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La bétonisation du soufre et la création de matériaux industriels plus écologiques

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 493 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/02/2022
    • de LENZINI Mauro
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    L'entreprise limbourgeoise de Bonte qui possède 3 usines en Wallonie est récemment parvenue à créer un procédé qui permet une bétonisation du soufre.

    Cette technologie a notamment été utilisée pour créer des billes de chemin de fer qui génèrent 40 % moins de CO2 lors de leur production et sont, de plus, entièrement recyclables.

    Cette évolution technologique permet l'utilisation de matériaux plus verts au niveau industriel.

    De plus, ce matériau serait moins sensible aux infiltrations d'eau et donc plus résistant.

    Que pense Monsieur le Ministre de cette nouvelle technologie de bétonisation du soufre ?

    Celle-ci pourrait-elle trouver à s'appliquer dans d'autres secteurs que le secteur ferroviaire et notamment dans les chantiers de travaux publics ?

    Lors d'une précédente question relative aux trapillons d'avaloirs, Monsieur le Ministre m'indiquait que l'utilisation de plastique recyclé pour remplacer la fonte ne serait pas suffisante en termes de résistance et que par ailleurs l'introduction de substances réfléchissantes dans le matériau nécessitait que la surface de fond soit blanche ou claire.

    La technologie de bétonisation du soufre pourrait-elle constituer une alternative envisageable dans ce cas ?
  • Réponse du 18/05/2022
    • de HENRY Philippe
    La réalisation de traverses de chemin de fer en béton de soufre est en effet une innovation technologique intéressante. C’est une nouvelle forme de béton thermoplastique où le ciment et l’eau du béton traditionnel sont remplacés par le soufre.

    Au dire du fabricant, le béton sulfurique serait très résistant aux sollicitations mécaniques et chimiques, sa faible perméabilité à l’eau le rendrait aussi très résistant aux agressions atmosphériques et le process de fabrication serait à faible consommation d’énergie.

    Comme l’honorable membre l’indique dans sa question, la firme annonce une économie d’émission de CO2 de 40 % par rapport à des traverses de chemin de fer en béton traditionnel. Ce béton thermoplastique serait aussi recyclable à l’infini par réchauffement, ce qui lui permet d’évoquer ses qualités en termes de circularité. Signalons toutefois qu’il ne s’agit pas ici d’un produit totalement décarboné, le soufre utilisé serait un produit résiduel de la pétrochimie.

    Il appartient évidemment au producteur de valoriser toutes les qualités de son produit via les normes en vigueur, en ce compris le bilan CO2, la présente réponse n’étant pas évidemment un blanc sein pour son usage sans condition.

    De leur côté, les cimentiers recherchent aussi de nouvelles formulations pour diminuer parfois de 35 à 50 %, selon le ciment traditionnel pris comme référence, les émissions de C02 pour la fabrication du ciment.

    Toutes ces initiatives sont évidemment intéressantes du point de vue de la lutte contre les changements climatiques, la filière du béton et du ciment étant réellement un très gros émetteur de CO2, estimé à 5 à 10 % des émissions mondiales totales.

    En ce qui concerne l’utilisation de cette technique dans les chantiers de travaux publics, l’utilisation du béton de soufre pourrait constituer une alternative intéressante, mais uniquement pour certaines applications.

    En effet, il faut noter que le béton sulfurique n’est pas adapté pour des environnements sensibles aux incendies et déconseillé quand les températures dépassent 100°C. De plus, ses caractéristiques mécaniques sont très différentes de celle d’un béton de ciment. L’armaturage du béton de soufre n’est pas encore maîtrisé, ce qui limite son utilisation pour la fabrication d’éléments structurels (poutres, colonnes, dalles de bâtiments ou d’ouvrage d’art).

    Il semble cependant être un matériau très intéressant pour la fabrication de canalisations, de regards de visite et de boîtes de branchement. Son utilisation s’étendra certainement à d’autres applications, les traverses de chemin de fer en sont un exemple.

    Actuellement, il n’est pas envisagé de fabriquer des grilles d’avaloirs ou des trapillons de chambre de visite en béton de soufre. Sauf rares exceptions, le béton de ciment lui-même n’est pas utilisé pour leur réalisation. Aujourd’hui le métal reste le matériau le mieux adapté à la fabrication de ces pièces qui doivent atteindre des classes de résistance élevées pour résister directement aux charges et aux impacts des véhicules.