention considérable aux matériaux circulaires en s’appuyant sur l’expertise technologique et les compétences wallonnes en matière de traitement avancé des matériaux et de recyclage et prévoit un focus également sur les matériaux de construction circulaires (béton, céramiques, plastiques, bois, verre, acier...).
Le Plan de relance de la Wallonie soutient aussi la circularité dans le domaine de la construction notamment en termes de construction/rénovation réversibles et circulaires, de développement de dispositifs de facilitateurs pour l’accompagnement et le financement des concepteurs et maîtres d’ouvrages (publics et privés).
Des discussions sont également en cours entre le secteur et le Ministre fédéral de l'Économie, Monsieur Pierre-Yves Dermagne, afin de qualifier les circonstances d'exceptionnelles, les hausses de prix étant considérées comme « anormales. Cela permettrait aux entrepreneurs de ne pas assumer l'entièreté des risques. Nous restons donc attentifs face à cette situation. La confédération a aussi demandé, avec d'autres organisations européennes, que les autorités de la concurrence de l'Europe vérifient s'il n'existe pas d'accords ou d'ententes entre les principaux acteurs du secteur, qui influenceraient les prix aux niveaux européen et mondial.
Dans ce contexte, en ce qui concerne les marchés publics, il pourrait être envisagé d’utiliser l’instrument de la révision des prix et de suspendre les pénalités de retard.