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L'impact de l'inflation de l'énergie et des matières premières sur le secteur de la bière

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 381 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 03/03/2022
    • de HARDY Maxime
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'inflation liée à la pandémie a commencé à impacter le secteur de l'alimentation. Parmi les denrées se trouve la bière.

    Nous pouvons évoquer les récentes déclarations d'un géant brassicole néerlandais ayant fait part de son intention de relever ses prix en réaction à la hausse de ses coûts en matières premières, transport, énergie, et matériaux d'emballage, risquant de voir son volume écoulé diminuer.

    Quelques jours auparavant, un acteur danois de la pils avait également annoncé une augmentation prochaine de ses tarifs pour les mêmes raisons.

    En Belgique, tout indique également que les boissons houblonneuses coûteront prochainement plus cher au consommateur. La Fédération des Brasseurs belges listait récemment des causes pour lesquelles le prix de la bière augmentera inéluctablement : hausse du malt de 50 %, forte croissance de la demande d'emballage en carton, augmentation du prix du métal destiné aux cannettes… exposant les brasseurs à une pression sur leur rentabilité et qui pourraient entraîner une hausse du prix de la bière.

    La Fédération HORECA de Bruxelles a d'ailleurs récemment indiqué avoir été avertie par les distributeurs d'une augmentation prochaine de 4 à 6 %.

    Malgré des tarifs stables à ce jour, la Fédération estime cependant que cette inflation pourrait atteindre 18 à 20 % les prochains mois, contraignant le secteur à la répercuter sur les consommateurs et provocant une diminution de la consommation, alors que le secteur HORECA a déjà grandement souffert de la crise sanitaire.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il d'informations quant à une augmentation prochaine du prix de la bière et à son impact sur l'HORECA en Wallonie ?

    Le Gouvernement entend-il mettre en œuvre des mesures de soutien au secteur pour lui permettre de faire face à une baisse de consommation qui en découlerait ? Dans l'affirmative, quelles sont-elles ?
  • Réponse du 31/03/2022
    • de BORSUS Willy
    Concernant le prix des matières premières, les prix de l’orge sont alignés sur ceux du blé, ils suivent les mêmes tendances. Ceci explique que même si, une rupture d’approvisionnement ne concerne pas l’orge, ses prix augmentent.

    L’orge de brasserie n’a cependant pas suivi les mêmes envolées spectaculaires que celles du blé. L’augmentation est, néanmoins, constante depuis le début de la guerre en Ukraine. En conventionnel, les prix ont commencé à 335 euros/t au 1er jour de l’invasion russe pour atteindre 340 euros/t fin février. Depuis le 1er mars les prix sont passés de 340 euros/t à 420 euros/t le 25 mars 2022.
    En moyenne mensuelle, on obtient 316 euros/t pour le mois de février et 375 euros/t entre le 1er et le 25 mars 2022. Soit une augmentation de 16 %.

    Depuis la mise en place du plan stratégique 2017-2027 sur l’orge brassicole, le collège des producteurs encadre la filière d’orge de brasserie en collaboration avec le « POB asbl » (Promotion de l’Orge de Brasserie), le CEPICOP, Biowallonie et le CRA-W afin de promouvoir l’utilisation d’orge local rémunérateur pour les producteurs.

    Les principaux acteurs de la chaine de valeur de la filière brassicole du POB ont été contactés afin d’obtenir un retour sur leur vécu de la crise à l’heure actuelle.

    Il ressort, principalement, une augmentation très importante des coûts énergétiques.

    Chez les agriculteurs, cela se traduit surtout par une difficulté d’approvisionnement en engrais azotés. En effet, les plus grosses sociétés productrices sont aux mains d’oligarques russes. Ces derniers, étant sous le coup de sanctions, ne peuvent plus piloter leurs sociétés comme en temps normal. Les stokeurs sont confrontés à des difficultés de gestion de leurs clients. La stabilité commerciale a disparu. Pour les malteurs et les brasseurs, outre les prix énergétiques et les difficultés d’approvisionnement en matières premières, la perte de certains marchés comme l’Ukraine, la Russie et la Biélorussie vient s’ajouter aux difficultés. Le pouvoir d’achat des consommateurs diminuant, les brasseurs s’inquiètent également de la diminution de consommation de produits dits « de loisir » comme la bière.

    Concernant l’impact de l’augmentation du prix des matières premières et de l’énergie, je tiens à rappeler que le secteur de l’HORECA est l’un des secteurs qui ont été le plus touchés par la crise liée au Covid-19 et les différentes restrictions qui ont décidées ces deux dernières afin de contrer la pandémie. À peine la reprise installée, le secteur de l’HORECA doit maintenant faire face à une hausse qui se traduit dans quatre principaux secteurs : la hausse du prix des matières premières et les augmentations de prix annoncées par les brasseurs en suite de cette hausse, la hausse des prix de l’énergie, mais également la hausse des charges de loyers et de personnel, dans un contexte d’inflation annoncé à 6,2 % pour l’année 2022 selon les dernières prévisions établies par le Bureau du Plan. Eu égard à ces différents éléments, la Fédération HORECA estime en effet qu’une augmentation des prix est inévitable.