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La reprise du secteur technologique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 379 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/03/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le secteur technologique s'attendrait à une hausse de l'activité de 4 %, une augmentation des investissements de 4,5 % à 4,2 milliards d'euros et à créer 7 000 emplois cette année. Une analyse réalisée par la fédération sectorielle Agoria.

    Toutefois, le secteur attire l'attention sur la pénurie de composants, la hausse des prix des matières premières et de l'énergie et la pénurie de main-d'œuvre. Tous ces éléments pourraient avoir un impact négatif.

    Entre ces bonnes perspectives et ces craintes, quelle tendance doit-on croire ? Monsieur le Ministre partage-t-il cette analyse ?

    L'industrie technologique aurait retrouvé son niveau d'activité d'avant la pandémie grâce à une croissance de l'ordre de 6 %.

    Quels autres incitants a-t-il mis en place afin de permettre cette poursuite de l'activité sectorielle ? Comment pallier les craintes de la hausse des prix des matières premières, de l'énergie ?
  • Réponse du 31/03/2022
    • de BORSUS Willy
    Les chiffres publiés par AGORIA, sur la base d’une enquête réalisée auprès de ses membres, sont très clairement encourageants, puisque le secteur technologique a retrouvé son niveau d’activité pré-Covid avec une croissance de l’activité de 6 % en 2021 et que cette croissance s’accompagne d’une création d’emplois en hausse également avec 8 000 emplois créés par le secteur l’année dernière.

    La création d’emplois en 2022 est estimée à 7 000 emplois, dont 1300 emplois (plus ou moins selon la part de chaque Région) concernent la Wallonie.

    Comme l’indique l'honorable membre, pèsent cependant sur cette croissance, des freins importants que sont la hausse du prix des matières premières et de l’énergie, la pénurie de composants (notamment la pénurie de puces électroniques, qui touchent de nombreuses entreprises et particulièrement celles actives dans l’automobile, l’ingénierie mécanique, etc.), mais également la pénurie de main d’œuvre.

    Sur la pénurie de composants, une action européenne sur les semi-conducteurs a été lancée le 8 février dernier, le EU Chips Act, ayant pour objectifs d’assurer la compétitivité, mais également la sécurité d’approvisionnement de l’Europe en la matière en renforcement le leadership de l’UE en matière de recherche et d’innovation, en renforçant les investissements dans les lignes pilotes, la capacité globale de l’UE de production des puces, mais aussi en s’attaquant à la pénurie de compétences.

    À cet effet, une analyse du secteur de la micro-électronique et de son potentiel de développement en Wallonie a été réalisée par la cellule de veille de la SOGEPA en collaboration avec les acteurs de l’écosystème ; l’objectif étant de cartographier les acteurs en présence en Wallonie, d’une part, et de proposer des recommandations et pistes d’actions sous l’angle de la sécurité d’approvisionnement et de la stimulation de l’écosystème wallon, d’autre part. Mon cabinet s’attèle actuellement à analyser ces pistes.

    Concernant l’énergie, il s’agit d’une composante à part entière de la compétitivité des entreprises. Cette problématique n’est donc pas traitée de manière sectorielle, mais bien globale.

    Le prix de la « comodity » c’est-à-dire de l’énergie en tant que telle ne relève pas de la compétence des Régions et n’est tout simplement pas le fait des États. Sa variation est la conséquence de phénomènes conjoncturels et géopolitiques et la seule chose que la Wallonie puisse faire pour juguler l’augmentation de manière concrète serait de verser des primes ou des aides directes aux entreprises. Au vu de la situation budgétaire de la Wallonie au sortir de la crise Covid, laquelle a également fortement impacté les finances publiques, cette solution nécessite néanmoins d’être challengée, à la lueur du cadre temporaire que la Commission européenne vient de mettre en place.

