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Les batraciens

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 373 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/02/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Dès la fin du mois de février, les batraciens sortent de leur hibernation pour rejoindre l'étang où ils sont nés. Trois conditions doivent être réunies : une température nocturne de 6-7 degrés, un ciel couvert et un taux d'humidité élevé.

    Ces migrations se font généralement en début de soirée et ces batraciens peuvent parcourir plus de 4 kilomètres à travers bois et prairies tout en traversant nos routes, un véritable danger ! En effet, le trafic routier constitue la première cause du déclin des batraciens.

    À travers le monde, on estime que 30 % des espèces d'amphibiens sont menacées, or ils seraient un maillon important.

    En quoi cette espèce est-elle essentielle ?

    En Région wallonne, l'ensemble des batraciens seraient protégés. Madame la Ministre me confirme-t-elle cette information ?

    Quelles sont les actions, les mesures de sauvegarde des batraciens ?

    Leur population a-t-elle diminué ces cinq dernières années ?

    Y a-t-il des zones en Wallonie plus denses en population de batraciens ?
    Si le trafic routier constitue un danger pour eux, par quoi leur espèce est-elle menacée ?
  • Réponse du 12/04/2022
    • de TELLIER Céline
    Les batraciens sont un groupe animal essentiel des écosystèmes d’eaux stagnantes et des milieux terrestres environnants et figurent parmi les principaux prédateurs dans les mares dépourvues de poissons, à côté de certains insectes prédateurs (libellules, dytiques …).

    Notre faune wallonne comptait 14 espèces, dont deux sont éteintes depuis plusieurs décennies. Toutes ces espèces sont protégées. Parmi elles, deux espèces sont considérées comme menacées dans la Liste rouge qui a été révisée en 2021, à savoir le sonneur à ventre jaune, du fait d’effectifs encore faibles (catégorie « en danger critique ») et le crapaud calamite (catégorie « vulnérable ») qui dépend de mares temporaires aujourd’hui surtout présentes dans des milieux industriels (carrières, terrils, friches …). Le triton crêté est considéré comme « à la limite d’être menacé », car ses populations ont diminué au cours des trois dernières décennies surtout au Nord du sillon Sambre et Meuse.

    Parmi les neuf espèces aujourd’hui considérées comme non menacées, une au moins, bien qu’encore répandue, est en déclin progressif depuis 30 ans : l’alyte accoucheur. Deux autres espèces très communes, la grenouille rousse et le crapaud commun enregistrent semble-t-il des diminutions d’effectifs ou au moins des années de très faible reproduction pour la première, ceci depuis une décennie au moins, mais les chiffres précis manquent pour le démontrer. Ces deux espèces restent toutefois répandues partout sur notre territoire. Enfin, la salamandre a connu l’extinction de quelques populations locales suite à l’apparition d’un champignon pathogène d’origine asiatique, ce qui ne semble jusqu’à présent pas affecter sa situation à l’échelle de l’ensemble du territoire wallon.

    Les régions les plus riches en batraciens sont situées dans les zones les plus fournies en milieux aquatiques stagnants, soit dans les vallées de la Haine et de la Dyle au nord de la Sambre et de la Meuse et dans les régions de Fagne-Famenne, Ardenne et Lorraine au sud.

    Outre le trafic routier durant les périodes de migrations, les principales menaces actuelles sont liées aux atteintes à leurs milieux de reproduction : comblement des mares, curages, épisodes de sécheresse plus fréquents suite au réchauffement climatique, pollution … ainsi qu’aux atteintes à leurs habitats terrestres en dehors de la reproduction inhérente notamment à l’intensification agricole. L’empoissonnement très fréquent des étangs représente aussi un problème pour le développement des larves du fait de la prédation que les poissons exercent.

    Concernant le trafic routier, depuis plusieurs années, le SPW Agriculture, Ressources naturelles et Environnement soutient par la mise à disposition de panneaux les opérations de sauvetage organisées par différents groupes. Une brochure a également été publiée en 2014 pour guider les opérateurs dans l’organisation de ce type d’opération.

    En 2021, j’ai octroyé une subvention d’un montant de 39 000 euros à l’asbl Natagora pour coordonner et soutenir ces opérations de sauvetage et communiquer spécifiquement sur cette thématique.

    Cette subvention prévoit notamment :
    - la coordination d’un groupe de travail ad hoc et la coordination, avec les organisateurs locaux, des sauvetages de batraciens en ce compris la mobilisation citoyenne ;
    - l’organisation de formations notamment sur les règles de sécurité et l’identification des espèces ;
    - la mise en place des collaborations avec les communes pour le placement des panneaux ;
    - le développement d’un plan de communication et le lancement de cette communication auprès des volontaires coordinateurs d’opérations de sauvetage ;
    - le développement et mise en place du matériel de sensibilisation ;
    - l’appui aux coordinateurs volontaires pour la mise en place de leurs opérations de sauvetage au travers de dépêches spécifiques incluant les enjeux de sécurité et d'assurance.

    Les communes qui le souhaitent peuvent solliciter, via la subvention octroyée dans le cadre de l’appel à projets « BiodiverCité », une aide financière pour, par exemple, l’achat de matériel telles que bâches, piquets, seaux, lampes ... destinée aux opérations de sauvetage, mais aussi pour diverses actions de soutien à la biodiversité, pour un montant de maximum de 12 000 euros par an.

    Je soutiens également depuis plusieurs années un projet qui vise la création de mares dans le milieu agricole et a déjà conduit à la création de plusieurs centaines de mares.

    Le crapaud calamite, le triton crêté et le sonneur à ventre jaune sont spécifiquement visés par des plans d’action, notamment élaborés dans le cadre du projet Life intégré « BNIP » ou du Life in Quarries.

    Enfin, de nombreuses mesures sont également développées pour agir de manière large sur la préservation et la restauration de l’habitat de ces espèces, notamment au travers du programme des mesures agro-environnementales et au travers du renforcement du réseau d’aires protégées.