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Les risques de la 5G sur la cybersécurité

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 336 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/02/2022
    • de CLERSY Christophe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La cinquième génération de réseaux cellulaires (5G) tend à offrir de nouvelles possibilités de progrès technologique et de l'innovation dans de nombreux secteurs, que ce soit via la création de services ou la multiplication des objets connectés dans les domaines industriels, professionnels en général ou plus personnels. C'est ce que la Cour des comptes européenne a publié dans un rapport sur la question du déploiement de la 5G en Europe.

    Cependant, la Cour des comptes affirme également qu'un flou autour de la cybersécurité entretient la difficulté d'adopter une approche concertée pour les États membres sur le déploiement de la 5G. Plusieurs inquiétudes persistent quant au risque potentiel d'espionnage ou de protection des données personnelles. D'autant plus que six des huit principaux équipementiers sont basés hors de l'Union européenne et donc soumis à des législations parfois très éloignées de celles de l'Union européenne.

    Quelle est l’évaluation de Monsieur le Ministre de la situation ? Quels sont les engagements qu’il a pris pour garantir une cybersécurité exemplaire dans le cadre du déploiement de la 5G ?

    Par ailleurs, au niveau du secteur aérien, l'Agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA) partage les inquiétudes de la Federal aviation administration (FAA) qui craint des interférences avec certains outils de contrôle des avions qu'ils construisent et surtout les radioaltimètres. Chez nos voisins français, il est ainsi déjà interdit d'utiliser des engins sous 5G à bord des avions lors des décollages et atterrissages.

    Quelles solutions sont mises sur la table pour éviter ces écueils ?
  • Réponse du 10/03/2022
    • de BORSUS Willy
    La technologie 5G constitue une rupture avec les anciennes technologies cellulaires en ce qu’elle se rapproche considérablement plus des défis liés aux applications industrielles, de médecine, de mobilité et de logistique que d’une simple amélioration de la 4G. Comme l’honorable membre le souligne, la 5G peut constituer un risque en matière de cybersécurité. Il s’agit là d’un défi qui dépasse largement le cadre régional et nécessite une harmonisation à travers tous les États membres de l’Union européenne.

    La thématique 5G est au cœur de la stratégie européenne, laquelle se traduit notamment par la mise en œuvre de la « Toolbox Cybersecurity 5G Networks » qui permet aux États membres d’aborder de manière commune les risques et défis liés à la cybersécurité. Nous sommes, à ce propos, en étroite relation avec nos partenaires fédéraux et européens, mais aussi avec les opérateurs de télécommunications.

    Les inquiétudes auxquelles il fait écho ne sont toutefois pas spécifiques à la 5G puisqu’elles concernent toutes les télécommunications, principalement mobiles. C’est la raison pour laquelle la « Toolbox » que je mentionnais prévoit le remplacement de tous les équipements de fournisseurs étrangers (principalement Huawei et ZTE) par des équipements de fabrication européenne. Non seulement nous pouvons espérer que ces équipements sont plus sûrs, mais ils sont également moins consommateurs d’énergie.

    Concernant la question de la 5G et du trafic aérien, l’industrie aéronautique s’inquiète en effet du fait que le service 5G américain soit trop proche du spectre utilisé par les altimètres radars, qui se situe entre 4,2 et 4,4 GHz. Selon le régulateur fédéral, l’Europe n’est toutefois pas confrontée au même risque, car il existe chez nous un tampon beaucoup plus important entre le spectre utilisé par les altimètres radars et la 5G.

    Les entreprises de téléphonie mobile aux États-Unis déploient le service 5G dans un spectre d’ondes radio avec des fréquences « C-Band » comprises entre 3,7 et 3,98 GHz. En Europe, les services 5G utilisent, eux, la gamme de spectre plus lente de 3,4 à 3,8 GHz. C’est cette gamme de fréquences sera mise aux enchères en juin de cette année par l’IBPT.

    Il existe d’autres différences dans la manière dont la 5G est déployée en Europe et aux États-Unis. En France, comme chez nous, la hauteur d’une antenne 5G et la puissance de son signal déterminent la distance minimale à laquelle elle peut être implantée vis-à-vis des pistes.

    L’objet des POC 5G que nous allons tout prochainement déployer a justement vocation de tester les cas d’usages réalistes et pratiques qui mobilisent la technologie 5G. Ces tests (« preuves de concept ») seront opérés de sorte à confronter des hypothèses techniques, commerciales, sanitaires, économiques ou même environnementales. Il s’agit d’une étape importante qui permettra de valider certaines orientations fonctionnelles en amont ou en parallèle du déploiement du réseau 5G commercial, et ceci de manière qu’il puisse s’opérer avec toutes les garanties nécessaires.