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La lutte contre la somnolence au volant

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 203 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/02/2022
    • de SOBRY Rachel
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    La somnolence au volant serait, selon l'Institut Vias, responsable de 10 à 15 % des accidents avec blessés. Les conséquences de tels accidents peuvent être particulièrement lourdes puisque le conducteur ne freine pas au moment de l'impact. Si les professionnels de la route doivent respecter des pauses régulières et ne pas rouler plus de neuf heures sur une même journée, il n'en est rien chez les particuliers.

    Si une répression de la conduite « sous somnolence » parait compliquée, voire impossible à mettre en place, une étude en cours en France souligne que certains marqueurs biologiques présents dans la salive permettent de détecter la fatigue et donc de prévenir la somnolence au volant.

    Cette découverte pourrait déboucher sur la mise sur le marché de tests salivaires qui, à l'image des contrôles d'alcoolémie, pourraient quantifier la fatigue du conducteur. Si une répression comme cela existe pour les drogues et l'alcool parait encore loin et compliquée à mettre en place, de premiers tests à vocation préventive pourraient être disponibles rapidement.

    Le Gouvernement poursuit des objectifs ambitieux en matière de sécurité routière, afin de diminuer le nombre de décès annuels à 100 en 2030 et atteindre une « vision zéro » en 2050.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance des résultats de l'étude menée par l'Université Paris Descartes ? Qu'en pense-t-elle ?

    Qu'existe-t-il, actuellement en Wallonie, pour prévenir la somnolence au volant ?

    Considère-t-elle ces tests salivaires comme un outil à envisager dans les prochaines années ?
  • Réponse du 08/03/2022
    • de DE BUE Valérie
    La somnolence au volant est effectivement un enjeu important en matière de sécurité routière aux côtés des trois killers que sont la vitesse, la conduite sous influence et la distraction.

    La somnolence entraine des effets qui peuvent sérieusement impacter les capacités de conduite, sans que le conducteur ne s’en rende nécessairement compte : baisse de l’attention, temps de réaction et réflexes plus lents ou encore réactions moins appropriées.

    De ce fait, les accidents sont souvent graves, car le conducteur n’a pas freiné.

    Dans ce contexte, selon les éléments statistiques collectés et publiés par l’AWSR :
    Les études estiment qu’un trajet sur 20 est réalisé par un conducteur somnolent.

    Deux automobilistes wallons sur 5 (43 %) se sont sentis somnolents ou fatigués lors de leur trajet au cours de l’année écoulée.

    En 2016, 6,4 % des Wallons indiquaient avoir été impliqués (au cours de l’année écoulée, comme conducteur ou passager) dans un accident corporel ou matériel dont une des causes était un problème de fatigue au volant. Et 9 % ont déclaré avoir frôlé un tel accident.
    11 % des conducteurs belges déclarent avoir déjà eu ou failli avoir un accident en raison d’un assouplissement ou d’un endormissement au volant (Vinci, 2021).

    Au vu de ces éléments, l’AWSR sensibilise régulièrement les usagers de la route à la problématique de la somnolence au volant et à la nécessité de prévoir des temps de repos lors de longs trajets.

    Dans la mesure où il appartient au conducteur de prendre ses responsabilités de ne pas conduire en cas de fatigue, il est important de lui rappeler que la somnolence crée des risques pour lui-même, ses passagers éventuels, mais aussi pour les autres usagers.

    Ces sensibilisations sont menées via les réseaux sociaux et le site internet de l’AWSR notamment à la veille des périodes de départs en vacances et changements d’heure. Par ailleurs, cette thématique est aussi ponctuellement abordée dans l’émission Contact diffusée sur la RTBF et plusieurs questions du « Quiz de la route », organisé chaque année en octobre, portent également sur ce sujet.

    L’AWSR profite également de la journée internationale du sommeil, en mars, pour adopter une communication spécifique sur le sujet afin de conscientiser les conducteurs aux risques liés à la fatigue au volant et leur prodiguer certains conseils.

    Il me paraît important que l’AWSR saisisse chaque occasion du quotidien pour ses actions de sensibilisation de sorte que je l’encourage particulièrement à se raccrocher à l’actualité.

    Concernant les tests salivaires de détection de la somnolence, ceux-ci représentent un outil de détection du sommeil parmi d’autres déjà proposés, comme les détecteurs portatifs pour lesquels Vias a effectué une analyse dont les résultats se sont trouvés décevants.

    L’étude à laquelle l’honorable membre fait référence ne permet pas, à ce stade, d’envisager la mise en place de contrôles salivaires de la somnolence au volant. Les tests dont il est question sont, en effet, à l’état expérimental.

    La Fondation VINCI Autoroutes, qui a publié l’étude en 2017, précise d’ailleurs que, « même si les résultats nous confortent dans l’opportunité de poursuivre les recherches, ils ne permettant pas pour autant, à ce stade, d’élaborer des outils individuels de prévention des accidents liés à la somnolence ».

    Dans ce cadre, la prévention revêt donc un caractère primordial, d’autant qu’il n’existe aucune loi à proprement parlé concernant la somnolence au volant.

    Complémentairement aux actions de sensibilisation, l’AWSR a récemment développé un service formation proposant des modules sur des thématiques de sécurité routière variées.

    À travers son équipe pluridisciplinaire d’experts de terrain et de pédagogues, l’AWSR s’inscrit ainsi comme partenaire des communes, associations ou entreprises dans le cadre de la dispense de ces formations.

    Ce nouveau service est réellement conçu comme un outil précieux en matière de sécurité routière que je souhaite voir évoluer.

    Enfin, j’ai déjà eu l’occasion d’exposer mon projet d’instituer un brevet d’une route partagée au sein de l’enseignement secondaire. Si celui-ci est en cours de réflexion, il représentera également un nouvel instrument de sensibilisation à destination des jeunes, notamment sur les dangers d’un manque de sommeil sur la route.