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L'augmentation des prix des produits alimentaires

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 343 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/02/2022
    • de KELLETER Anne
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les prix à la consommation augmentent, beaucoup de produits deviennent de plus en plus chers et cela est grave, surtout quand cela concerne les besoins essentiels tels que la nourriture. En Belgique, cela concerne aussi les frites, si appréciées de tous. Les vendeurs n'ont bientôt plus guère d'autre choix que d'augmenter les prix.

    Il y a quelques mois j’avais interpellé Monsieur le Ministre concernant la flambée du prix des engrais, qui allait certainement avoir une répercussion rapide sur le prix des aliments. Aujourd'hui nous sommes arrivés à ce stade-là pour l'agriculture « traditionnelle ». Pour l'agriculture bio, les prix semblent plus stables.

    Quelles solutions propose-t-il pour diminuer le coût de la production des agriculteurs et soutenir une agriculture locale respectueuse de l'environnement et du portefeuille des consommateurs ?
  • Réponse du 10/03/2022
    • de BORSUS Willy
    Les difficultés du secteur agricole sont bien sûr au cœur de mes préoccupations. Il y a quelques semaines, nous étions déjà dans un contexte d’augmentation des prix liée à la reprise progressive des échanges internationaux, à l’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières, impactant l’ensemble du tissu économique.

    En élevage bovin, les prix de vente (viande et lait) étaient déjà à la hausse, mais cela ne suffisait déjà pas à couvrir les charges élevées liées à l’énergie, aux intrants et aux aliments pour animaux. Le secteur notamment des grandes cultures était également impacté, entre autres au niveau des engrais, comme l’honorable membre le souligne dans sa question.

    La guerre en Ukraine, outre ses aspects humains particulièrement dramatiques, ajoute de la pression sur l’ensemble de l’économie et donc, de l’agriculture.

    Nul n’ignore l’impact colossal de la guerre en Ukraine sur les prix de l’énergie, qui se répercuteront nécessairement sur la synthèse des engrais, en elle-même est très demandeuse d’énergie et par conséquent très chère et sujette aux prix mondiaux, mais l’approvisionnement n’est pas un problème.

    Le prix des matières premières destinées à l’alimentation du bétail était à son niveau le plus élevé depuis 15 ans suite à la crise du Covid notamment. Les éleveurs de monogastriques étaient frappés de plein fouet par cette hausse et les discussions à ce sujet étaient encore en cours au niveau européens avant le début de l’invasion de l'Ukraine.

    La Commission européenne a annoncé, comme on pouvait le craindre, des perspectives pessimistes sur les prix des céréales et des aliments pour animaux. Comme l’honorable membre l’indique, l’Ukraine et la Russie sont les principaux producteurs de céréales dans le monde et le conflit a donc un effet majeur sur l’évolution des prix des céréales et des aliments pour animaux.

    Le prix du maïs augmente également en raison de l’invasion armée et de la sécheresse dans l’hémisphère sud. Les prix sur les marchés à terme augmentent en raison du conflit et de l’invasion russe de l’Ukraine. Pour rappel, pour l’Union européenne, ce n’est rien de moins que la moitié du maïs qui est fourni par l’Ukraine. Un maïs non-OGM, à la différence de ce qui se fait sur le continent américain, et destiné principalement à l’alimentation animale, tout comme les tourteaux de tournesol (résidus des graines une fois l’huile extraite).

    En 2021, l’Ukraine a produit, selon les chiffres du Service de statistiques du Gouvernement ukrainien, 85,7 millions de tonnes de céréales et légumineuses – parmi lesquelles on compte plus de 32 millions de tonnes de blé (cinquième exportatrice mondiale), près de 42 millions de tonnes de maïs (quatrième exportatrice mondiale) et plus 16 millions de tonnes de graines de tournesol (première exportatrice mondiale).

    Les marchés à terme du blé panifiable de l’UE ont fortement augmenté la semaine dernière et la volatilité des prix est élevée. Les marchés à terme du maïs ont également augmenté. Si le conflit s’installe, les semis de printemps de la campagne 2022/23 pourraient être perturbés.

    Il est à remarquer que le prix élevé des céréales permet à certains agriculteurs de compenser en partie le coût des intrants, mais cela restera insuffisant face à l’augmentation de leurs coûts.

    Au vu de la multiplicité des enjeux et de leur complexité, une visioconférence informelle des ministres de l’Agriculture de l’UE a eu lieu ce 2 mars, où nous avons plaidé pour la mise en place de mesures de soutien pour les producteurs les plus touchés par la crise. La Commission devrait prochainement faire des propositions en ce sens. Nous suivons évidemment ce dossier de très près.

    Au niveau régional, il est indispensable de repositionner l’agriculture au niveau de la chaîne alimentaire. Il est aussi hélas inévitable de répercuter les fluctuations des marchés sur chaque maillon.

    Finalement, la recherche reste un levier indispensable à activer. Nos centres de recherche peuvent apporter des solutions concrètes pour diminuer l’utilisation d’intrants. L’IRBAB par exemple préconise la diminution de la dose d’azote de 20 à 30 % par différentes techniques au niveau de la culture de betteraves.

    Pour conclure, je la renvoie à ce sujet aux échanges prévus en séance plénière du Parlement ce 9 mars.