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La culture du bambou en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 360 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 16/02/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Un projet de plantation de bambous géants se développe au départ de la Wallonie picarde et de l'Italie. Deux agriculteurs se sont déjà lancés.

    Les atouts de cette plante sont multiples et les besoins en Europe assez énormes, puisqu'en 2017, l'Union européenne a importé pour près de 650 millions d'euros de produits issus du bambou.

    C'est une culture pérenne à croissance rapide, qui assainit les sols, purifie l'air grâce à sa grande capacité d'absorption du CO², qui n'exige aucun traitement phytosanitaire, procure un large éventail de débouchés de transformation et a une forte rentabilité. Il concerne les secteurs cosmétique, textile, bioplastique, papeterie, alimentation, construction et encore ameublement.

    Le chiffre d'affaires moyen d'une bambouseraie à maturité (à partir de 5 ans) se situerait entre 15 000 et 22 000 euros/ha/an, alors que pour une culture de céréales, il est de 1 400 euros/ha/an. L'investissement de départ est assez important (environ 27 000 euros/ha).

    L'objectif du projet est d'arriver à 30 hectares plantés par an de 2023 à 2027, pour un total d'environ 750 hectares en 2040.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de ce projet ? A-t-il rencontré un de ses initiateurs ?

    Dispose-t-il d'une analyse également relative au potentiel de la culture du bambou chez nous ? Est-ce réalisable ?

    La Wallonie dispose-t-elle encore de terres cultivables pour développer ce produit ?

    L'investissement de départ est conséquent. Ces agriculteurs pourraient-ils bénéficier d'aides régionales spécifiques ?
  • Réponse du 10/03/2022
    • de BORSUS Willy
    La question de l’honorable membre porte sur une toute jeune dynamique de production de bambou en Wallonie. Cette culture en est à ses prémices sur notre territoire régional et, il ne m’a pas encore été donné l’occasion de rencontrer ces producteurs innovants.

    Des essais de productions de bambou ont été réalisés par le CRA-W vers 2005 dans le cadre d’une utilisation comme culture à courte rotation à vocation énergétique.

    De ces essais, on peut conclure que, selon les espèces plantées, dans les conditions belges, les rendements varient entre 5 et 13 tonnes de matières sèches/ha/an (si l’on ne considère que la plantation « mature », c’est-à-dire que l’on ne tient pas compte des deux premières années de production). Ces rendements sont comparables à d’autres cultures comme le miscanthus.

    Tout comme d’autres cultures végétales, le bambou piège du CO2.

    Comme il s’agit d’une plante à rhizome, le CRAW souligne qu’il faut être vigilant à son caractère potentiellement invasif. De même, sa valorisation énergétique en combustion est envisageable cependant, il est nécessaire d’être attentif à sa tendance à générer des mâchefers d’une part, et d’autre part au caractère très fibreux de son broyat, ce qui nécessite des adaptations dans les systèmes d’alimentation traditionnels des chaudières (vis d’Archimède).

    Selon la Fédération wallonne de l’Horticulture (FWH), la demande européenne en divers produits issus du bambou est importante et ne fait que croître. Les débouchés de transformation sont nombreux :
    - Pour les chaumes de 1 à 3 ans : biomasse et cellulose (textile, papier et bioplastique)
    - Pour les chaumes à partir de 4 ans : ameublement et construction
    - Pour les pousses : alimentation humaine, médecine et cosmétique
    - Pour le feuillage : alimentation animale

    Toujours selon FWH, l’investissement de départ est très important et tourne autour de 27 000 euros/ha. Il s’agit d’un investissement à très long terme, qui doit être extrêmement réfléchi, car il monopolise la terre durant des décennies. Il s’agit d’une culture qui nécessite une irrigation importante également.

    À l’heure actuelle, 3 producteurs wallons ont décidé de se lancer et couvrent 8 ha.

    Cette activité étant considérée comme de l’horticulture, il est possible en Wallonie sous certaines conditions d’obtenir des aides à l’investissement pour l’acquisition du matériel via les aides ADISA (Aide au Développement et à l’Investissement dans le Secteur Agricole). L’irrigation par contre n’est pas subventionnée via cette mesure d’aide.


    Dans le prochain Plan stratégique PAC en cours de finalisation, une liste élargie des matériels spécifiquement destinés à l’horticulture sera établie. Par ailleurs, dans la sélection des projets susceptibles de bénéficier d’une aide à l’installation pour les jeunes agriculteurs, des points supplémentaires seront attribués aux jeunes qui se lancent en maraîchage.