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L'évolution de la situation politique en Tunisie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 94 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/02/2022
    • de GROVONIUS Gwenaëlle
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    L'évolution de la situation politique en Tunisie est extrêmement préoccupante. Son peuple avait été, en 2010, le pionnier du printemps arabe, qui allait entraîner une vague historique de manifestations contre les régimes autoritaires en place. Un Printemps arabe qui avait suscité l'espoir de la mise en place de régimes démocratiques et de réformes sociales dans de nombreux pays d'Afrique du Nord.

    La Tunisie a également été la première à établir une véritable démocratie en mettant en place un régime constitutionnel assurant l'équilibre des trois pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire.

    Cet équilibre institutionnel, qui est l'un des fondements de la démocratie depuis ses origines, est aujourd'hui gravement remis en question par le président Kais Saied. Ce dernier a entamé depuis son arrivée au pouvoir une politique de concentration du pouvoir entre ses mains. En juillet 2021, il avait ainsi dissous le Parlement et le Gouvernement, avant de s'attribuer deux mois plus tard le pouvoir législatif. Ni Bourguiba ni Ben Ali n'étaient allés aussi loin. Pourtant, ce n'était hélas qu'un début. Ce dimanche, Kais Saied a étendu son emprise sur le troisième pouvoir, la justice, en dissolvant le Conseil supérieur de la magistrature et s'est donné le pouvoir de limoger des juges qui auraient « manqué à leurs devoirs professionnels ».

    Le peuple tunisien est descendu dans la rue, comme il l'avait fait il y a 12 ans, pour protester contre la dérive autoritaire de leur président. Ces manifestations ont été réprimées.

    Monsieur le Ministre-Président peut-il faire un point sur la situation ?

    Quelles seront les actions entreprises par la Région wallonne en réponse à la dérive autoritaire du régime de Kais Saied ?

    Comment soutenir au mieux la société civile dans ses aspirations légitimes au retour à un régime constitutionnel ?

    Une concertation a-t-elle lieu entre la Région et le niveau fédéral pour donner une réponse forte, claire et commune à l'évolution dramatique de la situation actuelle ?

    Nos échanges commerciaux ont-ils été impactés par cette situation et quelles sont les perspectives d'évolution à ce niveau ?
  • Réponse du 03/02/2023
    • de DI RUPO Elio
    L’évolution de la situation politique en Tunisie est inquiétante. Le pays a joué un rôle pionnier lors de la vague des « printemps arabes » et a constitué un véritable laboratoire démocratique dans la région. Aujourd’hui, nous constatons malheureusement des signaux inquiétants quant à l’avenir politique, mais aussi économique du pays.

    Le second tour des élections législatives, le 31 janvier dernier, n’a fait que confirmer la tendance ressortie du premier tour en décembre 2022 : un taux d’abstention record (89 %), avec essentiellement des jeunes et des femmes qui ne se sont pas rendus aux urnes.

    Nous pouvons également regretter le manque de concertation entre le président tunisien et les milieux politiques, les partenaires sociaux, les instances de contrôle indépendantes, notamment en matière de lutte contre la corruption, ou encore avec la société civile.

    En ce qui concerne notre coopération bilatérale, la Wallonie intervient principalement dans le secteur de l’eau (notamment avec la SWDE) et de l’environnement. Plusieurs projets sont également soutenus au niveau de la coopération bilatérale indirecte en matière de santé ou de renforcement de la société civile. Il est important de poursuivre ce soutien qui bénéficie à la population tunisienne.

    Il est évident que la situation doit être suivie de près avec nos partenaires tunisiens comme avec les missions diplomatiques et de coopération internationales actives en Tunisie. Notre délégation générale à Tunis reste, à cet égard, particulièrement attentive.

    Cependant, la situation d’incertitude politique et institutionnelle en Tunisie induit une certaine inertie dans la vie publique et affecte également les acteurs sociaux et économiques.

    La Tunisie connaît déjà une situation économique, sociale et financière dégradée. Le recul du pouvoir d’achat de la grande majorité des Tunisiens, la spirale inflationniste de nombre de produits et services sont encore accrus aujourd’hui, en situation post-Covid, avec les effets de la guerre en Ukraine.

    En ce qui concerne les échanges commerciaux entre la Wallonie et la Tunisie, l’analyse des statistiques les plus récentes (2021) montre que la Tunisie est actuellement le 51e client de la Wallonie. La crise sanitaire que nous avons connu a aussi eu un impact sur les échanges commerciaux enregistrés ces deux dernières années.

    Au niveau du Gouvernement fédéral, aucune concertation n’a été organisée formellement à ce jour, mais si le cas se présente, la Wallonie s’y associera.