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La problématique des conducteurs fantômes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 240 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 07/03/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Il y a un peu moins d'un an, la SOFICO inaugurait le premier dispositif anti-conducteurs fantômes sur les autoroutes wallonnes. Le concept est relativement simple : lorsqu'un automobiliste s'engage à contresens sur l'autoroute, les autres conducteurs en sont avertis par le clignotement inhabituel des lampadaires éclairant la chaussée.

    Chaque année, la police fédérale recense entre 350 et 400 conducteurs fantômes sur les autoroutes belges. Et selon l'Institut Vias, on a dénombré 122 accidents causant 242 blessés et 27 décès sur les dix dernières années. Dans 8 cas sur 10, le conducteur est en tort.

    79 % des conducteurs fantômes impliqués dans un accident sont des hommes. Les chiffres officiels indiquent également que le pourcentage de conducteurs fantômes qui étaient sous l'influence d'alcool au moment de l'accident est particulièrement élevé (43 %) comparativement à la proportion observée parmi l'ensemble des conducteurs (8 %).

    Près de 57 % des accidents avec conducteurs fantômes ont en effet lieu en journée.

    En Wallonie, selon le groupe Luwa, un conducteur fantôme est signalé en moyenne tous les trois jours et les accidents impliquant un conducteur fantôme sont 7,5 fois plus mortels. Les chiffres démontrent que cela se déroule plus en journée. Le dispositif prévu sera-t-il suffisant ?

    Ce dispositif doit équiper près de 300 bretelles d'autoroute d'ici 2023. Combien de bretelles d'autoroute seront-elles effectivement équipées d'ici 2023 ?

    Des facteurs environnementaux tels que la présence d'une mauvaise signalisation ou d'un marquage inexact désorientent les conducteurs. Existe-t-il un plan de remise en ordre des signalisations ou des marquages des autoroutes ? Est-il en cours ?

    Quelles autres actions Madame la Ministre compte-t-elle mettre en œuvre pour éviter les conducteurs fantômes ?
  • Réponse du 28/03/2022
    • de DE BUE Valérie
    Les conducteurs fantômes ou plus exactement les conducteurs roulant à contresens constituent un enjeu qui fait l’objet d’une attention soutenue et continue de l'administration des routes et de la Police.

    Sur les autoroutes de Wallonie, on dénombre en moyenne 5 à 6 accidents corporels par an impliquant des conducteurs fantômes. Ces accidents sont beaucoup plus graves que les autres puisqu’ils occasionnent en moyenne quasiment 2 tués par an. La gravité des accidents impliquant un conducteur fantôme est ainsi 6 fois plus importante que la gravité moyenne des accidents sur les autoroutes en Wallonie.

    Ces données chiffrées sont relativement constantes depuis une dizaine d'années.
    Les accidents impliquant des véhicules « fantômes » sont assez rares, au regard du nombre de conducteurs fantômes signalés. Un conducteur à contresens sur autoroute est signalé quasiment tous les 2 jours.

    La plupart des accidents se déroulent de nuit et le conducteur fantôme est très souvent seul dans le véhicule. Près de 60 % des conducteurs roulant à contresens et ayant pu être testés pour l'alcool sont positifs.

    Selon une étude couvrant la période 2008-2017, 70 % des tués et 35 % des personnes blessées dans un accident impliquant un conducteur fantôme étaient des occupants du véhicule « fantôme ».

    En Wallonie, un ensemble de mesures s'inscrivant dans une démarche structurée est mis en œuvre pour éviter les véhicules à contresens. Cela passe par la géométrie des carrefours et des accès au réseau autoroutier, la séparation des entrées et sorties, une configuration claire en cas de chantier, la signalisation dont le signal « main stop », etc.

    Il s'agit d'actions préventives efficaces sur le long terme qui se font en correspondance avec les règles de bonnes pratiques européennes discutées notamment en groupe de travail à la Conférence européenne des Directeurs des routes (CEDR).

    Par ailleurs, des mesures sont également prises afin de détecter un véhicule à contresens et afin d’avertir rapidement les usagers de la route de la présence d’un conducteur fantôme sur un tronçon. En Wallonie, dès que le centre PEREX est informé de la présence d'un conducteur fantôme, notamment au travers du partenariat avec COYOTE, l'information est diffusée sans délai par les médias.

    L’information peut également être communiquée via les panneaux à affichage variable présents sur les autoroutes, le système COYOTE (messages envoyés sur les écrans des membres) et l'éclairage clignotant deviennent clignotants dans la zone concernée qui est une innovation du Plan Lumière 4.0.

    Pour rappel, le Plan Lumières 4.0 prévoit l’installation de caméras permettant de détecter les éventuels conducteurs fantômes sur les bretelles d’autoroute. Ainsi, lorsqu’un véhicule s’engage à contresens sur une bretelle, l’éclairage se met instantanément à clignoter afin d’avertir le conducteur à contresens ainsi que les conducteurs venant dans le bon sens de la présence d’un danger. Simultanément, une alerte est envoyée au centre PEREX afin de traiter au mieux l’incident.

    Près de 300 bretelles sur les 450 que compte le réseau structurant seront effectivement équipées de ce système d’alerte lumineuse dans le courant de l’année 2023.

    Confrontées à cette situation critique, les consignes à tout un chacun peuvent être formulées comme suit :
    En cas de conducteur fantôme annoncé dans votre direction, modérez votre vitesse et serrez votre droite en évitant d'effectuer un dépassement. Arrivé à sa hauteur, vous pouvez donner un coup de klaxon ou un appel de phare. Après l’avoir croisé, arrêtez-vous sur la bande d’arrêt d’urgence et signalez-le à la police en localisant précisément le lieu où vous vous trouvez. Si vous êtes le conducteur fantôme, roulez lentement, allumez vos feux de croisement et vos feux de détresse, et, surtout, serrez votre droite ! Il s'agit ensuite de s’arrêter de préférence dans un raccordement transversal sur votre droite ou, à défaut, le plus à droite possible, abandonner le véhicule pour vous mettre en sécurité derrière les barrières de sécurité et y appeler les secours. La police vous aidera à manœuvrer afin de vous remettre dans le bon sens de circulation.

    De nombreuses mesures sont donc mises en place à la fois pour éviter le phénomène des conducteurs fantômes et pour agir rapidement en cas de survenance afin d’assurer la sécurité des usagers.