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L'avenir de la biométhanisation en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 341 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/02/2022
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Comme le titrait L'Écho, début février, au cours de ces dernières décennies, le fumier n'a jamais été aussi populaire. La transformation de déchets agricoles en biogaz semble être une filière en pleine création qui permettrait d'atteindre l'objectif de 25 % de gaz vert dans le réseau d'ici 2030. Une pratique qui permettrait peut-être à certains agriculteurs de se réinventer en se tournant vers la biométhanisation de manière "semi-industrielle".

    La biométhanisation a donc un haut potentiel de déploiement. ORES estime que le chiffre de 25 % de gaz issus de la biométhanisation dans le réseau pourrait être atteint moyennant des investissements importants.

    Cependant, outre le poids financier d'une telle reconversion, de tels projets reçoivent régulièrement de franches oppositions de la part de riverains, pour des raisons de nuisances olfactives, notamment.

    En accord avec le collègue de Madame la Ministre en charge de l'Agriculture, un accompagnement est-il prévu pour les agriculteurs tendant à cette indépendance énergétique ?

    Madame la Ministre va-t-elle encourager cette biométhanisation en vue d'atteindre l'objectif des 25 % de gaz vert d'ici 8 ans ? Et dans l'affirmative, comment va-t-elle la soutenir ?

    Enfin, sachant que le méthane est particulièrement néfaste pour l'environnement, comment soutenir cette pratique tout en se prémunissant de fuites éventuelles ?
  • Réponse du 31/05/2022
    • de TELLIER Céline
    La biométhanisation est une matière qui relève également des compétences de mes deux collègues Ministres de l’Énergie et de l’Agriculture. Je renvoie l’honorable membre vers mes collègues pour les questions propres à leurs matières.

    En ce qui concerne mes compétences, un chapitre du plan intégré relatif aux infrastructures de gestion des déchets (en préparation) est consacré aux futurs besoins de la Wallonie en unités de biométhanisation, compte tenu de l’obligation européenne de trier, collecter séparément et traiter les déchets organiques (ménagers et non-ménagers) d'ici le 31 décembre 2023. Par conséquent, la Région devra très certainement réfléchir à investir dans de nouvelles installations, dans le cadre notamment de partenariats public-privé.

    Par ailleurs, le PWEC (le Plan wallon Énergie Climat) ambitionne de donner une place significative à la biométhanisation à l’horizon 2030 et des moyens seront très certainement dégagés par la Région pour accompagner les agriculteurs dans cette voie, notamment via le soutien financier du travail de promotion et d’information réalisé par l’association Valorisation de la biomasse ASBL (ValBiom). Le secteur agricole détient en effet environ 80 % du gisement de matières transformables en biogaz, ce qui représente un potentiel d’action certain.

    En outre, l’une des mesures du Programme wallon de Développement rural vise entre autres le soutien aux investissements relatifs à la biométhanisation et aux filières de valorisation en aval des déchets et résidus.

    Comme toujours, toute nouvelle source de progrès dans un domaine, ici l’énergie et le climat, doit faire l’objet d’une vigilance par rapport aux éventuels effets indésirables induits. Il est donc indispensable de développer la filière en s’assurant de son bénéfice environnemental, sans quoi la démarche n’aurait pas vraiment de sens. Les fuites de méthane peuvent effectivement parfois être un problème, de nature à annuler, voire empirer le bénéfice environnemental par rapport à un scénario sans biométhanisation. Il en va de même si les matières organiques servent exclusivement à produire de l’énergie, alors que certaines d’entre elles pourraient être avantageusement compostées, en vue d’améliorer le statut organique des sols agricoles qui sont déficitaires et qui agissent comme puits de carbone.

    Outre le relâchement de méthane dans l’atmosphère et ses conséquences sur l’effet de serre, les fuites représentent également une source de nuisances environnementales directes, pour les riverains des usines notamment. Ces aspects sont systématiquement pris en compte lors de l’introduction d’un permis, ou de l’éventuel recours en seconde instance. Mes services et moi y sommes évidemment très attentifs lorsque je suis amenée à me positionner sur des demandes en cas de recours.

    Ce problème de fuites n’est toutefois pas inévitable. Des pays comme l’Allemagne ont rendu obligatoires une série de mesures sur site strictes, pour s’assurer de l’absence de déchirure sur les membranes couvrant les biométhaniseurs par exemple. La bonne nouvelle est que les méthodes de recherche de fuite sont de plus en plus abouties. Afin de renforcer la prise en compte du problème à sa source, celles-ci pourraient être rendues obligatoires sur les unités dans des modalités qui restent encore à préciser dans le cadre de la mise à jour de l’AGW du 24 avril 2014 déterminant les conditions sectorielles relatives aux installations de biométhanisation visées par la rubrique 90.23.15. En effet, celles-ci intègrent des obligations générales de contrôle des nuisances olfactives et autres émissions dans l'atmosphère, mais n’abordent pas les seuils d’émissions fugitives de méthane et autres gaz à effet de serre, ni ne mentionnent les meilleures technologies disponibles pour assurer ce suivi.