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La qualité de vie des résidents en maison de repos

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 323 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 07/03/2022
    • de BELLOT François
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    750 000 personnes de +85 ans en Belgique en 2050 seront attentives à leur qualité de vie. Les seniors recherchent à vivre qualitativement. Il faut contrer l'approche réductrice de leur prise en charge. Or, le format des maisons de repos est trop souvent celui des hôpitaux, bien loin de l'approche humaine indispensable.

    Le confort de vie doit être synonyme du contrôle de sa vie. Ceci semble compliqué à réaliser dans des établissements tels qu'on les connait pour l'instant.

    Selon les besoins et modèles actuels, il faudrait construire une maison de repos de 90 lits toutes les deux semaines jusqu'en 2050.

    Que pense Madame la Ministre de l'urgence d'établir des alternatives sensées ? Des expériences pilotes sont menées dans des maisons de repos belges selon le modèle suédois « Tubbe » qui permet aux résidents de choisir leur façon de vivre.

    Comment prendra-t-elle en considération les résultats de ces projets ?

    Quel potentiel leur attribue-t-elle en Région wallonne ?

    Les formations du personnel à l'encadrement des seniors pêchent aussi et ne représentent que 4 % des formations qui ne visent que des savoirs techniques, éloignés de l'approche relationnelle souhaitée.

    Quelles formations adaptées à la relation résidents/personnel en vue de favoriser la santé veut-elle mettre en place dans un bref délai ?

    L'âgisme doit être enrayé puisqu'il engendre un recours aux médicaments quasi systématique. Travaille-t-elle à lutter contre ces mœurs ?

    Le Danemark a remplacé ses maisons de repos par de petites unités et soins à domicile. Nos habitats groupés intergénérationnels ne sont pas une réponse complète.

    Estime-t-elle le modèle « sans maison de repos » transposable en Wallonie ? Si oui, selon quelles mesures soutiendra-t-elle ? Si non, pour quelles raisons ?

    Les soins à domicile sont remboursés par le Fédéral alors que les soins résidentiels le sont par les Régions. Identifie-t-elle des obstacles relatifs aux choix des seniors dans cette réalité ?
  • Réponse du 12/04/2022
    • de MORREALE Christie
    L’honorable membre évoque l’évolution démographique à l’horizon de 2050, en mentionnant que la population de 85 ans et plus est estimée à 750 000 personnes. Il me paraît important, comme il le souligne, d’anticiper l’évolution et, à tout le moins, de suivre l’expression des attentes et des besoins de la population.

    Les initiatives Tubbe font effectivement l’objet d’une attention toute particulière avec un accompagnement des établissements et une évaluation en continu. Il s’agit d’initiatives fondées sur la qualité, laquelle ne se décrète pas et requiert l’adhésion des parties prenantes.

    D’autre part, l’exemplarité est un autre moteur indispensable à l’extension de telles initiatives pour que d’autres s’y lancent. Leur potentiel est donc intimement lié à une dynamique participative de la part des opérateurs.

    Il est également question de diversifier les modèles pour mieux correspondre aux attentes et aux besoins qui ne sont pas uniformes, d’autant plus dans un laps de temps plus long comme l’horizon qu’il dessine. L’adaptation des politiques sur la base de leur évaluation est donc indispensable : le cadre juridique doit donc être soutenant plus que contraignant, sauf en ce qui concerne les droits fondamentaux qui constituent une obligation, quels que soient le cadre et le contexte.

    Les travaux qui ont débuté à ma demande suite à la publication consacrée aux établissements ORPEA, montrent l’importance de la formation continue de toutes les fonctions dans les établissements. Cette formation continue doit aussi intégrer la supervision et l’intervision des équipes : la crise Covid nous a éclairés sur la nécessité d’apporter ces supports aux équipes, lorsqu’elles ont été confrontées aux nombreux décès liés à la pandémie. Il s’agit d’un moyen visant à prendre en compte la pression exercée sur les fonctions de soins et à permettre à ces professionnels de situer leur pratique professionnelle, pour mieux l’appréhender et faire face au quotidien, sans perdre le sens des actes et garder le recul nécessaire à une prise en charge de qualité.

    L’âgisme entraînant un recours quasi systématique aux médicaments n’est pas acceptable. La collaboration entre les gériatres et la médecine générale plus intensive serait de nature à réduire ce recours aux médicaments. Les initiatives non médicamenteuses doivent être privilégiées : certaines ont fait l’objet de soutien de la part de la Wallonie, notamment dans le cadre du Plan Alzheimer dont l’héritage se traduit notamment dans la mise en place et la formation de référents démence en cours.

    L’honorable membre fait référence au Danemark, aux petites unités de vie avec des soins à domicile et à une Wallonie qui serait « sans maison de repos » : c’est une belle utopie qui nécessiterait une analyse et une transition importante, car notre communauté est fondée sur une autre histoire collective. Par ailleurs, l’organisation des soins à domicile relève de l’autorité fédérale. Le personnel des établissements devrait être concerté, car c’est un changement conséquent à leur niveau. Le passage à un modèle de type danois nécessiterait donc beaucoup de changements tant culturels qu’organisationnels ou encore en termes institutionnels.

    La différence de financement des soins à domicile par le Fédéral et des soins résidentiels par le régional a un impact essentiellement sur la gestion des budgets, des cadres juridiques ou des mesures administratives à l’égard des professionnels, mais pour les citoyens, le canal est toujours le même dès lors qu’il passe par la mutuelle. Le front office est identique, c’est le back office qui est différent. Il n’y a donc pas d’obstacle pour le citoyen.