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L'étude sur la qualité de l'air en Wallonie suite aux résultats inquiétants d'une enquête scientifique menée en Région bruxelloise

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 392 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 07/03/2022
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Début février, un rapport élaboré par les 19 communes bruxelloises et Bloombergs Philanthropies présentait une étude sur la qualité de l'air en Région bruxelloise.

    Sans véritable surprise, les résultats sont extrêmement inquiétants ! Toutes les écoles où Bruxelles Environnement et l'ASBL Les Chercheurs d'Air ont mené leur étude sur la qualité de l'air présentent une concentration en dioxyde d'azote (NO2) supérieure aux recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé.

    Pour Pierre Dornier, Président de l'ASBL Les chercheurs d'Air : « Les enfants, dont l'organisme est en développement, sont particulièrement vulnérables à cette pollution. Il n'est ni normal ni acceptable qu'autant d'établissements scolaires soient exposés à des concentrations en NO2 dangereuses pour la santé. D'autant plus que le dépassement est conséquent ! »

    Le record revient à l'Université Saint-Louis, boulevard du Jardin botanique, et ses 52 microgrammes par mètre cube, soit plus de cinq fois au-dessus de la limite conseillée par l'OMS.

    À partir de l'exemple bruxellois et de ses résultats inquiétants, Madame la Ministre envisage-t-elle de commander des études relatives à la qualité de l'air à proximité des écoles dans les grandes villes wallonnes que sont Liège, Charleroi, Namur, Mons, voire d'autres sites d'enseignement ?

    Quelle est son analyse de la situation en Wallonie ? Dispose-t-elle d'ores et déjà de certains chiffres rassurants et récents ? Ou, au contraire, faute d'enquête scientifique, la Wallonie peut-elle garantir un environnement de qualité à ses écoliers et enseignants ?

    Quelles initiatives va-t-elle prendre pour objectiver la situation dès lors que le Ministre Daerden m'a renvoyé vers elle pour les écoles en Wallonie ?
  • Réponse du 13/04/2022
    • de TELLIER Céline
    L’association « Les chercheurs d’air » en collaboration avec Bruxelles environnement a effectivement mené une étude importante sur l’exposition au dioxyde d’azote (NO2) en région bruxelloise. Cette étude qui a comporté 134 sites de mesures (dont 67 écoles) s’est déroulée sur un an d’octobre 2020 à octobre 2021. Les résultats indiquent que la valeur limite européenne, 40 µg/m3, est respectée dans 132 sites sur 134 (98,5 %), les deux sites en dépassement étant deux points de mesure situés sur la petite ceinture bruxelloise et donc fortement soumis aux émissions du trafic, la concentration maximale est de 52µg/m3.

    En Wallonie, des campagnes de mesure sont réalisées dans les grandes villes. Depuis 2015, environ 50 tubes passifs sont déployés à Namur et mesurent en continu les concentrations de NO2 dans les endroits sensibles de la ville. En 2021, aucun tube n’y dépassait la valeur limite européenne. Liège et Charleroi ont également fait l’objet de campagnes de mesures récentes. Ces campagnes ont visé particulièrement les hot-spots à proximité des axes de circulation très fréquentés et incluent des abords d’école.
    A Liège, 50 tubes passifs ont été déployés en 2019-2020 (avant le confinement), et 30 en 2021. 14 dépassements ont été enregistrés, dont 9 en 2021. Il faut toutefois noter que la campagne de 2021 ne se focalisait pas sur toute une année de mesure, ce qui est préconisé pour la comparaison au seuil de l’OMS, mais sur 3 mois de campagne.

    A Charleroi, 75 tubes passifs ont également été déployés à proximité du trafic en 2020 et 2021. En 2021, 4 sites de mesure enregistraient des concentrations supérieures à la valeur limite européenne., à proximité de boulevard (2), tunnel (1) ou carrefour (1).

    Une campagne menée en 2021 dans le cadre d’un projet Interreg a également mesuré pendant 2 mois les concentrations de 70 sites de fond (rural et péri-urbain) répartis sur l’ensemble de la Wallonie.
    Ces différentes campagnes de mesure ont mis en évidence des dépassements de la valeur limite européenne.

    Ces campagnes de mesures permettent également de valider scientifiquement chaque année les résultats de cartographie de la pollution, réalisée grâce au modèle Atmostreet à très haute résolution à l’échelle de la Wallonie. La validation menée suit les prescriptions du centre de recherche européen, le JRC. Grâce à cet outil, les dépassements sont connus en tout point du territoire, et non seulement aux points de mesure. Ces cartographies sont disponibles au public pour les années 2016 à 2020 sur le site de la cellule CELINE.

    Pour les actions plus spécifiquement axées sur le milieu scolaire et dans le cadre du Plan ENVIeS, l’AWAC et la CPES ont supervisé le projet « AIR-ECOLE » qui a été mené par l’Institut Scientifique de Service public (ISSeP), en collaboration avec les Services d’analyse des milieux intérieurs (SAMI) provinciaux et l’ASBL Hypothèse. Le projet s’est inscrit dans vingt écoles wallonnes réparties sur tout le territoire (40 % en zones urbaines, 25 % en zones périurbaines et 35 % en zones rurales). Il s’agissait notamment d’identifier les sources potentielles d’émissions intérieures et extérieures lors d’une visite des bâtiments et de ses alentours. Il a impliqué des mesures de polluants tels que COVs, NO2, aldéhydes et CO2. Ces mesures, réalisées en octobre 2019, ont indiqué que la qualité de l’air extérieur autour de ces vingt écoles rencontre les critères de qualité (COVs et NO2). Au niveau de la qualité de l’air intérieur, les concentrations en NO2 mesurées dans les écoles sont inférieures aux critères de qualité proposés dans le guide AD’AIR.

    Toujours dans le cadre du Plan ENVIeS, deux projets successivement menés par l’ISSeP ont permis d’initier une réflexion en ce qui concerne la gestion du trafic dans leur centre urbain. Ces projets ont été réalisés en collaboration avec deux villes volontaires ; à savoir Namur et Eupen.

    La première étude (2ZBE) a permis de produire des cartes à très haute résolution des concentrations en polluants en fonction des types de véhicules qui pourraient être amenés à être exclus des centres-villes en vue d’y établir des « zones de basse émission » (ZBE). Ces cartes restaient « statiques », donnant une photographie de la configuration actuelle des villes de Namur et Eupen. L’instauration d’une ZBE est généralement couplée à une série de mesures urbanistiques ou de mobilités complémentaires. On pense naturellement au Plan de mobilité, mais cela recouvre également les aménagements urbanistiques autour d’écoles.

    Le second projet vise à faire évoluer le modèle actuel afin de le rendre « dynamique » en y incluant une « Etude Intelligente Dynamique du Trafic » (EDIT). En effet, lorsqu’une route est fermée, par exemple, le trafic est détourné et peut avoir une influence sur l’ensemble des zones environnantes. Le projet vise à développer un outil incluant une modélisation dynamique des flux du trafic routier pouvant servir aux villes d’outil d’aide à la décision pour orienter leurs choix urbanistiques et de mobilité. Cet outil permettra également de mieux contrôler l’influence délétère du trafic urbain à proximité d’établissements scolaires.

    Par ailleurs, de nouveaux objectifs en la matière seront définis dans le cadre de la révision du Plan Air-Climat-Énergie (PACE) actuellement en cours.