    Il convient également de souligner le fait que la Région wallonne dispose d’ores et déjà de certains mécanismes de soutien à la compétitivité énergétique des entreprises et notamment certaines exonérations de surcharges pour les entreprises électro-intensives, ainsi que le dispositif « carbon leakage » qui porte sur la compensation partielle des coûts supplémentaires de l’électricité causés par le coût des émissions indirectes (prix de la tonne de CO2).

    L'honorable membre parle dans sa question d’incitants et c’est sur ce point qu’il convient d’insister probablement.

    Pour le futur de nos entreprises, je travaille actuellement avec le Ministre de l’Énergie, M. Philippe Henry, à la mise en place d’un nouveau cadre devant inciter les entreprises de toutes tailles à initier des programmes de transition énergétique, visant une réduction des consommations (isolation, process, etc.), car c’est le seul levier structurel crédible et efficient à disposition de la Région.

    Les accords de branche de troisième génération, accompagnés d’une série d’autres outils tels que les aides UDE, les dispositifs Easy’green et WalEnergie, ainsi que la mobilisation du Fonds wallon Kyoto, devront permettre à la Région d’accompagner financièrement et techniquement les entreprises de toutes tailles dans le cadre de leur transition énergétique, laquelle doit avoir un impact positif sur leur consommation et donc leur compétitivité, mais également sur leur empreinte climatique.

    Parmi les incitants wallons qui concernent le secteur technologique, on peut également mettre en évidence le soutien à la recherche et au développement, qui permet à notre industrie de rester à la pointe du progrès et de se positionner en leader technologique, avec l’octroi d’importantes aides à la R&D. Rappelons le lancement récent d’un important appel à projets dans le cadre du PNRR visant précisément la décarbonation de l’industrie.

    Face aux difficultés d’approvisionnement et à la hausse des coûts des matières premières et composants, le choix fait par certaines entreprises consiste également à revoir la gestion de leur stock et à davantage anticiper leurs besoins. Dans ce cadre, les outils économiques régionaux que sont la SRIW, la SOWFALIN et la SOGEPA restent les interlocuteurs privilégiés pour accompagner les entreprises dans leurs besoins financiers.

    Enfin, pour en revenir au soutien à la recherche et au développement technologique, notons la nouvelle stratégie de spécialisation intelligente, également connue sous la terminologie S3 ou RIS3. Afin d’éviter le saupoudrage des moyens, 5 domaines d’innovations stratégiques ont été identifiés qui concentreront minimum 75 % des moyens de R&D.

    Pour chacun de ces domaines, des feuilles de route ont été définies qui reprennent les défis rencontrés par la Wallonie et les ambitions et objectifs auxquels la Région veut répondre.

    Dans ce cadre, nous avons finalisé un appel à manifestation d’intérêt. 20 initiatives d’innovation stratégique ont été sélectionnées, présentant une masse critique d’acteurs et de projets permettant de concrétiser les ambitions fixées dans les feuilles de route des 5 Domaines d’innovation stratégiques.

    Ces initiatives recevront un accompagnement privilégié par l’administration et les pôles de compétitivité et des moyens complémentaires ont été dégagés pour faciliter leur mise en œuvre. On retrouve par exemple des projets relatifs aux matériaux circulaires, à la cybersécurité, à l’intelligence artificielle.

    En outre, certains secteurs technologiques seront spécifiquement soutenus tels que le secteur spatial, le secteur de la défense et le secteur biotech / medtech, afin de consolider le potentiel de ces secteurs en Wallonie.

    Des moyens sont également prévus pour aider les entreprises technologiques dans le cadre de la transition digitale à laquelle elles doivent prendre part pour rester compétitives.

    On l'aura compris, au vu de l’enchaînement d’évènements dramatiques (Covid, inondations, guerre en Ukraine), le temps n’est pas à la mitigation, mais bien à l’apport de solutions structurelles. C’est cela que je vise à travers notamment les mesures décrites ci-dessus.