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La maturité numérique des Wallons

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 367 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/02/2022
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La formation au numérique est un enjeu majeur, tant dans l'optique d'une réduction de la fracture numérique, que dans l'optique de l'éducation au numérique. L'Agence wallonne du Numérique (AdN) a récemment publié son rapport 2020 sur la maturité numérique des citoyens wallons.

    Selon ses experts, la progression reste encore trop lente en Wallonie et d'autant plus que 28 % des entreprises sont considérées comme étant en situation de « fracture numérique ». C'est certes moins qu'en 2018 (36 %), mais la proportion reste trop importante.

    Ces entreprises sont souvent actives dans le commerce ou dans l'HORECA ainsi que dans l'agriculture relève l'étude. En fait, seule une petite minorité d'entreprises (12 %) sont à ranger parmi les bons élèves en matière de transformation numérique.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre des constats posés par le baromètre de la maturité numérique des Wallons ?

    Comment va-t-il adapter les outils destinés à réduire la fracture numérique à la lecture des derniers éléments ?
  • Réponse du 17/03/2022
    • de BORSUS Willy
    La question de l’honorable membre évoque à la fois la maturité des citoyens et celle des entreprises. Je vais m’efforcer de clarifier la situation pour les uns et les autres tout en gardant à l’esprit que celle des citoyens alimente de plusieurs façons celle des entreprises puisque les citoyens sont tantôt des entrepreneurs, tantôt des employés, tantôt des clients.

    Comme elle l’a lu, 28 % des entreprises ne dépassaient pas, en 2020, un score de maturité numérique de 20 sachant que les meilleures atteignaient au mieux 80. Dans le cas des entreprises agricoles et assimilées, le score moyen cette fois était de 19 et de 20 dans l’Horeca. Ces valeurs sont parfois à nuancer. Ainsi, dans ce dernier secteur, sa partie « Hôtel » est nettement mieux cotée avec un score moyen de 35 alors que dans le sous-secteur « café et restaurants » la moyenne n’atteint pas 19. L’AdN mène actuellement une nouvelle campagne d’enquête auprès des entreprises et ces indicateurs devraient pouvoir être actualisés après l’été.

    Pour ce qui concerne les citoyens, l’Agence du Numérique a publié un autre baromètre en 2021 et celui-ci montre que la crise sanitaire a induit indubitablement une progression des usages et des compétences numériques de l’ensemble des citoyens wallons. Elle se traduit par une maturité numérique qui évolue globalement de 46,9 en 2019 à 50,8 en 2021. Au niveau de la fracture numérique, si l’on considère les personnes qui se situent en écart-type en dessous de la moyenne régionale, cette portion de la population s’est réduite de 20,6 % en 2019 à 17,9 % en 2021. C’est donc tout à la fois une tendance positive, mais en même temps cela reste une part conséquente de la population qui reste peu ou pas armée pour vivre et s’épanouir dans une société qui est de plus en plus numérique.

    Cette situation ne peut rester sans réaction au niveau régional et c’est pour cela que dès la fin 2020, le SPWEER et l’AdN m’ont proposé un plan d’inclusion que j’ai cherché, avec le concours de ma collègue Christie Morreale, à opérationnaliser en profitant des financements issus du PNRR et du PRW.

    Dans les faits, tant le SPWEER que l’AdN travaillent déjà activement à sa concrétisation qui se traduira d’abord par un renforcement du dispositif des EPN et par un nouveau souffle dans le dispositif « Formation de base au numérique » et pour lequel l’avant-projet de nouveau décret a déjà été approuvé en deuxième lecture par le Gouvernement en date du 3 février 2022. Le plan ne s’arrêtera pas à cela ; il soutiendra aussi les associations qui sont dès à présent actives dans l’inclusion numérique à destination des séniors, des femmes seules, des migrants, des illettrés, et cetera. De même, un volet nouveau sera développé pour faciliter l’équipement informatique des ménages.

    Ces quatre dispositifs seront soutenus par une communication plus active et plus lisible et en particulier par une meilleure information des acteurs de première ligne tels que les travailleurs sociaux pour qu’ils puissent mieux et plus rapidement orienter les personnes en situation de fracture numérique vers les dispositifs pouvant les aider. En particulier, une cartographie dynamique des tous ces intervenants est déjà en cours d’élaboration avec le concours des Instances Bassin de l’Emploi et de la Formation.

    Enfin, une meilleure coopération sera impulsée entre tous ces acteurs, tant par le partage des compétences et des outils que par une coordination globale du plan et le déploiement d’un évènement rassembleur où tous pourront échanger leurs expertises et nouer les contacts favorisant le renforcement des synergies.

    Du reste, concernant les entreprises, plusieurs programmes sont mis en œuvre par la Région pour combler les retards de digitalisation de certains secteurs d’activités dont notamment, comme elle l’évoque, le commerce et l’HORECA.

    Je ne lui citerai ici que les 4 principaux :
    - le dispositif des chèques-entreprises qui permet aux entreprises de se faire accompagner par des professionnels labellisés dans tous leurs projets de transformation numérique. Les honoraires des consultants sont pris en charge par la Région dans une proportion se situant entre 75 % et 90 % ;
    - le programme Digital Commerce qui a déjà permis de former gratuitement plus 4 000 commerçants wallons au marketing digital et à la vente en ligne ;
    - le programme Industrie du Futur qui accompagne nos industries dans leur conversion à l’industrie 4.0 ;
    - et enfin, Digital Wallonia 4 IA qui permet gratuitement à nouveau, à toute entreprise qui le souhaite de comprendre comment intégrer l’intelligence artificielle à son core business pour atteindre des performances insoupçonnées jusque-là.

    En conclusion, la Wallonie est chaque jour plus active pour apporter à nos citoyens et à nos entreprises les moyens de réduire la facture numérique et de concourir ainsi à un meilleur développement de chacun dans la société d’aujourd’hui et de demain.