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La note de redéploiement diplomatique de la Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 85 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 15/02/2022
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    La diplomatie internationale demande régulièrement des orientations en vue de répondre aux enjeux politico-géographiques du moment.

    Ainsi, nous pouvions récemment prendre connaissance d'une note visant le redéploiement de la diplomatie à l'étranger. Dans cette note, une série de leviers ont été identifiés afin de donner à la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles la place qu'il convient sur la scène internationale. Parmi les mesures figure la fermeture de la délégation à Varsovie au regard des mesures prises par l'actuel pouvoir en place en Pologne. Par ailleurs, une mission économique multisectorielle figure à l'agenda de l'AWEx.

    La fermeture du Bureau de Varsovie, dont la durée apparait comme indéterminée, est-elle aujourd'hui actée comme définitive ?

    Par ailleurs, qu'en est-il de l'existence d'une représentation de nos institutions pour les acteurs wallons qui seraient présents sur place ?

    Comment leurs demandes et attentes sont-elles traitées à ce jour ? Une ouverture prochaine d'une délégation est-elle envisagée à Kiev en vue d'accompagner les investisseurs wallons ?

    Enfin, Monsieur le Ministre-Président peut-il nous en dire plus sur la note de redéploiement, ses perspectives et résultats attendus ?
  • Réponse du 06/05/2022
    • de DI RUPO Elio
    Le réseau diplomatique est un instrument indispensable pour l’exercice des compétences internationales de la Wallonie.
    Le réseau diplomatique poursuit un triple objectif :
    1. Veiller aux intérêts de la Région sur le plan politique, économique, scientifique, de la recherche/innovation … ;
    2. Encourager les partenariats, les échanges et les coopérations ;
    3. Constituer une véritable « vitrine » pour la promotion de notre région.

    Le réseau à l’étranger a fortement évolué depuis l’ouverture des premières délégations. D’autres formes de représentations ont vu le jour au travers des représentations sectorielles. J’y reviendrai plus loin.

    Le réseau des Conseillers économiques et commerciaux, de la compétence du Ministre de l’Économie, vient compléter ce dispositif.

    Le réseau diplomatique se doit d’être dynamique et non statique.

    Il doit refléter l’évolution des compétences et des intérêts stratégiques de la Wallonie. Outre ces éléments, WBI évalue de manière permanente l’adéquation entre les besoins en termes de coopération et les outils mis en œuvre.

    Une analyse de l’environnement de type PESTEL a servi de base méthodologique à la préparation du redéploiement du réseau diplomatique.

    Plusieurs critères ont été pris en compte tels que la visibilité politique de la Région et de la Communauté, les potentialités au regard des compétences de la Wallonie, les actions menées ou encore les difficultés de pénétration dans la zone, …

    Le redéploiement du réseau diplomatique a bien entendu été étroitement préparé et concerté avec le Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

    J’en viens à présent aux questions plus spécifiques.

    Concernant la fermeture de la délégation à Bucarest.

    Cette fermeture ne signifie aucunement, « de supprimer toute connexion avec les pays d’Europe de l’Est ».

    J’ai rencontré la semaine passée l’Ambassadrice de Roumanie. Je lui ai assuré que la fermeture de la Délégation n’impactera pas les relations de la Wallonie avec la Roumanie.

    Cependant, la coopération avec la Roumanie s’inscrit moins dans une optique diplomatique, elle est essentiellement orientée sur l’axe de la recherche et de l’innovation.

    La Wallonie sera également toujours représentée par un conseiller économique et commercial basé à Bucarest.

    Concernant l’Amérique latine et les deux postes de conseillers diplomatiques non pourvus à Bogota et à Buenos Aires.

    Ces deux postes de conseillers diplomatiques ont été créés sous la précédente législature. Aujourd’hui, l’on constate qu’il n’y a pas de besoins au niveau diplomatique, mais plutôt au niveau académique.

    Concernant le bureau de Lubumbashi en RDC, il ne sera aucunement « affaibli ».

    Au contraire, le bureau dépendra directement de la Délégation générale à Kinshasa et une équipe locale reste présente.
    Par ailleurs, et il faut le souligner, un Conseiller rejoindra la Délégation générale à Kinshasa. Cela renforcera notre présence diplomatique en RDC.

    Concernant la fermeture de la Délégation à Varsovie.

    La situation politique interne ne permet plus une coopération institutionnelle avec le Gouvernement polonais.

    C’est la raison pour laquelle, j’ai décidé en novembre 2020, conjointement avec le Ministre-Président de la FWB, de ne plus assurer de présence diplomatique en Pologne. Il convient de rester cohérent puisque la question du respect des libertés individuelles n’évolue pas dans un sens acceptable.

    Néanmoins, la fermeture de la délégation ne signifie pas la fin du soutien à la société civile.

    Sans présence diplomatique, plusieurs initiatives ont été soutenues.

    Je me limiterais à en citer deux, parmi d’autres :
    1. La signature de la lettre de soutien à la communauté LGBT+ en Pologne lors de la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie le 17 mai dernier ;
    2. Deux films de Wallonie-Bruxelles ont gagné les compétitions officielles du 21e Festival international du film « WATCH DOCS. Les droits de l’homme au cinéma » en décembre dernier à Varsovie.

    Enfin, concernant la proposition, évoquée par l’honorable membre, d’ouvrir une délégation à Kiev en Ukraine.
    Notre coopération actuelle avec l’Ukraine est extrêmement limitée et n’offre pas de perspectives à court terme.
    La Wallonie dispose d’un bureau économique et commercial qui accompagne déjà, depuis 20 ans, les investisseurs wallons désireux de prospecter le marché ukrainien.

    Les décisions de fermeture et d’ouverture de postes doivent à présent être opérationnalisées.

    L’année 2022 et le début de l’année 2023 seront mis à profit pour préparer au mieux ces mouvements.

    Ce qui signifie donc qu’il n’y aura pas de licenciements « du jour ou lendemain ». La transition s’effectuera donc progressivement afin que le mouvement diplomatique puisse être effectif dès septembre 2023.

    Concernant la réforme du réseau des ALS et des ALAC, elle s’inscrit dans une triple volonté :
    - reconnaître la spécificité du réseau sectoriel et octroyer un statut à ses agents ;
    - consolider le positionnement stratégique du réseau sectoriel, aux côtés du réseau diplomatique ;
    - améliorer la lisibilité et la cohérence de ce réseau sectoriel.

    A ce stade, les contours de cette réforme doivent encore être définis. Le gouvernement m’a chargé de lui présenter une note d’orientation sur le sujet. La coordination avec le Ministre-Président Jeholet sera assurée, tout comme elle l’a été sur le volet relatif au réseau diplomatique.