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Les dangers des glissières de sécurité pour les motards

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 193 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/02/2022
    • de BEUGNIES John
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    La sécurité des motards est déjà mise à mal par l'état des routes wallonnes pouvant provoquer des chutes avec parfois des conséquences dramatiques.

    Certaines de nos routes et autoroutes sont équipées de glissières de sécurité surnommées guillotines des motards ou bourreaux des motards. En effet, quand les poteaux qui maintiennent la glissière sont heurtés à grande vitesse comme sur l'autoroute par exemple, ils deviennent de véritables lames et peuvent créer d'énormes dommages physiques. En France, des tests très pointus ont été réalisés et ils prouvent qu'un motard peut trouver la mort en heurtant le poteau d'une glissière à la simple vitesse de 60 km/h.

    Ce sont au moins 10 % des tués à motos en Europe qui le sont suite à une glissade terminant contre les glissières. Ces glissières sont uniquement conçues pour les automobilistes. Pourtant, les motards sont des usagers faibles vu l'absence de carrosserie pouvant protéger leur corps.

    En Wallonie, trop peu de routes sont équipées de doubles glissières et cela ne semble pas évoluer. Pourtant doubler les glissières avec des rails de protection dans leur partie basse annulerait l'espace entre la route et la barrière et limiterait fortement l'effet guillotine. Pour éviter que les motards ne percutent le poteau, il est important d'installer des glissières doubles qui empêchent le passage du corps sous la première barrière. Ce qui améliorerait considérablement la sécurité des motards.

    En tant que Ministre responsable de la Sécurité routière en Wallonie, n'est-il pas du devoir de Madame la Ministre d'interpeller le Ministre des Infrastructures routières sur le sujet ?

    Comment explique-t-elle que l'on n'avance pas en Wallonie ?
  • Réponse du 14/03/2022
    • de DE BUE Valérie
    Comme indiqué dans la question, cette responsabilité revient, au premier chef, à mon collègue Philippe Henry. Je ne peux, dès lors, qu'incite l'honorable membre à l’interpeller directement.

    Ce faisant, je puis néanmoins informer des éléments suivants :
    Sur la période 2016-2020, 4 589 accidents corporels impliquant au moins une moto ont été enregistrés en Wallonie. Pour 2,3 % de ces accidents, le motard ou son passager a heurté une glissière de sécurité. En se concentrant sur les tués à motos, moins de 5 % des motards décédés ont heurté une glissière de sécurité ce qui est toujours trop, cela va sans dire, mais nettement moindre que le chiffre cité pour l'Europe.

    Il me revient que ce problème n’est pas neuf et est connu de l’administration. Ainsi, de nombreux tronçons du réseau wallon ont été équipés avec des lisses motos et plus précisément, 1470 km de glissières de sécurité sont équipés de lisses motos.

    Il convient de rappeler que la pose d’un dispositif de retenue n'est pas systématique, mais la décision se base sur la méthode SDFI. En présence d’obstacles, il convient de s’interroger sur les mesures adéquates dans l'ordre suivant :
    S - Supprimer l’obstacle (ou éviter d’en placer un nouveau)
    D - Déplacer l’obstacle (l’écarter latéralement ou longitudinalement)
    F - Fragiliser l’obstacle (suivant la norme NBN EN 12 767) ou le rendre non agressif (le but étant d’éviter une brusque décélération du véhicule en cas de choc)
    I - Isoler (et non protéger) l’obstacle par un dispositif de retenue

    C’est uniquement si l’on en arrive à cette dernière option (Isoler) que, le cas échéant, après analyse, un dispositif de retenue est placé en tenant compte des règles de bonnes pratiques.

    Dans le cadre du Plan Infrastructures et Mobilité pour Tous (PIMPT) 2020-2026, un budget de 1 500 000 euros a été alloué à un plan d'action dédié spécifiquement aux motards. Celui-ci ne vise pas à remplacer une certaine longueur de dispositifs de retenue, mais bien à sécuriser de manière pragmatique 53 sites.

    La sélection de ces sites s'est faite sur base de l'accidentalité, en gardant à l'esprit d'avoir le maximum d'effets sur le maximum de sites, dans le budget disponible. Ce plan d’action a été validé, le 21 avril 2021, par le Comité de Direction du SPW Mobilité et Infrastructures.

    Il se fait que tous les sites sont situés en courbe, hors agglomération et hors carrefour.

    En vue de confirmer la sélection des sites retenus, une visite sur terrain a été réalisée par le correspondant moto régional accompagné d'un représentant des directions territoriales. Certains sites initiaux ont ainsi été écartés notamment parce qu'un aménagement plus complet a été réalisé récemment ou qui était prévu à brève échéance. Notons que plusieurs sites non repris dans ce plan d’action seront également traités dans le cadre d’autres interventions.

    Comme on le constate, nous ne partons pas de rien en Wallonie et une amélioration de la situation est prévue, au gré des moyens disponibles… Que l'honorable membre se rassure, je continuerai à suivre de près l’évolution de la situation pilotée par mon collègue.