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Les stéréotypes de genre en matière d'emploi

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 332 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 07/03/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Un premier pas important a été franchi, avec la grande réforme du marché du travail, validée par le Gouvernement fédéral.

    Cet accord constitue une base équilibrée, qui permet de faire entrer notre pays dans la modernité du marché du travail, sans tomber dans l'excès et l'exploitation.

    Mais des progrès importants doivent encore être réalisés. Les femmes, notamment dans les familles monoparentales, sont pénalisées par la faiblesse de l'offre d'accueil extrascolaire dans des créneaux horaires plus tardifs. La réforme du travail ne doit pas se contenter d'améliorer le taux d'emploi, elle doit aussi tout mettre en œuvre pour permettre aux femmes d'accéder à toute une série d'emplois, notamment des postes à responsabilité.

    Quelle est l’analyse de Madame la Ministre ? En a-t-elle discuté avec ses collègues compétents ?

    Au sein de la Conférence interministérielle, des actions concrètes ont pu être dégagées sur le plan de l'égalité hommes-femmes au travail, au niveau de l'orientation professionnelle et de la formation, quelles actions peuvent-elles être menées pour s'assurer que les femmes seront bien représentées au sein de cette réforme ?

    Madame la Ministre citait justement « la ségrégation horizontale du marché du travail, c'est-à-dire le fait de trouver des proportions très différentes de femmes et d'hommes dans certains secteurs d'activité, est vectrice d'inégalité et source d'un véritable problème économique aujourd'hui. Au vu des enjeux liés à la pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs, il est essentiel de mettre sur pied de nouvelles stratégies d'intégration des femmes dans les métiers en pénurie et d'avenir, de manière à lutter contre les nombreux freins qui les empêchent d'y accéder ».

    Comment y remédier tout en soutenant la réforme du marché du travail et pouvoir y intégrer toutes les demandes liées au statut des femmes ?

    Quel est l'état de la question ?
  • Réponse du 14/04/2022
    • de MORREALE Christie
    Mon collègue, Pierre-Yves Dermagne, Vice-Premier ministre et ministre fédéral de l’économie et du travail a permis d’adopter, en février dernier, un accord important sur la réforme du marché du travail validé par le Gouvernement fédéral. Il a pris soin de réunir à plusieurs reprises une conférence interministérielle (CIM) en matière d’emploi au sein de laquelle des échanges ont pu avoir lieu entre les différents niveaux de pouvoirs sur les différents enjeux, en ce compris ceux concernant les droits des femmes.

    En tant que Présidente de la CIM Droits des femmes à l’époque, j’y ai plaidé pour adopter une approche rigoureuse de « gendermainstreaming » dans l’élaboration de nouvelles mesures en matière d’emploi. Chaque niveau de pouvoir y est d’ailleurs contraint par sa propre règlementation.

    Par ailleurs, au sein de la CIM Droits des femmes, j’ai voulu aborder comme priorité de travail la thématique de la représentation équilibrée des hommes et des femmes dans tous les secteurs professionnels. La question de la lutte contre la ségrégation horizontale dans certains secteurs professionnels y a été transversale.

    En effet, nous devons prendre cette dimension en considération avec sérieux, notamment dans le cadre de nos plans de relance respectifs, largement orientés vers des secteurs d’activité très masculins (construction, énergie, STEM/TIC, métiers verts, économie circulaire …).

    Outre la question d’égalité entre les sexes, cette situation est également source d’un véritable problème économique. Selon AGORIA, à politique inchangée et en l’absence de nouvelles mesures, 584 000 postes vacants dans le secteur des STEM ne seront pas comblés en 2030 en Belgique.

    Il a été estimé que si davantage de femmes entraient sur le marché de l’emploi numérique, cela pourrait créer une augmentation annuelle de 16 milliards d’euros du PIB pour l’économie européenne.

    Du point de vue de l’égalité des femmes et des hommes, il y a lieu d’éviter que nos plans de relance ne creusent les différences entre hommes et femmes sur le marché du travail, ainsi que les inégalités en termes d’accès aux ressources, d’indépendance économique et de précarité.

    Il s’agit d’un véritable défi : il faut faire voler en éclats la ségrégation horizontale, agir sur l’image des métiers, lutter contre les discriminations et le sexisme au travail, assurer la participation des femmes aux postes de décisions…

    De manière ciblée, sous mon impulsion, le Gouvernement wallon a décidé, en septembre 2021, de mettre en place une stratégie wallonne d’intégration des femmes dans le secteur de la construction. Cette stratégie intègre différentes actions, dont une forte sur l’image des métiers afin d’assurer une représentation active des femmes dans les campagnes de communication. Par ailleurs, toutes les offres d’emploi dans le secteur seront féminisées. Je cofinancerai une campagne de promotion des métiers de la construction à hauteur de 100 000 euros en 2022, et financerai des actions genre dans le cadre de la stratégie d’intégration des femmes dans le secteur, à hauteur de 46 500 euros en 2022 sur les crédits du Plan de relance de la Wallonie.

    Par ailleurs, le Plan genre wallon 20-24 prévoit douze mesures promouvant l’emploi et la formation des femmes, dont notamment des actions pour réduire la fracture numérique (mesure 28), soutenir l’auto-création d’emploi (mesure 34), soutenir et booster l’entrepreneuriat social au féminin (mesure 43) ou encore réviser la règlementation des aides à la formation afin d’augmenter la représentation des travailleuses dans les formations continuées (mesure 32). Une intervention dans les frais de crèche et de garderie des enfants des chefs de famille monoparentale, dont 80 % ont à leur tête une femme, accompagnés par un conseiller de référence ou entamant un parcours de formation non encore couvert par cette intervention est également prévue (mesure 31). Un montant de 1 250 000 euros est dégagé dès 2022 pour cette politique dans le cadre du plan de relance de la Wallonie.

    Enfin, en collaboration avec le Ministre-Président wallon, Elio Di Rupo, j’ai également entamé une réflexion pour augmenter la représentation des femmes dans les postes à responsabilité tant au sein de l’administration wallonne que dans les Conseils d’administration des UAP.