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La présence du l'hubertium covidum en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 363 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 16/02/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'hubertium covidum, un ver plat noir de 3 cm et provenant d'Asie, semble se répandre rapidement à travers le monde. Ce serait une des conséquences de la mondialisation : échanges de plantes et de marchandises à travers le monde.

    En France, il semble encore peu présent, mais la situation serait différente en Italie : on en aurait retrouvé plusieurs centaines d'individus dans un seul jardin.

    Le problème, c'est que ce ver mettrait en danger la biodiversité dans nos contrées. Modifier la biodiversité a un coût écologique et économique comme la diminution des productions agricoles.

    Quelle est la situation chez nous ? Ce ver a-t-il été repéré en Wallonie ? De manière générale, quels sont les moyens mis en œuvre pour lutter contre les espèces invasives et ainsi protéger notre biodiversité ?

    Quelles sont les espèces invasives qui posent aujourd'hui problème chez nous ? Quels dégâts ont-elles occasionnés sur notre biodiversité ?
  • Réponse du 10/03/2022
    • de TELLIER Céline
    Les vers plats terrestres font partie de la famille des Geoplanidae dont plus de 910 espèces ont été décrites dans le monde, mais de nombreuses espèces restent encore à découvrir.
    La plupart de ces taxons proviennent des régions tropicales ou subtropicales. Du fait des échanges internationaux et notamment du commerce de plantes ornementales, 22 espèces de vers plats exotiques ont été accidentellement introduites en Europe au cours de la dernière décennie, dont plus de 9 dans les pays limitrophes.

    En Belgique, 4 vers plats exotiques ont été observés sur le territoire (Rhynchodemus sylvaticus, Obama nungara, Marionfyfea adventor, Caenoplana variegata) d’après le portail d’encodage « observations.be ». Il est important de mentionner que nos connaissances sur la distribution de ces vers sont assez limitées du fait de l’effort de prospection réduit et de la difficulté d’identification de ces organismes ; de ce fait, le nombre d’espèces de vers plats réellement présents en Wallonie pourrait être plus élevé.

    La majorité des vers plats terrestres sont des prédateurs de macro-invertébrés. Certaines espèces se sont spécialisées dans la prédation de vers de terre et peuvent fortement impacter leur abondance, réduisant ainsi la structure et la fertilité des sols. C’est le cas du ver plat de Nouvelle-Zélande Arthurdendyus triangulatus, introduit accidentellement en Grande-Bretagne et en Irlande dans les années 1960, qui présente d’importants risques pour l’environnement et figure pour cette raison dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union. La plupart des autres vers plats exotiques ont toutefois un risque environnemental plus faible, à l’exception d’Obama nungara du fait de son régime alimentaire très diversifié.

    L’espèce récemment observée en France (Humbertium covidum) est une espèce mal documentée. Les seules observations confirmées de l’espèce en Europe sont pour l’heure assez éloignées de nos frontières (Italie et France – Pyrénées) et aucune mention n’a encore été rapportée pour la Belgique. Certains observateurs notent que ce ver possède un régime alimentaire composé d’escargots terrestres, ce qui pourrait nuire aux mollusques indigènes. Néanmoins son caractère invasif et son risque écologique n’ont pas encore été évalués par la communauté scientifique.

    Afin de mieux appréhender cette problématique, un projet de recherche va être initié sous la coordination du Secrétariat Scientifique National sur les Espèces Exotiques Envahissantes. Il visera spécifiquement à la mise en place de mesures visant à éviter l’introduction des vers plats en Belgique au travers du transport international de plantes ornementales et à assurer leur détection dans le cadre des contrôles opérés aux frontières.

    Ce projet de recherche fait partie des différentes actions détaillées dans le projet de plan national de prévention sur les voies d'introduction et de propagation non intentionnelles d'espèces exotiques envahissantes, qui sera soumis à consultation publique en mars 2022.