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Le succès des supermarchés coopératifs

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 280 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/02/2022
    • de MAUEL Christine
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    En quelques années, les supermarchés coopératifs et participatifs se sont multipliés dans toute la Wallonie comme à : Verviers (Vervîcoop), Liège (Oufticoop), Charleroi (Coopéco), Louvain-La-Neuve (Poll'n), etc. Inspirées par la Park Slope Food Coop, lancée en 1973 à New York, ces initiatives citoyennes ont pour ambition de proposer un maximum des produits de saison, locaux, bio et équitables. Le tout à un prix qui demeure accessible au plus grand nombre possible.

    Mais ce qui fait vraiment leur particularité, c'est leur mode de fonctionnement.

    Ces supermarchés sont coopératifs, c'est-à-dire qu'ils se présentent sous la forme de coopératives, et plus précisément de sociétés coopératives (SCRL) à finalité sociale. Cela signifie que ces organisations sont détenues et contrôlées par leurs propres membres. De plus, pour pouvoir y faire leurs courses, les coopérateurs s'engagent à participer activement au fonctionnement de leur magasin. Chacun doit travailler bénévolement plusieurs heures par mois, entre 2 h 30 et 3 h toutes les quatre semaines selon les supermarchés. Le temps d'un shift, le « client-propriétaire » devient donc également caissier, réassortisseur ou encore nettoyeur. 

    Madame la Ministre peut-elle nous partager son point de vue sur ces supermarchés d'un nouveau genre qui tentent à croître de plus en plus en Wallonie et en Europe ?

    La Wallonie encourage-t-elle ce genre d'initiative ?

    Enfin, combien de supermarchés coopératifs existent, à ce jour, en Wallonie ?
  • Réponse du 15/03/2022
    • de MORREALE Christie
    Dans le cadre de la Déclaration de politique régionale 2019-2024, le Gouvernement wallon a décidé, lors de sa séance du 16 juillet 2020, de mettre en place l’Alliance Emploi-Environnement Alimentation ainsi que Collège wallon de l’Alimentation durable afin d’accélérer la transition vers une alimentation durable, de soutenir les producteurs locaux, de favoriser des régimes alimentaires sains, de respecter et restaurer les écosystèmes et de développer l’emploi local.

    Cette Alliance, que je pilote avec mes collègues, M. Borsus et Mme Tellier, a pour ambition notamment d’élaborer un nouveau plan d’action en 2022 pour l’alimentation durable et équilibrée en Wallonie.

    Tenant compte de ce contexte, les entreprises d’économie sociale ont clairement un rôle à jouer en Wallonie afin de relever trois enjeux majeurs :
    1. Garantir la disponibilité et l’accès à tous à une alimentation relevant d’un système alimentaire durable, à une alimentation équilibrée notamment auprès des plus jeunes, dans la restauration collective et auprès des personnes défavorisées ;
    2. Contribuer à la bonne santé et au bien-être des citoyens en lien avec le Plan Prévention et promotion de la santé en Wallonie horizon 2030 ;
    3. Générer de la prospérité socio-économique en développant les filières locales, en garantissant un revenu décent aux acteurs du système alimentaire wallon et en générant des emplois de qualité.

    De plus, le potentiel de l’économie sociale pour la relance économique a été corroboré par les experts du Conseil Stratégique de « Get up Wallonia ! » dans le rapport final remis au Gouvernement wallon le 24 avril 2021. Plus spécifiquement, le Comité stratégique du « Get up Wallonia ! » met en exergue la nécessité garantir la disponibilité et l’accès de tous à une alimentation relevant d’un système alimentaire durable, et ce, en augmentant les volumes de production destinés aux circuits courts et en les rendant accessibles à un prix juste sur toute la filière.

    À cet égard, la crise sanitaire a mis en exergue la résilience des acteurs de la chaîne alimentaire et leur capacité à approvisionner la population. En cohérence avec ces orientations politiques, la Stratégie Alternativ’ES Wallonia, actée par le Gouvernement wallon le 26 novembre 2020, a pour ambition de soutenir la création, le développement et la croissance des entreprises d’économie sociale actives notamment dans le secteur agroalimentaire (coopératives de producteurs-consommateurs, coopératives de distribution, ceintures alimentaires).

    Comme l'économie classique, l'économie sociale vise au développement d'activités économiques productrices de biens ou de services. Elle se distingue toutefois de celle-ci par sa finalité qui est l'intérêt de la collectivité, le renforcement de la cohésion sociale et le développement durable. La gouvernance participative des supermarchés coopératifs est précisément une des spécificités des entreprises d’économie sociale en Wallonie au regard des quatre principes éthiques repris à l’article 1ier du décret fondateur du 20 novembre 2008.

    Ces initiatives citoyennes sont porteuses de sens et contribuent à l’emploi local, à la relocalisation alimentaire, à l’accès à l’alimentation saine et locale pour tous, à la création de lien social entre les citoyens, à la dynamisation de la vie de quartier ou encore à la reprise en main par les consommateurs de leur alimentation et de la distribution de celle-ci.

    Depuis le début de cette législature, j’ai soutenu pas moins de 25 entreprises d’économie sociale actives dans les circuits courts alimentaires, dont certains supermarchés coopératifs, et ce, dans le cadre du financement des projets pilotes en économie sociale. Je soutiens également les ceintures alimentaires wallonnes de même que le Collectif 5C, la fédération d’économie sociale représentant les coopératives des circuits courts.

    Pour preuve du dynamisme de l’Économie sociale, 33 % du portefeuille de W.ALTER, l’Invest public wallon pour l’économie sociale, sont des sociétés coopératives actives dans les circuits courts. Par exemple, la coopérative liégeoise Les Petits Producteurs a reçu le Prix de l’Économie sociale 2021 ce qui témoigne de la dynamique vertueuse des circuits courts alimentaires.

    Au niveau du territoire wallon, on estime à environ une trentaine de coopératives actives dans les circuits courts alimentaires dont certaines ont plusieurs magasins voir des boutiques en ligne (e-shop). Par exemple, les coopératives Paysans-artisans et Les Petits Producteurs ont ouvert 12 magasins à eux seuls.

    De plus, une nuance peut être apportée entre les magasins participatifs « ouverts » (accessibles à tous les consommateurs en ce compris les non-coopérateurs) et les magasins participatifs « fermés » (accessibles uniquement aux coopérateurs de type producteurs et/ou consommateurs qui s’engagent à donner du temps dans la gestion du magasin). À noter que tous les magasins coopératifs ne sont pas nécessairement participatifs.

    Enfin, la dynamique entrepreneuriale va s’accroître à l’horizon 2024 avec l’opérationnalisation du projet n° 199 du Plan de relance visant la construction de trois hubs logistiques dédiés aux circuits courts à Liège, Namur et Charleroi Métropole, et ce, dans la continuité de la mission déléguée « développement des filières en circuit court » confiée au Centre de référence de la Sowalfin.

    Effectivement, le renforcement du maillage régional en infrastructures logistiques et les outils de distribution des produits alimentaires primaires, comme la Fabrique Circuit Court à Namur, constituent un levier d’action contribuant à la prospérité socio-économique de la Wallonie. C’est pourquoi, afin de faciliter l’accès à des produits durables et équilibrés tant pour les citoyens-consommateurs (B2C) que pour les collectivités (cantines, hôpitaux, administrations, etc.), et les entreprises (B2B), le développement économique des circuits courts alimentaires et le changement d’échelle des coopératives ne seront possibles qu’avec des solutions logistiques ambitieuses au niveau subrégional.