/

La lutte contre le harcèlement de rue à travers une application numérique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 307 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 25/02/2022
    • de LEONARD Laurent
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le dimanche 20 février 2022, une manifestation a eu lieu aux abords de la place Saint-Lambert de Liège. Les revendications des manifestantes étaient claires : elles veulent plus de sécurité dans l'espace public ! Ce mouvement, qui fait suite à l'agression et au viol d'une adolescente à Herstal, a mobilisé beaucoup de jeunes femmes réclamant, entre autres, la création d'une application anti-harcèlement de rue.

    En effet, Maud, une des organisatrices, précise qu'une des revendications du mouvement est la création d'une application qui enverrait directement la localisation de la victime à la police. Cette application pourrait, en outre, fournir aux victimes des conseils en matière de suivi psychologique suite à une agression.

    Madame la Ministre a-t-elle déjà pris contact avec des associations dans le but de créer une application qui vendrait en aide aux femmes voire aux membres de la communauté LGBTQIA+ victimes de harcèlement de rue ?

    Serait-il envisageable de mettre sur pied cette application, de communiquer sur son utilisation afin d'aider les victimes qui en ressentiraient le besoin ?
  • Réponse du 24/03/2022
    • de MORREALE Christie
    75 % des femmes belges auraient subi au moins un fait de harcèlement dans l’espace public avant l’âge de 17 ans et environ 55 % avant l’âge de 15 ans. Être interpellée en rue, sifflée, insultée, menacée, suivie, et cetera sont tant d’expressions de harcèlement dans l’espace public auquel chaque femme, quels que soient son âge, sa classe sociale, son origine, sa tenue vestimentaire ou son maquillage, a pu être confrontée dans sa vie. Ces faits de violence sont le reflet d’une société dans laquelle le machisme est profondément ancré et contre lequel je veux lutter.

    Plusieurs applications relatives au harcèlement de rue ont déjà été développées ces dernières années comme « Touche pas à ma pote » ou « The Sorority » qui se basent sur l’entraide entre les personnes utilisatrices de l’application. Plus récemment « App’elles » est une application pour smartphone destinée aux femmes et aux filles, qui leur permet d’alerter en temps réel leurs proches et/ou la police en cas d’agression. D’autre part, il existe aussi l’application 112 qui permet de joindre la police ou les secours et géolocalise la victime.

    Afin de ne pas démultiplier ces initiatives, il me semble préférable d’évaluer l’utilisation des applications existantes et, le cas échéant, de renforcer la communication sur celle qui serait la mieux adaptée aux besoins des victimes de harcèlement de rue.

    Si je ne finance pas encore ce type d’initiative, d’autres actions pour lutter contre ce phénomène ont été mises en œuvre.
    La campagne jagis.be, lancée en mars 2021 en collaboration avec mon collègue Philippe Henry, a été largement diffusée sur les réseaux sociaux et en télévision et affichée sur plus de 200 bus dans les grandes villes de Wallonie.

    Au-delà de cette campagne, effectivement inscrite dans le Plan genre 20-24, ce dernier prévoit des mesures d’aménagement de l’espace public qui visent elles aussi à accroître la lutte contre le harcèlement.

    Par ailleurs, en tant que co-présidente de la CIM Droits des femmes, j’ai fait de cette thématique une priorité de travail. Lors de la CIM du 11 juin 2021, nous avons adopté une stratégie coordonnée pour lutter efficacement contre les ravages du harcèlement sexiste dans l’espace public réel et virtuel, que ce soit par l’engagement des Ministres de la Mobilité ou de l’Aménagement de l’espace public à prendre en compte la dimension du genre pour renforcer le sentiment de sécurité et favoriser la mobilité des femmes, redoubler d’efforts communs pour faire connaître la loi sexisme et lutter contre la banalisation de ce phénomène ; renforcer et mieux visibiliser les services d’aide pour les victimes ou encore dupliquer l’expérience pilote du parquet et de la police de Liège pour lutter activement contre le sexisme en rue. La plupart de ces mesures ont été reprises dans le Plan national de lutte contre les violences de genre adopté par les différentes entités du pays en novembre dernier et seront monitorées dans ce cadre.

    En ce qui concerne la Wallonie, j’ai lancé en juillet 2021 un appel à projets, à hauteur de 200 000 euros, permettant de soutenir des actions du secteur associatif visant à lutter contre le harcèlement sexiste dans l’espace public et le cybersexisme. Sur 27 candidatures, 17 projets ont été retenus.

    Enfin, j’ai également dégagé quelque 40 000 euros pour la réalisation en 2022 d’un projet pilote de responsabilisation des auteurs dans le cadre du harcèlement sexiste dans l’espace public avec l’ASBL Praxis.