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Le projet de réseau quantique à Redu

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 335 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/02/2022
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En Commission chargée des questions européennes, deux experts ont présenté les enjeux de la cybersécurité pour la Wallonie, M. Jeremy Grandclaudon, expert en cybersécurité à l'Agence du Numérique et M. Philippe Massonet, coordinateur scientifique au Centre d'Excellence en Technologies de l'Information et de la Communication (CETIC).

    Tous deux ont évoqué les développements potentiellement disruptifs en cours avec l'informatique quantique. La puissance de calcul d'ordinateurs quantiques rendrait les chiffrements actuels complètement dépassés puisque le processus permettant de les décrypter, qui nécessite à ce jour plusieurs milliers d'années, se ferait en l'espace de minutes ou de secondes.

    Plusieurs prototypes sont en développement de par le monde. L'Europe souhaite rester dans la course et compte investir massivement dans des démonstrateurs et dans une infrastructure quantique. L'idée de cette infrastructure est d'avoir un segment terrestre géré par le Commission et un segment spatial géré par l'ESA.

    Selon les explications de M. Massonet, la Wallonie pourrait avoir un rôle de premier plan à jouer dans cette infrastructure quantique avec un nœud potentiel à Redu. L'ESA a décidé en 2020 de localiser son centre d'excellence en cybersécurité sur place. Et ce laboratoire d'informatique quantique pourrait être joint à ce centre d'excellence. Inutile de souligner les opportunités de développement et de capacité technologique et d'emplois qualifiés que cela pourrait représenter.

    Le Gouvernement wallon est-il associé à ce projet ?

    Comment Monsieur le Ministre soutient-il les efforts du secteur numérique en Wallonie pour être dans le train de cette nouvelle ère de l'informatique quantique ?

    Confirme-t-il la volonté du Gouvernement de soutenir le projet de développer un nœud de cette infrastructure dans le village de Redu ?
  • Réponse du 10/03/2022
    • de BORSUS Willy
    Le quantique est un sujet fondamental pour les années à venir et il ne nous a pas échappé. Je répondrai donc par l’affirmative à la question de l’honorable membre en lui disant que la Région wallonne est effectivement associée à la réflexion quant au projet auquel l’honorable membre fait référence.

    Dans le cadre de notre politique en matière de cybersécurité, l’Agence du Numérique est chargée de piloter et coordonner l’ensemble des parties prenantes du secteur wallon afin de maximiser l’efficacité des mesures et de dégager des synergies utiles.

    L’ensemble des actions développées dans le cadre de ce travail se retrouvent dans la fiche « Pôle d’excellence en cybersécurité » que nous avons inscrite au cœur du Plan de relance de la Wallonie. L’accent y est mis sur la réutilisation des ressources existantes dans une logique de rationalisation, mais évidemment aussi sur le développement de nouvelles solutions adaptées aux défis de demain. Concrètement, les projets qui seront déployés au travers de cette fiche adressent toute la chaîne de valeur de la cybersécurité, depuis la sensibilisation jusqu’à la mise à l’accompagnement en entreprise, en passant par la formation. L’objectif commun à tous ces projets est d’augmenter la maturité du secteur de la cybersécurité.

    Il s’agit de rassembler l’ensemble des parties prenantes du secteur de la cybersécurité au sein de notre initiative, et c’est bien sûr le cas d’IDELUX pour le lien évident qu’il y a à faire avec le site de Redu. C’est dans le cadre de ce partenariat qu’IDELUX nous a très récemment soumis un ambitieux projet qui traite de la technologie quantique appliquée à la cybersécurité. Ce projet, qui a déjà intégré nos retours préliminaires, en est déjà à sa seconde itération et fait actuellement l’objet d’une étude approfondie. D’autres partenaires sont bien sûr autour de la table, parmi lesquels CYBERWAL que nous soutenons par ailleurs au travers de CYBEREXELLENCE.

    Il faut le dire, la technologie quantique reste encore assez confidentielle. Son application nous intéresse vivement dans le cadre de la cybersécurité, car elle ouvre un nouveau champ des possibles en matière de cryptographie moderne. En effet, une fois au point, un ordinateur « quantique » sera capable de déployer une capacité de calcul phénoménale, au point de rendre obsolète la grande majorité des capacités cryptographiques existantes. Comprenez par là qu’un chiffrage informatique aujourd’hui robuste ne posera bientôt plus aucun problème pour ceux qui maitriseront cette technologie.

    Cette réalité est prise très au sérieux par les grandes puissantes mondiales, l’Europe ne faisant pas exception.

    Le projet que nous étudions à ce stade se concentre sur ce que l’on appelle la « Quantum Key Distribution » qui permet un échange de clés, c'est-à-dire un protocole cryptographique visant à établir un secret partagé entre deux participants qui communiquent sur un canal non sécurisé. Ce sera un premier pas vers une communication sécurisée y compris lorsque les capacités quantiques feront partie de notre quotidien.

    Arriver à un tel résultat n’est pas chose aisée et il faut commencer à déployer nos efforts dès maintenant. C’est la raison pour laquelle, si le projet nous semble mature, nous l’intégrerons au sein de notre stratégie régionale en matière de cybersécurité.

    Concrètement, le projet à l’étude consiste en un démonstrateur quantique situé à Redu qui est le point focal autour duquel nous envisageons de faire graviter les actions entreprises en matière de cybersécurité en Wallonie.

    Ce démonstrateur aurait pour objet de réaliser des tests de performance et de sécurité sur les différentes configurations de « Quantum Key Distribution ». Il devrait ensuite être capable d’évoluer pour suivre les feuilles de route européennes ainsi que les priorités identifiées par les partenaires locaux. Comme les autres démonstrateurs, cet outil aurait la capacité de servir à la fois des missions industrielles et pédagogiques.